Burkina Faso
La mort mystérieuse de Balla Kéita
Les nuages déjà épais qui pèsent sur les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso risquent de s’assombrir davantage suite à l’assassinat, le 1er août, à Ouagadougou de Balla Kéita, ancien ministre du président Houphouët-Boigny, ancien conseiller spécial du général Robert Guéi et secrétaire général du parti fondé par le patron de l’ex-junte militaire. Alors que les autorités burkinabé privilégient de plus en plus l’hypothèse d’un crime politique «commandité, organisé et planifié», l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Burkina se plaint de n’avoir pas été associé à l’enquête.
De notre correspondant au Burkina Faso
Balla Kéita vivait au Burkina depuis mars 2001. Il avait fui la Côte d’Ivoire à la suite des violentes manifestations d’octobre 2000 au cours desquels il a failli perdre la vie. Considéré comme étant de ceux qui poussaient le général Robert Guéi à s’accrocher au pouvoir, il avait été grièvement blessé. De retour d’Europe après des soins, il s’est installé au Burkina. Bénéficiant d’un statut de réfugié politique, l’ancien ministre ivoirien était sous la charge et la protection des autorités burkinabé. Il habitait une villa officielle des hôtes de l’Etat dans le quartier résidentielle de la Zone du bois et disposait d’une garde installée devant sa maison.
Balla Kéita a été retrouvé mort poignardé dans la nuit du 1er au 2 août dans sa villa. Une note écrite probablement par une femme, la dernière personne qu’il a reçue ce jour-là, laissait penser à un cas de vengeance. «Tu es séropositif. Tu m’as poignardé dans le dos en me transmettant le sida, je te poignarde aussi dans le dos», confie une source proche des enquêteurs qui résume les propos contenus dans cette note. Un indice qui a conduit tout de suite les enquêteurs à procéder à un examen de sang pour déterminer le statut sérologique de la victime. Le résultat s’est révélé négatif, confie la même source.
Du coup, l’enquête confiée à la fois à la gendarmerie et à la police, ne privilégie plus l’hypothèse d’un crime passionnel mais s’oriente plutôt vers la piste du crime politique maquillé. Au profit de qui ? Pour répondre à cette question, il faudra sans doute mettre la main sur cette femme qui a passé près de deux heures avec la victime dans sa chambre dans l’après-midi du 1er août. Cette femme dont l’identité n’est pas connue est décrite comme assez forte, de teint noir et trapue. Etait-ce un homme déguisé ? Ou est-ce une femme payée pour exécuter le meurtre ? Dans tous les cas, les enquêteurs pensent qu’avant d’être poignardé, monsieur Kéita a été empoisonné ou endormi à l’aide d’un produit. Pour confirmer cette piste, les restes de boisson consommée par la victime ce jour-là vont être examinés et une autopsie du corps est prévue avant son rapatriement en Côte d’Ivoire. Les autorités burkinabé ont requis à cet effet l’accord des parents arrivés samedi à Ouagadougou.
Une affaire politique ?
Pendant que l’enquête suit son cours, les Burkinabé s’interrogent sur les conséquences que pourraient avoir cette affaire sur les relations plus que tendues en ce moment entre la Côte d’Ivoire et le Burkina. Les deux pays qui se soupçonnent depuis toujours de complots ont atteint une nouvelle escalade en juillet dernier à la suite du rappel par Ouagadougou pour «consultation» de son ambassadeur à Abidjan. Ce geste considéré comme un affront en Côte d’Ivoire visait à protester, sans doute, contre les exactions dont sont victimes les ressortissants burkinabé estimés à près de trois millions dans ce pays voisin. Au cours d’une conférence de presse donnée vendredi, le procureur général près la cour d’appel de Ouagadougou a dit que s’il s’agit d’un crime politique, il faut alors penser à des éléments infiltrés. «Pourquoi, le procureur écarte l’hypothèse d’un crime commandité de l’intérieur du Burkina», se demandait Notre voie, l’organe quasi-officiel du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire dans son édition du 5 août.
De son côté, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Burkina regrette de n’avoir pas été associé à l’enquête. «Ce qui est troublant, c'est qu'on n'ait pas été associé au constat, a déploré Richard Kodjo dans un entretien avec l'AFP. Dès les premières heures suivant la découverte du corps, il aurait fallu saisir l'ambassade en même temps que le procureur». «Réfugié ou non, il était un Ivoirien célèbre», a expliqué le diplomate, qui affirme avoir été officiellement averti du décès 24 heures après.
«Il faut éviter de politiser l’affaire», a souhaité le ministre burkinabé de la sécurité, le lieutenant-colonel Djibril Bassolet qui précise que les constatations d’usage sont de la prérogative du procureur et des officiers de police judiciaire. «L’ambassadeur peut obtenir les informations qu’il souhaite par le biais des affaires étrangères, ajoute Djibril Bassolet. D’ailleurs, il a demandé samedi à visiter la villa où habitait Balla Kéita. Il a pu le faire immédiatement et nous lui avons même remis des photos et avons permis à ses services d’en prendre». Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire, le parti fondé par le général Guéi et au sein duquel Balla Kéita occupait le poste de secrétaire général depuis mai dernier), le député Toikeusse Mabry qui a accompagné la famille du disparu déclare faire confiance aux autorités burkinabé pour élucider cette affaire.
Balla Kéita vivait au Burkina depuis mars 2001. Il avait fui la Côte d’Ivoire à la suite des violentes manifestations d’octobre 2000 au cours desquels il a failli perdre la vie. Considéré comme étant de ceux qui poussaient le général Robert Guéi à s’accrocher au pouvoir, il avait été grièvement blessé. De retour d’Europe après des soins, il s’est installé au Burkina. Bénéficiant d’un statut de réfugié politique, l’ancien ministre ivoirien était sous la charge et la protection des autorités burkinabé. Il habitait une villa officielle des hôtes de l’Etat dans le quartier résidentielle de la Zone du bois et disposait d’une garde installée devant sa maison.
Balla Kéita a été retrouvé mort poignardé dans la nuit du 1er au 2 août dans sa villa. Une note écrite probablement par une femme, la dernière personne qu’il a reçue ce jour-là, laissait penser à un cas de vengeance. «Tu es séropositif. Tu m’as poignardé dans le dos en me transmettant le sida, je te poignarde aussi dans le dos», confie une source proche des enquêteurs qui résume les propos contenus dans cette note. Un indice qui a conduit tout de suite les enquêteurs à procéder à un examen de sang pour déterminer le statut sérologique de la victime. Le résultat s’est révélé négatif, confie la même source.
Du coup, l’enquête confiée à la fois à la gendarmerie et à la police, ne privilégie plus l’hypothèse d’un crime passionnel mais s’oriente plutôt vers la piste du crime politique maquillé. Au profit de qui ? Pour répondre à cette question, il faudra sans doute mettre la main sur cette femme qui a passé près de deux heures avec la victime dans sa chambre dans l’après-midi du 1er août. Cette femme dont l’identité n’est pas connue est décrite comme assez forte, de teint noir et trapue. Etait-ce un homme déguisé ? Ou est-ce une femme payée pour exécuter le meurtre ? Dans tous les cas, les enquêteurs pensent qu’avant d’être poignardé, monsieur Kéita a été empoisonné ou endormi à l’aide d’un produit. Pour confirmer cette piste, les restes de boisson consommée par la victime ce jour-là vont être examinés et une autopsie du corps est prévue avant son rapatriement en Côte d’Ivoire. Les autorités burkinabé ont requis à cet effet l’accord des parents arrivés samedi à Ouagadougou.
Une affaire politique ?
Pendant que l’enquête suit son cours, les Burkinabé s’interrogent sur les conséquences que pourraient avoir cette affaire sur les relations plus que tendues en ce moment entre la Côte d’Ivoire et le Burkina. Les deux pays qui se soupçonnent depuis toujours de complots ont atteint une nouvelle escalade en juillet dernier à la suite du rappel par Ouagadougou pour «consultation» de son ambassadeur à Abidjan. Ce geste considéré comme un affront en Côte d’Ivoire visait à protester, sans doute, contre les exactions dont sont victimes les ressortissants burkinabé estimés à près de trois millions dans ce pays voisin. Au cours d’une conférence de presse donnée vendredi, le procureur général près la cour d’appel de Ouagadougou a dit que s’il s’agit d’un crime politique, il faut alors penser à des éléments infiltrés. «Pourquoi, le procureur écarte l’hypothèse d’un crime commandité de l’intérieur du Burkina», se demandait Notre voie, l’organe quasi-officiel du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire dans son édition du 5 août.
De son côté, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Burkina regrette de n’avoir pas été associé à l’enquête. «Ce qui est troublant, c'est qu'on n'ait pas été associé au constat, a déploré Richard Kodjo dans un entretien avec l'AFP. Dès les premières heures suivant la découverte du corps, il aurait fallu saisir l'ambassade en même temps que le procureur». «Réfugié ou non, il était un Ivoirien célèbre», a expliqué le diplomate, qui affirme avoir été officiellement averti du décès 24 heures après.
«Il faut éviter de politiser l’affaire», a souhaité le ministre burkinabé de la sécurité, le lieutenant-colonel Djibril Bassolet qui précise que les constatations d’usage sont de la prérogative du procureur et des officiers de police judiciaire. «L’ambassadeur peut obtenir les informations qu’il souhaite par le biais des affaires étrangères, ajoute Djibril Bassolet. D’ailleurs, il a demandé samedi à visiter la villa où habitait Balla Kéita. Il a pu le faire immédiatement et nous lui avons même remis des photos et avons permis à ses services d’en prendre». Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire, le parti fondé par le général Guéi et au sein duquel Balla Kéita occupait le poste de secrétaire général depuis mai dernier), le député Toikeusse Mabry qui a accompagné la famille du disparu déclare faire confiance aux autorités burkinabé pour élucider cette affaire.
par Alpha Barry
Article publié le 06/08/2002