Développement durable
Le Nepad, une stratégie africaine
Le continent africain s’est mobilisé pour remplir son carnet de projets susceptibles d’intéresser bailleurs de fonds publics et privés dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Concrètement, de quoi s’agit-il ?
La conférence de Dakar entre chefs d’Etat et de gouvernement et le secteur privé international (15 au 17 avril 2002) a bien illustré l’approche globale que le Nepad souhaitait encourager pour sortir du sous-développement ; la rencontre a aussi montré le chemin ardu qui reste à faire pour gagner la confiance d’investisseurs également attirés par l’Asie, l’Amérique latine ou les pays en transition d’Europe de l’Est. Plus de 700 participants du secteur privé, venus de tous les horizons – avec une forte présence américaine –, se sont engagés à poursuivre le dialogue et à assurer le suivi de la conférence. Beaucoup d’entre eux admettent toutefois la difficulté de la tâche.
Les Africains reconnaissent aussi qu'ils sont déçus de la réponse du sommet du G8 au Canada en juin dernier, regroupant les principaux bailleurs de fonds publics, qui se sont contentés de promettre une aide non précisée, à condition que les Africains passent à l'action. Les gouvernements africains espèrent, cependant, que le Sommet Mondial sur le développement durable de Johannesburg puisse jouer le rôle d'un catalyseur pour la mobilisation d'un soutien extérieur pour le Nepad, notamment parce qu'il est accueilli sur le sol africain. Ils pensent que le sommet pourrait contribuer à créer des partenariats pour le développement des ressources, des financements et des technologies, et à accélérer le développement des capacités humaines et institutionnelles du continent. L'ONU reconnaît par ailleurs que le Nepad peut jouer un rôle important en encourageant le développement durable en Afrique.
Les Africains ont décidé de s’organiser en cinq zones (nord, sud, est, ouest et centre) afin de préparer des projets d’importance régionale ou continentale, destinés à permettre au continent de bénéficier, dans les meilleurs délais, de conditions de développement similaires à celles en vigueur dans les pays développés. Mais toutes les régions ne travaillent pas au même rythme. Ainsi, sur le plan de l’énergie, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe semblent, à la lumière des projets présentés, avoir mieux travaillé que les autres.
Contrôle réciproque entre pairs
Résultat de la fusion entre le Plan du millénaire, présenté par le président sud-africain Thabo Mbeki auquel se sont joints ses homologues nigérian et algérien, Olusegun Obasanjo et Abdelaziz Bouteflika, ainsi que l’Egyptien Hosni Moubarak, et le Plan Omega du chef d’Etat sénégalais Abdoulaye Wade, hôte de la rencontre de Dakar, le Nepad a identifié dix thèmes prioritaires : bonne gouvernance publique, bonne gouvernance de l’économie privée, infrastructures, éducation, santé, nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), agriculture, environnement, énergie et enfin accès aux marchés des pays développés et diversification des produits. Cette nouvelle approche globale, qui veut effacer les échecs des politiques passées, implique l’élaboration de projets par les Africains eux-mêmes et un « véritable partenariat » entre riches et pauvres, avec des normes de contrôle réciproques et à l’intérieur de chaque groupe, définies comme le « contrôle par les pairs ».
Le président Obasanjo, du Nigeria, n’a pas manqué de souligner que le Nepad était désormais connu à travers les cinq continents, mettant l’accent sur la bonne gouvernance et la création de conditions propices aux investissements, préoccupation principale des hommes d’affaires. Il a aussi affirmé que la conférence de Dakar avait pour but « de réveiller les consciences », car le Nepad insiste non seulement sur la diminution du fardeau de la dette, l’aide et des crédits accrus, mais également sur la mobilisation du secteur privé africain et étranger.
Chacun des cinq parrains du Nepad a été chargé de la coordination d’un certain nombre de thèmes prioritaires à l’éligibilité reconnue. L’Algérie hérite du volet développement humain comprenant la santé et l’éducation, l’Afrique du Sud de la bonne gouvernance politique (règlement des conflits, sécurité, démocratie), l’Egypte de l’accès aux marchés/diversification des produits et de l’agriculture, le Nigeria de la bonne gouvernance économique et le Sénégal des infrastructures, de l’énergie, de l’environnement et des TIC : ces quatre volets ont fait à Dakar l’objet d’ateliers de travail avec le secteur privé. Si l’environnement n’a pas encore suscité beaucoup de projets concrets, au-delà des préoccupations d’ordre général, les trois autres ont déjà généré des évaluations chiffrées.
Le secteur infrastructures touche à la fois les routes, les chemins de fer, les aéroports et les ports. Parmi les projets présentés figurent par exemple une autoroute trans-côtière de 4560 km reliant Nouakchott à Lagos (10 milliards de dollars), une autoroute trans-sahélienne Dakar-N’Djamena (9 milliards de dollars), plusieurs routes à travers le continent y compris en Afrique australe ou un chemin de fer d’interconnexion reliant le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Togo (2 milliards de dollars). Le chemin de fer a la cote puisque plusieurs projets prévoient la construction de lignes ou leur réhabilitation.
Côté énergie, reconnu par Kofi Annan, Secrétaire Général de l'ONU, comme un des secteurs prioritaires du développement durable, il s’agit surtout de permettre la consommation par des millions d’Africains de l’électricité et l’énergie dont ils sont privés malgré le fait que le continent dispose respectivement de 7,5 %, 7 % et de 6 % des réserves mondiales de pétrole brut, de gaz naturel et de charbon. Parmi les grands projets présentés figurent la construction de plusieurs gazoducs (par exemple Algérie-Nigeria ou Tunisie-Libye), d’interconnexions électriques comme Espagne-Maroc-Algérie, ainsi que le projet du Grand Inga qui permettrait d’exporter de l’énergie bon marché à partir de la République démocratique du Congo vers les pays africains et l’Europe et d’alimenter les nouveaux axes d’interconnexion à travers le continent.
Les Africains reconnaissent aussi qu'ils sont déçus de la réponse du sommet du G8 au Canada en juin dernier, regroupant les principaux bailleurs de fonds publics, qui se sont contentés de promettre une aide non précisée, à condition que les Africains passent à l'action. Les gouvernements africains espèrent, cependant, que le Sommet Mondial sur le développement durable de Johannesburg puisse jouer le rôle d'un catalyseur pour la mobilisation d'un soutien extérieur pour le Nepad, notamment parce qu'il est accueilli sur le sol africain. Ils pensent que le sommet pourrait contribuer à créer des partenariats pour le développement des ressources, des financements et des technologies, et à accélérer le développement des capacités humaines et institutionnelles du continent. L'ONU reconnaît par ailleurs que le Nepad peut jouer un rôle important en encourageant le développement durable en Afrique.
Les Africains ont décidé de s’organiser en cinq zones (nord, sud, est, ouest et centre) afin de préparer des projets d’importance régionale ou continentale, destinés à permettre au continent de bénéficier, dans les meilleurs délais, de conditions de développement similaires à celles en vigueur dans les pays développés. Mais toutes les régions ne travaillent pas au même rythme. Ainsi, sur le plan de l’énergie, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe semblent, à la lumière des projets présentés, avoir mieux travaillé que les autres.
Contrôle réciproque entre pairs
Résultat de la fusion entre le Plan du millénaire, présenté par le président sud-africain Thabo Mbeki auquel se sont joints ses homologues nigérian et algérien, Olusegun Obasanjo et Abdelaziz Bouteflika, ainsi que l’Egyptien Hosni Moubarak, et le Plan Omega du chef d’Etat sénégalais Abdoulaye Wade, hôte de la rencontre de Dakar, le Nepad a identifié dix thèmes prioritaires : bonne gouvernance publique, bonne gouvernance de l’économie privée, infrastructures, éducation, santé, nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), agriculture, environnement, énergie et enfin accès aux marchés des pays développés et diversification des produits. Cette nouvelle approche globale, qui veut effacer les échecs des politiques passées, implique l’élaboration de projets par les Africains eux-mêmes et un « véritable partenariat » entre riches et pauvres, avec des normes de contrôle réciproques et à l’intérieur de chaque groupe, définies comme le « contrôle par les pairs ».
Le président Obasanjo, du Nigeria, n’a pas manqué de souligner que le Nepad était désormais connu à travers les cinq continents, mettant l’accent sur la bonne gouvernance et la création de conditions propices aux investissements, préoccupation principale des hommes d’affaires. Il a aussi affirmé que la conférence de Dakar avait pour but « de réveiller les consciences », car le Nepad insiste non seulement sur la diminution du fardeau de la dette, l’aide et des crédits accrus, mais également sur la mobilisation du secteur privé africain et étranger.
Chacun des cinq parrains du Nepad a été chargé de la coordination d’un certain nombre de thèmes prioritaires à l’éligibilité reconnue. L’Algérie hérite du volet développement humain comprenant la santé et l’éducation, l’Afrique du Sud de la bonne gouvernance politique (règlement des conflits, sécurité, démocratie), l’Egypte de l’accès aux marchés/diversification des produits et de l’agriculture, le Nigeria de la bonne gouvernance économique et le Sénégal des infrastructures, de l’énergie, de l’environnement et des TIC : ces quatre volets ont fait à Dakar l’objet d’ateliers de travail avec le secteur privé. Si l’environnement n’a pas encore suscité beaucoup de projets concrets, au-delà des préoccupations d’ordre général, les trois autres ont déjà généré des évaluations chiffrées.
Le secteur infrastructures touche à la fois les routes, les chemins de fer, les aéroports et les ports. Parmi les projets présentés figurent par exemple une autoroute trans-côtière de 4560 km reliant Nouakchott à Lagos (10 milliards de dollars), une autoroute trans-sahélienne Dakar-N’Djamena (9 milliards de dollars), plusieurs routes à travers le continent y compris en Afrique australe ou un chemin de fer d’interconnexion reliant le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Togo (2 milliards de dollars). Le chemin de fer a la cote puisque plusieurs projets prévoient la construction de lignes ou leur réhabilitation.
Côté énergie, reconnu par Kofi Annan, Secrétaire Général de l'ONU, comme un des secteurs prioritaires du développement durable, il s’agit surtout de permettre la consommation par des millions d’Africains de l’électricité et l’énergie dont ils sont privés malgré le fait que le continent dispose respectivement de 7,5 %, 7 % et de 6 % des réserves mondiales de pétrole brut, de gaz naturel et de charbon. Parmi les grands projets présentés figurent la construction de plusieurs gazoducs (par exemple Algérie-Nigeria ou Tunisie-Libye), d’interconnexions électriques comme Espagne-Maroc-Algérie, ainsi que le projet du Grand Inga qui permettrait d’exporter de l’énergie bon marché à partir de la République démocratique du Congo vers les pays africains et l’Europe et d’alimenter les nouveaux axes d’interconnexion à travers le continent.
par Marie Joannidis
Article publié le 16/08/2002