Aviation
Air France s’envole vers la privatisation
D’ici la fin 2002 ou début 2003 la compagnie nationale aérienne Air France devrait être largement privatisée, la part de l’Etat français passant de 54,4% à moins de 20%. Au cours boursier actuel, le gouvernement Raffarin devrait en retirer 1 milliard d’euros.
Dans la liste des entreprises privatisables Air France figurait en bonne place et le gouvernement français a annoncé la mise sur le marché, dès que les conditions du marché le permettront, d’une deuxième tranche significative du capital de la compagnie aérienne. En février 1999 l’ouverture du capital au privé ramenait la part de l’Etat à 55% et après cette nouvelle opération devrait passer à moins de 20% du capital.
Au cours actuel Air France «vaut» 3 milliards d’euros et le gouvernement pourrait donc en retirer 1 milliard d’euros. Le ministère des Finances manifeste toutefois la plus grande prudence car, si la santé financière d’Air France est bonne, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la conjoncture est en revanche mauvaise, dans le secteur boursier en général et le transport aérien en particulier. Introduite en février 1999 à 14 euros l’action Air France valait, quelques heures avant l’annonce de la deuxième ouverture du capital, 13,69 euros, pour remonter à 14,44 euros à cette annonce. Cotée aux environs de 20 euros tout au long de l’année 2001, l’action s’est effondrée en dessous des 10 euros après le 11 septembre pour connaître, depuis, l’évolution assez erratique de l’ensemble des cours boursiers.
Pourtant Air France, troisième compagnie mondiale pour le transport international passagers et quatrième pour le fret, résiste plutôt mieux que bien d’autres à la crise. Le bénéfice d’exploitation est de 235 millions d’euros au dernier exercice, là où British Airways accuse un déficit et Lufthansa un tout petit équilibre. La compagnie française dispose d’une flotte de 373 avions, assure 1 700 vols quotidiens sur 200 destinations dans 85 pays et emploie plus de 70 000 salariés.
Bijoux de famille
Les salariés d’Air France, justement, sont détenteurs de 13% du capital et leur avis sera déterminant pour la suite des opérations. En 1998, une grève dure du personnel avait momentanément retardé la première ouverture du capital. Depuis cette date les esprits semblent avoir évolué car, sous réserve de certains garanties, certaines organisations syndicales représentant les pilotes et les cadres se déclarent favorables à cette privatisation. Les garanties portent sur l’emploi, les conditions de travail, les rémunérations.
En revanche, CGT et CFDT dénoncent le caractère idéologique, voire dogmatique, de cette privatisation par le gouvernement issu des élections de juin dernier. De fait, pour ces organisations, la privatisation ne présente pas d’intérêt pour la compagnie et relève de la vente des «bijoux de famille» pour éponger les déficits budgétaires. La CFDT souligne notamment que Air France tout en étant une entreprise où l’Etat est majoritaire a su investir, résister à al crise et nouer des alliances avec d’autres compagnies privées. C’est le cas des alliances commerciales dites Skyteam avec Aero Mexico, Delta Airlines, Korea Air Alitalia et Czech Airlines.
Outre la préférence libérale pour l’entreprise privée le gouvernement Raffarin est confronté à des délicats arbitrages budgétaires afin de remplir les promesses électorales de jacques Chirac, notamment en matière de sécurité et de justice. La mise sur le marché des parts encore détenues par l’Etat dans les entreprises Renault (25%), Crédit Lyonnais (9,5%), France telecom (55,5%) ou Thomson Multimédia (21%) lui donneraient un ballon d’oxygène appréciable. A condition que les place financières se redressent dans les mois qui viennent.
Le procédé n’est pas nouveau et donne à chaque fois lieu à polémique de la part du camp politique adverse : entre 1997 et 2001 le gouvernement socialiste de Lionel Jospin a tiré 27 milliards d’euros des privatisations tandis qu’entre 1993 et 1997 les gouvernements de droite en avaient retiré plus de 22 milliards d’euros.
A écouter :
Dominique Thierry, journaliste à RFI, analyse la décision du gouvernement. (Invité de la rédaction le 30/07/2002, au micro de Caroline Paré)
Au cours actuel Air France «vaut» 3 milliards d’euros et le gouvernement pourrait donc en retirer 1 milliard d’euros. Le ministère des Finances manifeste toutefois la plus grande prudence car, si la santé financière d’Air France est bonne, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la conjoncture est en revanche mauvaise, dans le secteur boursier en général et le transport aérien en particulier. Introduite en février 1999 à 14 euros l’action Air France valait, quelques heures avant l’annonce de la deuxième ouverture du capital, 13,69 euros, pour remonter à 14,44 euros à cette annonce. Cotée aux environs de 20 euros tout au long de l’année 2001, l’action s’est effondrée en dessous des 10 euros après le 11 septembre pour connaître, depuis, l’évolution assez erratique de l’ensemble des cours boursiers.
Pourtant Air France, troisième compagnie mondiale pour le transport international passagers et quatrième pour le fret, résiste plutôt mieux que bien d’autres à la crise. Le bénéfice d’exploitation est de 235 millions d’euros au dernier exercice, là où British Airways accuse un déficit et Lufthansa un tout petit équilibre. La compagnie française dispose d’une flotte de 373 avions, assure 1 700 vols quotidiens sur 200 destinations dans 85 pays et emploie plus de 70 000 salariés.
Bijoux de famille
Les salariés d’Air France, justement, sont détenteurs de 13% du capital et leur avis sera déterminant pour la suite des opérations. En 1998, une grève dure du personnel avait momentanément retardé la première ouverture du capital. Depuis cette date les esprits semblent avoir évolué car, sous réserve de certains garanties, certaines organisations syndicales représentant les pilotes et les cadres se déclarent favorables à cette privatisation. Les garanties portent sur l’emploi, les conditions de travail, les rémunérations.
En revanche, CGT et CFDT dénoncent le caractère idéologique, voire dogmatique, de cette privatisation par le gouvernement issu des élections de juin dernier. De fait, pour ces organisations, la privatisation ne présente pas d’intérêt pour la compagnie et relève de la vente des «bijoux de famille» pour éponger les déficits budgétaires. La CFDT souligne notamment que Air France tout en étant une entreprise où l’Etat est majoritaire a su investir, résister à al crise et nouer des alliances avec d’autres compagnies privées. C’est le cas des alliances commerciales dites Skyteam avec Aero Mexico, Delta Airlines, Korea Air Alitalia et Czech Airlines.
Outre la préférence libérale pour l’entreprise privée le gouvernement Raffarin est confronté à des délicats arbitrages budgétaires afin de remplir les promesses électorales de jacques Chirac, notamment en matière de sécurité et de justice. La mise sur le marché des parts encore détenues par l’Etat dans les entreprises Renault (25%), Crédit Lyonnais (9,5%), France telecom (55,5%) ou Thomson Multimédia (21%) lui donneraient un ballon d’oxygène appréciable. A condition que les place financières se redressent dans les mois qui viennent.
Le procédé n’est pas nouveau et donne à chaque fois lieu à polémique de la part du camp politique adverse : entre 1997 et 2001 le gouvernement socialiste de Lionel Jospin a tiré 27 milliards d’euros des privatisations tandis qu’entre 1993 et 1997 les gouvernements de droite en avaient retiré plus de 22 milliards d’euros.
A écouter :
Dominique Thierry, journaliste à RFI, analyse la décision du gouvernement. (Invité de la rédaction le 30/07/2002, au micro de Caroline Paré)
par Francine Quentin
Article publié le 30/07/2002