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Sergio Vieira de Mello remplace Mary Robinson

Le nouveau Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme est un homme de terrain qui a mené une brillante carrière au sein des Nations Unies. Le Brésilien Sergio Vieira de Mello devrait faire preuve de plus de tact à l'égard des grands pays. Il remplace Mary Robinson qui avait su tenir tête aux Etats-Unis, à la Russie ou à la Chine.
De notre correspondant à New York (Nations unies)

A la bouillante Mary Robinson, Kofi Annan a préféré un haut fonctionnaire discipliné. Après cinq années passées à la tête du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, l'ancienne présidente irlandaise a finalement été écartée. A force de camper les principes du droit international autour de la planète, Mary Robinson avait acquis le respect et l'admiration des organisations non gouvernementales (ONG). En même temps, elle s'est attirée de solides inimitiés de la part de gouvernements comme ceux des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine, irrités par son indépendance d'esprit et ses manières brusques. Kofi Annan lui-même a estimé qu'elle était allée trop loin, notamment dans la crise au Proche-Orient. Ses interventions alors jugées intempestives ont gêné Kofi Annan à une époque où il tentait activement de s'imposer en tant que médiateur du conflit.

En choisissant Sergio Vieira de Mello, le prix Nobel de la paix s'offre les services d'un homme d'appareil obéissant, rompu aux règles feutrées de la diplomatie internationale. A 54 ans, ce Brésilien francophile et polyglotte est aussi un homme de terrain qui a travaillé 33 ans au service des Nations Unies. «Je pense qu'en me nommant, le Secrétaire général a souhaité mettre en valeur l'expérience de terrain et les leçons qu'on peut en tirer pour la promotion des droits universels. J'essaierai de mettre à profit cette expérience souvent tragique que j'ai pu accumuler au long de ma carrière aux Nations Unies», explique à RFI Sergio Vieira de Mello. Après une longue période au sein du Haut commissariat aux réfugiés, il a passé les trois dernières années à remplir les missions les plus difficiles de l'ONU. On lui doit l'installation de l'administration des Nations unies au Kosovo et la marche vers l'indépendance du Timor oriental. Son entregent, son efficacité, son style décontracté et son charme personnel ont fait de Sergio Vieira de Mello une star parmi les fonctionnaires onusiens.
De notre correspondant à New York (Nations unies)

A la bouillante Mary Robinson, Kofi Annan a préféré un haut fonctionnaire discipliné. Après cinq années passées à la tête du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, l'ancienne présidente irlandaise a finalement été écartée. A force de camper les principes du droit international autour de la planète, Mary Robinson avait acquis le respect et l'admiration des organisations non gouvernementales (ONG). En même temps, elle s'est attirée de solides inimitiés de la part de gouvernements comme ceux des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine, irrités par son indépendance d'esprit et ses manières brusques. Kofi Annan lui-même a estimé qu'elle était allée trop loin, notamment dans la crise au Proche-Orient. Ses interventions alors jugées intempestives ont gêné Kofi Annan à une époque où il tentait activement de s'imposer en tant que médiateur du conflit.

En choisissant Sergio Vieira de Mello, le prix Nobel de la paix s'offre les services d'un homme d'appareil obéissant, rompu aux règles feutrées de la diplomatie internationale. A 54 ans, ce Brésilien francophile et polyglotte est aussi un homme de terrain qui a travaillé 33 ans au service des Nations Unies. «Je pense qu'en me nommant, le Secrétaire général a souhaité mettre en valeur l'expérience de terrain et les leçons qu'on peut en tirer pour la promotion des droits universels. J'essaierai de mettre à profit cette expérience souvent tragique que j'ai pu accumuler au long de ma carrière aux Nations Unies», explique à RFI Sergio Vieira de Mello. Après une longue période au sein du Haut commissariat aux réfugiés, il a passé les trois dernières années à remplir les missions les plus difficiles de l'ONU. On lui doit l'installation de l'administration des Nations unies au Kosovo et la marche vers l'indépendance du Timor oriental. Son entregent, son efficacité, son style décontracté et son charme personnel ont fait de Sergio Vieira de Mello une star parmi les fonctionnaires onusiens.

Un diplomate qui ne rassure pas les défenseurs des droits de l’homme

Sa nomination a pourtant suscité un accueil prudent parmi les défenseurs des droits de l'homme. «De Mello apporte à la fonction un impressionnant passé diplomatique et onusien, mais il lui manque une expérience pratique des droits de l'homme», estime Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch. Il est vrai que Sergio Vieira de Mello n'est pas issu du sérail des juristes internationaux spécialisé dans les droits de l'homme. Lui a fait des études de philosophie à la Sorbonne. «C'est un domaine relativement nouveau pour moi» admet-il, «mais je crois avoir acquis suffisamment d'expériences au contact de la réalité des droits de l'homme et de leur violation sur le terrain». Vif, direct, confiant, l'homme est résolument pragmatique. «L'universel et l'abstrait n'ont de valeur que si on peut les traduire dans la pratique. C'est ce j'essaierai de faire», assure-t-il. Un officiel de l'ONU confirme pour sa part que les aspects juridiques seront réglés par «un bataillon d'avocats à son service». Selon cette source, il est plus important de «savoir jusqu'où pousser un gouvernement, quand le faire en privé, quand et comment le faire en public».

Cet égard pour la susceptibilité des Etats, qui relève d'un instinct de survie pour les fonctionnaires de l'ONU, inquiète également les ONG. «Le défi qui l'attend est de prouver qu'il tiendra tête aux gouvernements et sera un porte-parole inébranlable des victimes de violations des droits de l'homme», prévient Kenneth Roth. «Croyez-moi, chaque fois qu'il faudra dire les choses telles qu'elles sont, je le ferai à ma façon et tant pis si cela ne fait pas plaisir», répond Sergio Vieira de Mello. Adepte de la persuasion plutôt que de la dénonciation publique, il a privilégié au long de sa carrière les contacts discrets et entretient de bonnes relations avec les grands pays. A l'occasion, il sait aussi utiliser les médias comme une arme au service des causes qu'il défend. «Il saura parler haut et fort», assure Jean-David Lévitte, représentant de la France à l'ONU, «mais il saura aussi user de toute son expérience du système pour monter des programmes de coopération avec les gouvernements dans le domaine des droits de l'homme».

Dans quelques semaines, Sergio Vieira de Mello va reprendre les rênes d'une institution en proie au doute, écartelée entre des gouvernements qui la voudraient plus docile et une société civile qui la voudrait plus fougueuse. «Je suis tout à fait conscient de m'engager dans un champ miné», avoue Sergio Vieira de Mello. «Cela dit, ayant été le premier directeur du centre de déminage au Cambodge, je crois connaître le problème des mines et je crois savoir les éviter» ajoute-t-il, intimement convaincu qu'il réussira cette nouvelle mission comme il a réussi les précédentes.

Ecouter également
Sergio Vieira de Mello, invité de Pierre Ganz sur RFI le 25/07/2002



par Philippe  Bolopion

Article publié le 27/07/2002