Grande-Bretagne
Plus de 200 victimes pour le «docteur la mort»
Les conclusions de l'enquête publique menée en Angleterre pour déterminer le nombre de victimes du docteur Harold Shipman font froid dans le dos. Il aurait assassiné au moins 215 personnes en 23 ans. Ce médecin qui inspirait confiance à ses patients serait donc, en fait, l'un des pires tueurs en série dans le monde. Cette terrible affaire, qui a révélé de graves dysfonctionnements dans le système médical britannique, porte un rude coup à cette profession.
Il n'a jamais avoué ses crimes et sa femme, Primrose, refuse toujours de croire qu'il est ce meurtrier implacable qui a assassiné plusieurs centaines de ses patients. Et pourtant, il a été condamné en 2000 pour le meurtre de 15 personnes et l'enquête menée ensuite pour déterminer si son macabre palmarès s'arrêtait là, a montré qu'Harold Shipman était bel et bien un «docteur la mort». Entre 1975 et 1998, il a ainsi tué au moins 215 patients, peut-être même 260.
A l'image des tueurs en série, il a toujours agi selon le même rituel. Il se rendait chez ses patients, le plus souvent dans l'après-midi, ou les recevait à son cabinet et en guise de médicament leur injectait une dose mortelle de morphine ou d'héroïne. Plein d'aplomb, il diagnostiquait ensuite une mort brutale, le plus souvent par crise cardiaque, et remplissait le certificat de décès sans avoir à rendre plus de comptes que cela.
Personne ne s'est inquiété du taux anormalement élevé de décès parmi les patients de ce médecin de famille, qui selon tous les témoignages des proches des victimes, bénéficiait de la confiance pleine et entière des gens qui le consultaient. Pourtant, il y avait parfois jusqu'à une mort par semaine dans sa clientèle et certaines personnes décédaient brutalement après une visite du médecin. Jane Gaskell explique les circonstances de la mort de sa mère, qui fait partie des victimes d’Harold Shipman: «Le jour où maman est morte, quelque chose n’allait pas parce qu’elle est entrée dans son cabinet en bonne forme et pétillante, et quelques instants plus tard, elle était morte.»
«Un échec désastreux du système»
Le «docteur la mort» préférait tuer des femmes. Elles ont été 171 à mourir à cause de lui. Et c’est à la suite du décès de l’une d’entre elles qu’il a finalement été démasqué. En 1998, la fille de Kathleen Grundy, avocate, se rend compte que le testament de sa mère a été falsifié grossièrement. Quelques jours avant le décès de la vieille dame de 81 ans, une nouvelle version du document qui faisait d’Harold Shipman le bénéficiaire de l’héritage est, en effet, envoyée chez un notaire. Il est rapidement établi qu’il s’agit d’un faux. Les soupçons se portent alors sur le docteur qui est inculpé après la découverte de traces de morphine dans le foie de la victime.
Condamné à la prison à vie en 2000, à la suite de ce meurtre et de 14 autres prouvés au jour du procès, Shipman n’a jamais avoué ses crimes, ni donné d’explications sur ses mobiles. Les enquêteurs en ont été réduits à essayer de dresser son profil psychologique et à chercher dans son passé des explications. Même si c’est à cause d’une tentative pour s’approprier l’héritage d’une de ses victimes qu’il a été démasqué, il ne semble pas que l’argent ait été sa principale motivation puisque c’est la seule fois qu’il a tenté d’en voler. Par contre, les circonstances de la mort de sa mère, atteinte d’un cancer, et soulagée en phase terminale par des injections répétées de morphine, pourraient être à l’origine de ses crimes qui ont tous été commis par injection de drogue à haute dose. Shipman a d’ailleurs été lui-même inquiété au début de sa carrière de médecin parce qu’il se prescrivait des stupéfiants.
Malgré ses antécédents de drogués, personne ne s’est inquiété lorsqu’il s’est approvisionné à plusieurs reprises, en grande quantité, de diamorphine (dérivé d’héroïne). En 1996, il a ainsi réussi à en obtenir, en une seule fois, une dose suffisante pour tuer 360 personnes. Cette défaillance dans le système de contrôle des activités médicales s’ajoute à un certain nombre d’autres dysfonctionnements qui ont permis à Harold Shipman d’assassiner en toute impunité pendant plus de vingt ans.
Il a ainsi pu obtenir un nombre important d’autorisations de crémation avec son seul certificat de décès, alors que la loi prévoit l’accord de trois médecins différents. Il a aussi très souvent réussi à ne pas déclarer les décès au coroner, chargé d’enquêter sur les morts violentes. Cette accumulation de négligences de la part des services compétents a fait dire à John Chisholm, président du comité des généralistes de l’Ordre des médecins britanniques, qu’il s’agit «d’un échec désastreux du système».
Malgré les résultats de l’enquête qui ont révélé que Shipman était un tueur en série responsable de la mort de centaines de personne, cet homme qui ne payait pas de mine mais s’est certainement crû investi, selon les psychiatres, du pouvoir quasi-divin d’ôter la vie, ne devrait pas faire l’objet d’un nouveau procès.
A l'image des tueurs en série, il a toujours agi selon le même rituel. Il se rendait chez ses patients, le plus souvent dans l'après-midi, ou les recevait à son cabinet et en guise de médicament leur injectait une dose mortelle de morphine ou d'héroïne. Plein d'aplomb, il diagnostiquait ensuite une mort brutale, le plus souvent par crise cardiaque, et remplissait le certificat de décès sans avoir à rendre plus de comptes que cela.
Personne ne s'est inquiété du taux anormalement élevé de décès parmi les patients de ce médecin de famille, qui selon tous les témoignages des proches des victimes, bénéficiait de la confiance pleine et entière des gens qui le consultaient. Pourtant, il y avait parfois jusqu'à une mort par semaine dans sa clientèle et certaines personnes décédaient brutalement après une visite du médecin. Jane Gaskell explique les circonstances de la mort de sa mère, qui fait partie des victimes d’Harold Shipman: «Le jour où maman est morte, quelque chose n’allait pas parce qu’elle est entrée dans son cabinet en bonne forme et pétillante, et quelques instants plus tard, elle était morte.»
«Un échec désastreux du système»
Le «docteur la mort» préférait tuer des femmes. Elles ont été 171 à mourir à cause de lui. Et c’est à la suite du décès de l’une d’entre elles qu’il a finalement été démasqué. En 1998, la fille de Kathleen Grundy, avocate, se rend compte que le testament de sa mère a été falsifié grossièrement. Quelques jours avant le décès de la vieille dame de 81 ans, une nouvelle version du document qui faisait d’Harold Shipman le bénéficiaire de l’héritage est, en effet, envoyée chez un notaire. Il est rapidement établi qu’il s’agit d’un faux. Les soupçons se portent alors sur le docteur qui est inculpé après la découverte de traces de morphine dans le foie de la victime.
Condamné à la prison à vie en 2000, à la suite de ce meurtre et de 14 autres prouvés au jour du procès, Shipman n’a jamais avoué ses crimes, ni donné d’explications sur ses mobiles. Les enquêteurs en ont été réduits à essayer de dresser son profil psychologique et à chercher dans son passé des explications. Même si c’est à cause d’une tentative pour s’approprier l’héritage d’une de ses victimes qu’il a été démasqué, il ne semble pas que l’argent ait été sa principale motivation puisque c’est la seule fois qu’il a tenté d’en voler. Par contre, les circonstances de la mort de sa mère, atteinte d’un cancer, et soulagée en phase terminale par des injections répétées de morphine, pourraient être à l’origine de ses crimes qui ont tous été commis par injection de drogue à haute dose. Shipman a d’ailleurs été lui-même inquiété au début de sa carrière de médecin parce qu’il se prescrivait des stupéfiants.
Malgré ses antécédents de drogués, personne ne s’est inquiété lorsqu’il s’est approvisionné à plusieurs reprises, en grande quantité, de diamorphine (dérivé d’héroïne). En 1996, il a ainsi réussi à en obtenir, en une seule fois, une dose suffisante pour tuer 360 personnes. Cette défaillance dans le système de contrôle des activités médicales s’ajoute à un certain nombre d’autres dysfonctionnements qui ont permis à Harold Shipman d’assassiner en toute impunité pendant plus de vingt ans.
Il a ainsi pu obtenir un nombre important d’autorisations de crémation avec son seul certificat de décès, alors que la loi prévoit l’accord de trois médecins différents. Il a aussi très souvent réussi à ne pas déclarer les décès au coroner, chargé d’enquêter sur les morts violentes. Cette accumulation de négligences de la part des services compétents a fait dire à John Chisholm, président du comité des généralistes de l’Ordre des médecins britanniques, qu’il s’agit «d’un échec désastreux du système».
Malgré les résultats de l’enquête qui ont révélé que Shipman était un tueur en série responsable de la mort de centaines de personne, cet homme qui ne payait pas de mine mais s’est certainement crû investi, selon les psychiatres, du pouvoir quasi-divin d’ôter la vie, ne devrait pas faire l’objet d’un nouveau procès.
par Valérie Gas
Article publié le 20/07/2002