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Irak

Le spectre de la guerre semble s’éloigner

Washington semble plus que jamais isolé dans sa détermination à renverser le régime de Saddam Hussein. Après l’Allemagne, l’un des grands alliés européens des Etats-Unis qui a exclu toute participation de son armée à une attaque contre l’Irak, la Grande-Bretagne, pourtant principal soutien de la politique américaine dans la région, vient d’affirmer qu’une telle intervention était «moins justifiée» si Saddam Hussein acceptait un retour sans conditions des inspecteurs en désarmement de l’ONU. Moscou, qui s’apprête à signer avec Bagdad un accord économique de cinq ans pour un montant de 40 milliards de dollars, vient de réaffirmer son profond désaccord quant à un changement de régime en Irak. Sur le plan intérieur, seule une petite majorité d’Américains se déclare par ailleurs aujourd’hui favorable à une attaque contre l’Irak.
Pour la première fois depuis des semaines, la question de l’intervention américaine en Irak n’a pas été évoquée lors de la traditionnelle réunion du président Bush avec ses principaux conseillers en matière de sécurité. George Bush, qui a affirmé être «un homme patient», n’en écarte pas moins la nécessité d’une telle attaque. «Nous prenons au sérieux toutes les menaces et nous allons continuer à consulter nos amis et nos alliés», a-t-il notamment affirmé en soulignant qu’«un changement de régime en Irak était dans l’intérêt du monde». L’hypothèse d’une offensive à court terme ne semble donc plus d’actualité même si le général Tommy Franks, le chef du commandement central de l’armée américaine, a récemment affirmé qu’il oeuvrait à la préparation d’«options crédibles» à présenter au président Bush. Plusieurs responsables républicains –et non des moindres– ont par ailleurs appelé ces derniers jours l’administration Bush à la prudence sur le dossier irakien. Parmi ces personnalités, se trouvent notamment l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger et le général Norman Schwarskopf qui avait commandé les forces américaines durant la guerre du Golfe en 1991.

Seule une petite majorité d’Américains est par ailleurs favorable, selon un récent sondage, à l’envoi de forces américaines au sol en Irak. Ils ne sont en effet plus que 53% à souhaiter une telle opération contre 61% en juin et 74% en novembre dernier. Les Américains restent toutefois très hostiles au président irakien. 86% d’entre eux estiment en effet que Saddam Hussein appuie les groupes terroristes et 53% des personnes interrogées pensent qu’il est impliqué dans les attentats du 11 septembre. Si la cote de popularité du président Bush reste par ailleurs forte avec 65% d’opinions favorables, elle enregistre tout de même une baisse puisque le président américain était approuvé en juin dernier par pas moins de 76% de ces concitoyens.

Les britanniques pour la première fois réticents

Londres, qui traditionnellement s’aligne sur les positions de Washington, s’est pour la première fois montrée réticente à une intervention américaine en Irak. Le secrétaire au Foreign office, Jack Straw, a en effet officiellement affirmé qu’une attaque militaire contre le régime de Saddam Hussein serait «moins justifiée» si le président irakien acceptait «un retour sans conditions et sans restrictions des inspecteurs en désarmement de l’ONU». Le chef de la diplomatie britannique a certes réaffirmé que Saddam Hussein représentait toujours une menace «à la fois en raison de ses capacités militaires et de ses précédents» mais il a toutefois souligné que «la meilleure manière de tenter d’isoler et de réduire cette menace était d’introduire des experts en désarmement». C’est la première fois que Jack Straw, qui tout comme le Premier ministre Tony Blair est réputé pour son soutien inconditionnel à George Bush, exprime une telle position. Il est vrai que 72% des Britanniques se sont récemment prononcés contre une intervention en Irak et que de plus en plus de travaillistes critiquent ouvertement l’alignement de Londres sur les positions américaines.

Cette désaffection britannique isole donc un peu plus l’administration américaine, les principaux alliés de Washington en Europe et dans le monde arabe étant déjà presque tous opposés à une intervention contre le régime de Saddam Hussein. Ils s’inquiètent notamment des conséquences qu’une telle offensive pourrait avoir dans la région.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 23/08/2002