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Politique française

Règlements de comptes au Parti socialiste

Depuis la défaite de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle le 21 avril, son retrait définitif de la vie politique et le cinglant revers enregistré par le Parti socialiste aux élections législatives, c’est la débâcle au sein du PS. Les diverses sensibilités du parti s’affrontent depuis juin dernier et la parution du livre de Marie-Noëlle Lienemann devrait raviver les crises internes, à quelques jours de l’université d’été du PS à La Rochelle.
A dix jours de l’université d’été du Parti socialiste (PS) à La Rochelle, du 30 août au 1er septembre, le débat sur la ligne politique du parti s’accélère entre «gauche sociale» et «gauche moderne». A un point tel que François Hollande, premier secrétaire du PS, a essayé de mettre un bémol dans la lutte sans merci que se livrent les différents courants, depuis juin dernier.

L’offensive est d’abord venue d’Henri Emmanuelli et de Jean-Luc Mélenchon, respectivement à la tête des courants «Démocratie et Egalité» et «Gauche socialiste» qui ont publié le 13 août une tribune dans Le Monde. Ils y réclamaient notamment un virage à gauche du PS et appelaient à «tourner la page du système de la répartition des rôles qui a vécu avec la gauche plurielle», après les défaites cinglantes de leur camp à la présidentielle et aux législatives. Les autres courants n’ont pas tardé à réagir malgré les vacances : «la division de la gauche nous a coûté très cher» a jugé Claude Bartolone, ancien ministre. «A nous de voir si nous ne pouvons pas proposer à nos partenaires une union plus étroite», a, pour sa part, estimé Laurent Fabius.

L’inventaire de Marie-Noëlle Lienemann

Face à ce débat, qui devrait sans nul doute occuper les travaux de l’université d’été du parti, François Hollande a tempéré les avis divergents en proposant une «reconquête» à partir d’un projet politique partagé «non seulement par les socialistes mais par toute la gauche». Dans le Journal du Dimanche du 18 août, le premier secrétaire du PS a demandé à ses troupes d’éviter les règlements de compte à La Rochelle et a aussi souhaité «éviter un déballage» afin de «constituer une force socialiste qui sera demain l’élément essentiel de la reconquête». Lui emboîtant le pas, Vincent Peillon, porte-parole du PS, a invité les socialistes à dépasser le clivage «gauche sociale/gauche moderne qui paralyse le parti depuis plus de vingt ans».

Mais c’était sans compter une autre pique, celle de Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre de François Mitterrand et de Lionel Jospin, membre de la Gauche socialiste comme Jean-Luc Mélenchon ou Julien Dray, qui doit publier, le 29 août prochain aux éditions Ramsay un livre-réquisitoire contre l’ancien Premier ministre intitulé «Ma part d’inventaire». Dans cet ouvrage, elle met ouvertement et directement en cause Lionel Jospin dans la défaite présidentielle : «manifestement, il était un peu court pour être Président», écrit-elle ou encore «il aurait dû quitter Matignon beaucoup plus tôt. Il avait trop le nez dans le guidon». S’agissant du retrait de la vie politique de l’ancien Premier ministre, elle est tout aussi critique et acerbe : «La dignité, ce n’est pas d’abandonner son camp en rase campagne». Tout au long du livre, l’ancienne secrétaire d’Etat au Logement distille ces phrases assassines «à la hauteur, dit-elle, de la défaite de son camp».

Interrogé sur la sortie de ce livre critique vis-à-vis de Lionel Jospin, François Hollande a déclaré : «Nous n’avons besoin ni de réquisitoire, ni d’indulgence, simplement d’un examen lucide et collectif de ce que nous avons fait, même depuis 1981». Exaspérés par la tournure que prend le débat, certains se sont tournés vers Lionel Jospin, resté silencieux depuis son retrait de la vie politique après sa défaite du 21 avril dernier, même s’il a déclaré, la semaine dernière, qu’il ne resterait «pas toujours muet». A n’en pas douter, l’université d’été du PS risque d’être animée. Cette réunion sera l’occasion pour certains courants de prendre l’ascendant sur d’autres pour peser au mieux sur la nouvelle ligne politique du parti qui devrait être amorcée lors d’un congrès prévu en mai 2003.

Ecouter aussi :
Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre de François Mitterrand et de Lionel Jospin



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 20/08/2002