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Politique française

Dominique Voynet tire sa révérence

La secrétaire générale des Verts confirme, dans Le Monde, avant de l’annoncer officiellement devant les militants écologistes, ce jeudi après-midi, qu’elle va quitter ses fonctions dès le congrès de décembre, à Nantes. Elle affirme ressentir le «besoin» de s’exprimer «de façon plus libre».
«Je prends un peu de champ. Ce n’est pas un renoncement à la vie séculière. C’est aussi l’occasion de reprendre pied dans une activité professionnelle». C’est ainsi que Dominique Voynet explique les raisons de son départ imminent de la direction des Verts. «J’assume de lourdes responsabilités depuis dix ans. Pendant ces années, je me suis exprimée de façon contrainte, par solidarité gouvernementale ou parce que je parlais au nom d’un groupe. Je ressens le besoin de m’exprimer de façon plus libre et d’assumer mes réflexions et mes convictions», ajoute-t-elle, dans Le Monde. Cette annonce intervient lors des Journées d’été du mouvement écologiste, en Vendée, au moment où les Verts abordent le chantier de la reconstruction de leur parti après la déroute électorale de la gauche en mai et juin dernier.

A 43 ans, Dominique Voynet incarne tout à la fois la percée politique et le bilan mitigé d’un courant écologiste de gauche en France. Chef du file du mouvement écologiste depuis 1994, elle a été élue secrétaire nationale des Verts en juin 2001. Auparavant ministre délégué à l’Environnement et à l’Aménagement du territoire de 1997 à 2001, ses bilans tant à la tête du ministère qu’à celle des Verts apparaissent contrastés. De son passage dans l’équipe de Lionel Jospin, Dominique Voynet ne veut retenir que ses lois sur l’eau et sur la chasse alors que ses détracteurs continuent de lui reprocher ses déclarations tendant à minimiser la catastrophe de l’Erika.

Elle restera cependant comme le premier membre de son parti, qui n’était alors qu’une formation marginale de la gauche, à accéder à de hautes responsabilités gouvernementales. Candidate à l’élection présidentielle de 1995, elle n’a réalisé que 3,32% des voix au premier tour, un peu moins que Brice Lalonde en 1981 et Antoine Waechter en 1988. Mais cette campagne avait eu le mérite de marquer son ascension politique et médiatique. Elue députée du Jura en 1997, elle a fondé son programme en grande partie sur le thème écologique et notamment sur l’arrêt du projet du canal Rhin-Rhône. Mais en mars 2001, elle échoue à conquérir la mairie de Dôle et est battue un an plus tard aux législatives.

Réactions en rafale

«C’est une forte personnalité qui a sorti le parti de l’ornière et continuera à exister chez les Verts», a déclaré Noël Mamère, député de Gironde et ancien candidat de la formation à la présidentielle. De son côté, Jean-Luc Bennahmias, qui a été lui-même secrétaire national des Verts, a estimé que l’ex-ministre avait simplement besoin de respirer. «Les Verts sont un mouvement passionnant mais totalement épuisant», a-t-il dit. D’autres comme Yves Contassot, responsable du parti et adjoint au maire de Paris chargé de l’Environnement, n’ont pas apprécié la manière dont Dominique Voynet envisageait d’annoncer son départ. Dans la même veine, Martine Billard, députée de Paris et membre de la gauche des Verts, qui n’a jamais caché son opposition à la secrétaire nationale, considère ce départ comme «une bonne chose». «On a besoin de quelqu’un qui remobilise le parti», a-t-elle assuré.

François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, a quant à lui, salué sur France 2, «l’attitude respectable» de Dominique Voynet estimant qu’il «n’est pas anormal, ce serait même d’ailleurs la logique, qu’après une défaite électorale, il y ait un certain nombre de conséquences». Une situation qu’il a d’ailleurs bien connue, après la défaite de Lionel Jospin à la présidentielle et son retrait de la vie politique française, le 21 avril dernier.

Marie-Hélène Aubert, ancienne députée verte d’Eure-et-Loir semble la grande favorite pour succéder à Dominique Voynet à la direction des Verts, lors du prochain congrès, en décembre, à Nantes. «Je suis disponible pour prendre la succession», a-t-elle fait savoir avant même l’annonce officielle de l’ancienne ministre de l’Environnement.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 29/08/2002