Zimbabwe
Mugabe persiste et signe
Les fermiers blancs, qui étaient sommés de quitter leurs terres jeudi dernier à minuit, dans le cadre de la très contestée réforme agraire initiée par le président Mugabe, ont vécu la fin de la semaine dans la crainte d’être expulsés manu militari. Mais si ces derniers jours se sont déroulés sans incident, le discours de l’homme fort du Zimbabwe, à l’occasion de la journée des héros, risque de plonger le pays dans un nouveau cycle de violences. Robert Mugabe a en effet réaffirmé que les fermiers blancs devaient quitter leurs terres, sans délai. Il a en outre violemment dénoncé les sanctions imposées par la communauté internationale à son régime.
Les fermiers blancs qui espéraient encore un répit avant d’être expulsés de leurs terres ont perdu toutes leurs illusions lundi après le discours inflexible du président Mugabe à l’occasion de la journée des héros, qui célèbre la lutte pour l’indépendance du Zimbabwe. «La date limite est maintenue», a-t-il notamment affirmé en faisant référence au 8 août, dernier délai imposé par le gouvernement aux propriétaires blancs pour qu’ils quittent leurs terres. Ce processus doit impérativement s’achever avant la fin du mois pour que les fermiers noirs puissent prendre possession des terres réquisitionnées avant le début de la saison des pluies. Or jusqu’à présent, seuls quatre cents fermiers blancs ont choisi de partir par crainte de représailles. Le gouvernement, qui s’est félicité de ce départ, affirme que 1 600 propriétaires sont concernés par ces mesures d’expulsion tandis que la CFU, le syndicat des fermiers commerciaux, parle lui de 2 900 cas.
Robert Mugabe, qui affirme que sa réforme agraire vise à corriger les méfaits du colonialisme britannique qui a laissé 70% des meilleures terres agricoles à des fermiers blancs, a juré lundi de poursuivre sa politique. Une loi, votée le 20 mai dernier, stipule en effet que les propriétaires blancs ont 90 jours, une fois reçu l’avis des autorités, pour quitter leurs terres, sous peine d’une peine de plus de deux ans de prison ou de 364 dollars d’amende. Depuis plus de deux ans, de nombreuses fermes appartenant à des fermiers blancs ont été occupées par d’anciens combattants de la guerre d’indépendance dont Robert Mugabe fut l’un des chefs de maquis. Ces occupations s’étaient accompagnées de violences qui avaient notamment provoqué la mort de 11 fermiers blancs.
L’homme fort du Zimbabwe a par ailleurs violemment condamné les sanctions imposées à son pays par la communauté internationale. Il a notamment mis en garde ses concitoyens contre «la Grande-Bretagne, l’Europe et l’Amérique qui peuvent imposer des sanctions et faire des choses encore plus diaboliques». Il a également raillé l’interdiction faite à lui-même et à son entourage de se rendre en Europe et aux Etats-Unis. «Laissons la liste d’exil dressée par l’Europe grandir de 50, de 100, de 1 000 ou d’un million de noms», a ainsi déclaré Robert Mugabe en invitant «le peuple le plus important du Zimbabwe, les vrais propriétaires de cette terre» à ne pas «reculer». «La terre est une question vitale», leur a-t-il affirmé.
La famine guette le pays
Longtemps considéré comme le grenier de l’Afrique australe, le Zimbabwe est aujourd’hui en proie à de violentes pénuries. Le déficit céréalier du pays s’élève, selon la Commission européenne qui vient de débloquer 35 millions d’euros d’aide alimentaire d’urgence, à 1,87 millions de tonnes, soit l’équivalent de 70% de ses besoins annuels. Harare estime que 7,8 millions de personnes sont menacées par la famine, dont cinq millions et demi d’enfants. Une étude du Programme alimentaire mondial vient d’ailleurs de révéler que la moitié des enfants au Zimbabwe ne mange qu’un repas par jour et il arrive à certains d’entre eux de s’évanouir à l’école. L’ONU tire également le signal d’alarme et estime que les récentes importations de céréales effectuées pas Harare ne pourront éviter la famine que pendant deux mois.
La famine qui menace le Zimbabwe est certes due à la sécheresse qui frappe la région depuis plusieurs mois. Mais beaucoup soulignent que la réforme agraire, à l’origine de l’effondrement de l’agriculture, en est tout aussi largement responsable. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le principal parti d’opposition à Mugabe, a estimé que la réforme agraire allait «aggraver la pénurie alimentaire». «La décision du régime d’ordonner à près de 3 000 fermiers blancs d’arrêter de cultiver et de quitter leurs fermes en août est une renonciation complète de sa responsabilité de nourrir la population dans cette situation de crise alimentaire aiguë», a ainsi dénoncé le MDC.
Robert Mugabe, qui affirme que sa réforme agraire vise à corriger les méfaits du colonialisme britannique qui a laissé 70% des meilleures terres agricoles à des fermiers blancs, a juré lundi de poursuivre sa politique. Une loi, votée le 20 mai dernier, stipule en effet que les propriétaires blancs ont 90 jours, une fois reçu l’avis des autorités, pour quitter leurs terres, sous peine d’une peine de plus de deux ans de prison ou de 364 dollars d’amende. Depuis plus de deux ans, de nombreuses fermes appartenant à des fermiers blancs ont été occupées par d’anciens combattants de la guerre d’indépendance dont Robert Mugabe fut l’un des chefs de maquis. Ces occupations s’étaient accompagnées de violences qui avaient notamment provoqué la mort de 11 fermiers blancs.
L’homme fort du Zimbabwe a par ailleurs violemment condamné les sanctions imposées à son pays par la communauté internationale. Il a notamment mis en garde ses concitoyens contre «la Grande-Bretagne, l’Europe et l’Amérique qui peuvent imposer des sanctions et faire des choses encore plus diaboliques». Il a également raillé l’interdiction faite à lui-même et à son entourage de se rendre en Europe et aux Etats-Unis. «Laissons la liste d’exil dressée par l’Europe grandir de 50, de 100, de 1 000 ou d’un million de noms», a ainsi déclaré Robert Mugabe en invitant «le peuple le plus important du Zimbabwe, les vrais propriétaires de cette terre» à ne pas «reculer». «La terre est une question vitale», leur a-t-il affirmé.
La famine guette le pays
Longtemps considéré comme le grenier de l’Afrique australe, le Zimbabwe est aujourd’hui en proie à de violentes pénuries. Le déficit céréalier du pays s’élève, selon la Commission européenne qui vient de débloquer 35 millions d’euros d’aide alimentaire d’urgence, à 1,87 millions de tonnes, soit l’équivalent de 70% de ses besoins annuels. Harare estime que 7,8 millions de personnes sont menacées par la famine, dont cinq millions et demi d’enfants. Une étude du Programme alimentaire mondial vient d’ailleurs de révéler que la moitié des enfants au Zimbabwe ne mange qu’un repas par jour et il arrive à certains d’entre eux de s’évanouir à l’école. L’ONU tire également le signal d’alarme et estime que les récentes importations de céréales effectuées pas Harare ne pourront éviter la famine que pendant deux mois.
La famine qui menace le Zimbabwe est certes due à la sécheresse qui frappe la région depuis plusieurs mois. Mais beaucoup soulignent que la réforme agraire, à l’origine de l’effondrement de l’agriculture, en est tout aussi largement responsable. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le principal parti d’opposition à Mugabe, a estimé que la réforme agraire allait «aggraver la pénurie alimentaire». «La décision du régime d’ordonner à près de 3 000 fermiers blancs d’arrêter de cultiver et de quitter leurs fermes en août est une renonciation complète de sa responsabilité de nourrir la population dans cette situation de crise alimentaire aiguë», a ainsi dénoncé le MDC.
par Mounia Daoudi
Article publié le 12/08/2002