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Proche-Orient

Israël face à la riposte du Hamas

Les autorités israéliennes étaient en état d’alerte maximum depuis l’assassinat il y a une dizaine de jours de Salah Chéhadé, l’un des leaders du Hamas. Les dirigeants de ce mouvement extrémiste palestinien avaient en effet juré de venger celui que l’Etat hébreu accusait d’être à l’origine de nombreux attentats-suicide commis contre des civils israéliens. Les extrémistes du Hamas ont donc choisi de frapper mercredi au cœur de l’université hébraïque, un lieu très symbolique, situé à Jérusalem-Est et fréquenté à cette époque de l’année par de nombreux étrangers. Ils affirment par ailleurs ne pas craindre les représailles israéliennes et promettent de nouveaux attentats.
Le Premier ministre Ariel Sharon avait lui-même, au lendemain de l’assassinat de Salah Chéhadé, appelé les Israéliens à une extrême vigilance. L’élimination de ce leader du Hamas au cours d’un raid sur Gaza qui avait provoqué également la mort de quatorze autres personnes dont neuf enfants, avait suscité la colère des Palestiniens et surtout celle des mouvements extrémistes qui avaient juré de le venger. Depuis, les autorités israéliennes, en état d’alerte maximum, avaient réussi à déjouer une dizaine d’attentats. Et quelques heures avant l’explosion mercredi d’une bombe dans la cafétéria de l’université hébraïque de Jérusalem-Est, Avi Dichter, le chef du Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, révélait qu’il disposait de renseignements sur une soixantaine attentats en préparation. Les extrémistes du Hamas, qui ont revendiqué l’explosion de mercredi, ont d’ailleurs affirmé que cet attentat n’était qu’«une première riposte» au raid de Gaza.

Si le président Yasser Arafat a très vite vivement condamné mercredi l’attentat de l’université hébraïque de Jérusalem-Est, quelque cinq mille Palestiniens sont néanmoins descendus dans les rues de Gaza pour manifester leur soutien au Hamas. Le mouvement extrémiste qui a menacé de «tuer cent Israéliens» pour chaque «assassinat» d’un de ses leaders a affirmé, dans un communiqué, que ses groupes militaires avaient reçu des instructions pour poursuivre «les opérations militaires et les opérations de martyrs». Il a également souligné que ses actions étaient «une réponse naturelle aux massacres et aux opérations terroristes israéliennes». Le mouvement de Cheikh Ahmed Yassine affirme par ailleurs ne pas craindre les représailles israéliennes puisque selon lui, l’Etat hébreu a déjà échoué car le peuple palestinien «ne se laissera pas contraindre à la capitulation par les menaces». Toutes les nouvelles mesures de sécurité qui seront mises en place par Israël seront, selon lui, vouées à l’échec.

Représailles israéliennes

L’Etat hébreu, qui occupe déjà toutes les villes autonomes palestiniennes et qui a entrepris la construction d’un mur séparant Israël de la Cisjordanie, semble avoir de plus en plus de mal à empêcher les violences sur son territoire. Le cabinet de sécurité israélien vient certes d’adopter à l’unanimité mercredi un plan de lutte contre les attentats suicide. Les proches des kamikazes risquent désormais d’être expulsés ou expropriés et leurs maisons démolies. Pour les responsables israéliens, «la destruction des maisons a pour objectif de faire comprendre aux terroristes et à ceux qui les envoient que leurs actes ont un prix afin d’empêcher d’autres attentats». Ces mesures risquent toutefois de radicaliser encore plus les extrémistes du Hamas qui ont déjà fait savoir qu’un bannissement des territoires Palestiniens était pour eux l’équivalent d’un assassinat.

Cette nouvelle forme de représailles que compte mettre en place l’Etat hébreu risque par ailleurs de provoquer une explosion sociale dans les territoires palestiniens. Depuis la réoccupation des villes autonomes, plus d’un million de Palestinien vivent en effet sous couvre-feu et le blocus imposé par Tsahal a provoqué une importante augmentation du chômage et de la misère qui sont les terreaux favorables au développement de l’islamisme. De nombreuses organisations humanitaires ont par ailleurs dénoncé la situation d’extrême pauvreté dans laquelle vit une majorité des Palestiniens et selon elles de sérieux problèmes de malnutrition ont commencé à apparaître chez les enfants.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 01/08/2002