Cameroun
Nouvelle scission au SDF
Le principal parti d’opposition enregistre des démissions de certains hauts cadres, qui critiquent la «dérive autocratique» de John Fru Ndi. Ces départs surviennent à la suite d’une crise que vivait le parti à propos de sa participation aux conseils municipaux et au parlement.
De notre correspondant à Yaoundé
Le communiqué daté du 29 juillet et rendu public seulement lundi dans la soirée, est signé de ceux qui étaient encore il y a quelques jours, rangés parmi les «poids lourds» du principal parti d’opposition. Saïdou Maïdadi Yaya, premier vice-président; Evarsite Fopoussi, ancien député et secrétaire national à la communication, Samuel Tchenko, Yves Epacka, tous les membres du Comité Exécutif National , instance de décision du SDF.
Pour eux, «[ leur] parti avait fini par être pris en otage par des transfuges du système de parti unique, nostalgiques des pratiques de ce dernier [et] se trouve de fait, en totale collusion avec le régime en place» Au point que : «le chef de l’exécutif , avec l’aide de quelques thuriféraires, s’est substitué à toutes les instances du parti».
Les démissionnaires regrettent par ailleurs le fait que le parti «se définit et se complaît dans un confinement régional, voire clanique, pour des raisons égoïstes et purement alimentaires.» D’ailleurs, «la dérive autocratique de son président à conduit inexorablement le SDF à une impasse, réduisant celui-ci en une opposition alibi, et partant, en une simple caution du régime».
Mercredi, en guise de réaction à ces démissions, les proches de John Fru Ndi le disaient sereins. «Le Chairman est calme. Nous n’avons pas ce réaction particulière. Je peux néanmoins dire que certains départs vont soulager des membres du Comité exécutif national», expliquait Béatrice Annembom Monju, inconditionelle de Fru Ndi, et numéro deux du Secrétariat national à la communication du SDF. «Ceux qui ont démissionné, sont ceux qui ont perdu les élections dans leur circonscription respective et veulent que le parti soit absent du jeu institutionnel», avançait un proche du Chairman.
La crise était ouverte
En fait, la crise était ouverte depuis quelques jours, entre certains hauts cadres du parti, dont les démissionnaires, et le président national. Tout est parti de la grande confusion observée dans les démarches du principal parti d’opposition à la suite des élections municipales et législatives du 30 juin 2002. Au terme de cette double consultation, le Comité exécutif national du SDF, avait décidé, le 6 juillet, de suspendre la participation du SDF aux conseils municipaux et au parlement, en guise de protestation contre les irrégularités ayant émaillé ce double scrutin. Il était d’ailleurs prévu des «actions» au niveau des municipalités remportées par le parti, ainsi qu’une marche que devait conduire Jonh Fru Ndi au ministère de l’Administration territoriale, dans le but ultime d’obtenir l’annulation des élections.
A la surprise générale, le 12 juillet, des militants du parti, avaient pris part à une réunion convoquée par le gouverneur de la province du Nord-Ouest à Bamenda, dans le but avoué, de rechercher les voix et moyens de préserver la paix dans la région. Plus significatif: le même jour, John Fru Ndi en personne signait un communiqué de presse, demandant aux élus SDF, d’aller siéger ans les mairies, et d’élire , conformément à la loi, leurs édiles.
Levée des boucliers chez des hauts cadres, qui s’étaient montrés très critiques à l’égard du président national, accusé de «trahison», de violation des statuts du parti. La ligne de défense du Chairman est restée constante sur ce point: «J’ai agi dans l’intérêt supérieur du parti», n’a t-il eu de cesse de clamer. Les frondeurs, qui sont les démissionnaires de ce lundi, étaient allés jusqu’à exiger de Fru Ndi, la tenue d’une session extraordinaire du Comité exécutif national. Sans succès. Tout le monde avait dû se résoudre à la session ordinaire de cette instance, qui s’est finalement tenue les 27 et 28 juillet, et qui s’est achevée par la levée du boycott des municipalités et de l’Assemblée nationale. Ce qui n’est manifestement pas du goût de ceux qui ont claqué la porte du parti. Le groupe des démissionnaires reste très peu disert sur la suite de ce feuilleton.
«Ce qui est sûr, c’est que nous ne quittons pas le SDF pour aller nous croiser les bras. Nous allons poursuivre la lutte sous une forme ou sous une autre», se contentait d’indiquer Saïdou Maïdadi Yaya.
Avec les récentes démissions, le SDF connaît une énième crise qui se solde par des départs de ses cadres. En 1994, Basile Kamdoum avait quitté le SDF pour aller créer la Social democratic party (SDP), avant cde regagner finalement les rangs du RDPC au pouvoir. D’autres départs ont suivi. Un groupe d’intellectuels, formé de Charly Gabruel Mbock, Dorothy Kom, et de Siga Asanga, avaient été poussés à la porte en 1995, et avaient créé le Forum des sociaux démocrates, depuis lors invisible sur la scène politique. En 1999, l’ancien premier vice -président , Souleyman Mahamat, s’en était allé mettre sur pied le Social democratic movement (SDM) avec d’autres anciens militants.
Les observateurs en sont à s’interroger sur l’impact de tous ces départs. Toujours est-il que le SDF, même s’il demeure la principale force de l’opposition, a vu son poids politiques diminuer au fil des ans. Le parti qui comptait en 1997, 43 députés sur les 180 qui composent l’Assemblée nationale, devra se contenter de 21 sièges à l’hémicycle pour l’actuelle législature, selon les scores obtenus lors des élections du 30 juin.
Le communiqué daté du 29 juillet et rendu public seulement lundi dans la soirée, est signé de ceux qui étaient encore il y a quelques jours, rangés parmi les «poids lourds» du principal parti d’opposition. Saïdou Maïdadi Yaya, premier vice-président; Evarsite Fopoussi, ancien député et secrétaire national à la communication, Samuel Tchenko, Yves Epacka, tous les membres du Comité Exécutif National , instance de décision du SDF.
Pour eux, «[ leur] parti avait fini par être pris en otage par des transfuges du système de parti unique, nostalgiques des pratiques de ce dernier [et] se trouve de fait, en totale collusion avec le régime en place» Au point que : «le chef de l’exécutif , avec l’aide de quelques thuriféraires, s’est substitué à toutes les instances du parti».
Les démissionnaires regrettent par ailleurs le fait que le parti «se définit et se complaît dans un confinement régional, voire clanique, pour des raisons égoïstes et purement alimentaires.» D’ailleurs, «la dérive autocratique de son président à conduit inexorablement le SDF à une impasse, réduisant celui-ci en une opposition alibi, et partant, en une simple caution du régime».
Mercredi, en guise de réaction à ces démissions, les proches de John Fru Ndi le disaient sereins. «Le Chairman est calme. Nous n’avons pas ce réaction particulière. Je peux néanmoins dire que certains départs vont soulager des membres du Comité exécutif national», expliquait Béatrice Annembom Monju, inconditionelle de Fru Ndi, et numéro deux du Secrétariat national à la communication du SDF. «Ceux qui ont démissionné, sont ceux qui ont perdu les élections dans leur circonscription respective et veulent que le parti soit absent du jeu institutionnel», avançait un proche du Chairman.
La crise était ouverte
En fait, la crise était ouverte depuis quelques jours, entre certains hauts cadres du parti, dont les démissionnaires, et le président national. Tout est parti de la grande confusion observée dans les démarches du principal parti d’opposition à la suite des élections municipales et législatives du 30 juin 2002. Au terme de cette double consultation, le Comité exécutif national du SDF, avait décidé, le 6 juillet, de suspendre la participation du SDF aux conseils municipaux et au parlement, en guise de protestation contre les irrégularités ayant émaillé ce double scrutin. Il était d’ailleurs prévu des «actions» au niveau des municipalités remportées par le parti, ainsi qu’une marche que devait conduire Jonh Fru Ndi au ministère de l’Administration territoriale, dans le but ultime d’obtenir l’annulation des élections.
A la surprise générale, le 12 juillet, des militants du parti, avaient pris part à une réunion convoquée par le gouverneur de la province du Nord-Ouest à Bamenda, dans le but avoué, de rechercher les voix et moyens de préserver la paix dans la région. Plus significatif: le même jour, John Fru Ndi en personne signait un communiqué de presse, demandant aux élus SDF, d’aller siéger ans les mairies, et d’élire , conformément à la loi, leurs édiles.
Levée des boucliers chez des hauts cadres, qui s’étaient montrés très critiques à l’égard du président national, accusé de «trahison», de violation des statuts du parti. La ligne de défense du Chairman est restée constante sur ce point: «J’ai agi dans l’intérêt supérieur du parti», n’a t-il eu de cesse de clamer. Les frondeurs, qui sont les démissionnaires de ce lundi, étaient allés jusqu’à exiger de Fru Ndi, la tenue d’une session extraordinaire du Comité exécutif national. Sans succès. Tout le monde avait dû se résoudre à la session ordinaire de cette instance, qui s’est finalement tenue les 27 et 28 juillet, et qui s’est achevée par la levée du boycott des municipalités et de l’Assemblée nationale. Ce qui n’est manifestement pas du goût de ceux qui ont claqué la porte du parti. Le groupe des démissionnaires reste très peu disert sur la suite de ce feuilleton.
«Ce qui est sûr, c’est que nous ne quittons pas le SDF pour aller nous croiser les bras. Nous allons poursuivre la lutte sous une forme ou sous une autre», se contentait d’indiquer Saïdou Maïdadi Yaya.
Avec les récentes démissions, le SDF connaît une énième crise qui se solde par des départs de ses cadres. En 1994, Basile Kamdoum avait quitté le SDF pour aller créer la Social democratic party (SDP), avant cde regagner finalement les rangs du RDPC au pouvoir. D’autres départs ont suivi. Un groupe d’intellectuels, formé de Charly Gabruel Mbock, Dorothy Kom, et de Siga Asanga, avaient été poussés à la porte en 1995, et avaient créé le Forum des sociaux démocrates, depuis lors invisible sur la scène politique. En 1999, l’ancien premier vice -président , Souleyman Mahamat, s’en était allé mettre sur pied le Social democratic movement (SDM) avec d’autres anciens militants.
Les observateurs en sont à s’interroger sur l’impact de tous ces départs. Toujours est-il que le SDF, même s’il demeure la principale force de l’opposition, a vu son poids politiques diminuer au fil des ans. Le parti qui comptait en 1997, 43 députés sur les 180 qui composent l’Assemblée nationale, devra se contenter de 21 sièges à l’hémicycle pour l’actuelle législature, selon les scores obtenus lors des élections du 30 juin.
par Valentin Zinga
Article publié le 01/08/2002