Irak
Les menaces américaines se précisent
L’administration américaine, qui la semaine dernière encore semblait indécise face à l’opportunité de l’imminence d’une intervention militaire en Irak, semble aujourd’hui plus que jamais décidée à en découdre rapidement avec le régime de Saddam Hussein. Le vice-président Dick Cheney a en effet affirmé lundi qu’une «intervention préventive» contre Bagdad était aujourd’hui plus que nécessaire. Pourtant de nombreuses voix, notamment dans le clan républicain, s’élèvent contre une telle offensive, estimant que ce projet doit d’abord être approuvé par le Congrès américain. Or des experts juridiques viennent de balayer cette contrainte en affirmant, qu’en cas d’attaque, le président Bush pourrait se passer du feu vert des élus américains. Et comme pour donner foi à ces menaces de guerre imminente, les cours du pétrole se sont envolés mardi.
George Bush affirmait encore la semaine dernière qu’il était «un homme patient». Interrogé à l’issue de la traditionnelle réunion sur les questions de sécurité, il avait même déclaré que le dossier irakien n’avait pas été à l’ordre du jour des discussions avec ses plus proches collaborateurs, ce qui n’avait pas été le cas depuis plusieurs semaines. Mais une fois de plus, le président américain vient d’être soumis aux pressions des faucons de son entourage. Et les récentes déclarations de Dick Cheney confirment que, loin d’être abandonnée ou reportée, l’option militaire est aujourd’hui plus que jamais envisagée. Le vice-président américain a en effet affirmé, devant un parterre d’anciens combattants, que «les risques de l’inaction sont aujourd’hui plus grands que ceux de l’action». Il a estimé qu’il ne fallait pas attendre que Saddam Hussein se dote de l’arme nucléaire avant de réagir, soulignant que «face à une menace mortelle, il ne faut pas céder à l’aveuglement en prenant nos désirs pour des réalités». Les Etats-Unis, a-t-il également déclaré, «ne vivront pas à la merci de terroristes ou de régimes de terreur». Ses propos très virulents du vice-président américain contrastent singulièrement avec la prudence qui était de mise depuis quelques semaines au sein de l’administration américaine largement isolée sur le plan international à cause de sa détermination à éliminer le régime de Saddam Hussein.
Plusieurs poids-lourds du clan républicain s’étaient également joints aux réticences des principaux alliés arabes et européens de Washington sur l’opportunité d’une intervention militaire contre l’Irak. L’ancien secrétaire d’Etat James Baker, aux affaires en 1991 pendant la guerre du Golfe, a ainsi appelé la semaine dernière l’administration Bush à la prudence. «Bien que les Etats-Unis aient de grandes chances de réussir, nous devons faire de notre mieux pour éviter de mener cette action seuls», a-t-il notamment déclaré, estimant que «le président américain devait rejeter les conseils de ceux qui lui disent d’agir de cette façon». James Baker a également insisté sur les risques et les coûts que représenterait une telle opération, aussi bien en termes politiques, économiques que militaires. Son analyse est largement partagée par l’ancien secrétaire d’Etat Lawrence Eagleburger qui estime qu’il n’y a «aucune preuve claire que Saddam Hussein possède des armes de destruction massive».
Bush pourrait se passer du feu vert du Congrès
L’éventualité d’une intervention militaire unilatérale en Irak mobilise depuis plusieurs semaines les débats au Congrès américain. Et plusieurs experts ont été invités à s’expliquer sur l’opportunité ou non d’attaquer le régime de Saddam Hussein. Ces débats avaient pour principal objectif de préparer l’opinion et les élus américains à une offensive et il semblait acquis que le Congrès serait invité à se prononcer sur la question. Or des experts juridiques de la Maison blanche viennent de conclure que le président Bush n’avaient pas besoin de l’approbation des parlementaires américains pour lancer une intervention en Irak. Ces experts se basent notamment sur une résolution du Congrès adoptée en 1991 qui a autorisé le père de l’actuel président à utiliser la force militaire lors de la guerre du Golfe. Une résolution qui à leurs yeux est aujourd’hui toujours valable. Ils se basent également sur la Constitution américaine qui fait du président le commandant en chef des forces armées. Ils évoquent enfin une autre résolution votée le 14 septembre dernier qui donne au gouvernement la possibilité d’utiliser la manière forte contre les organisations terroristes.
La Maison blanche a toutefois laissé une porte ouverte à une éventuelle consultation du Congrès. «Le président, s’il fallait en arriver là, prendrait en considération plusieurs facteurs juridiques, politiques et historiques», a ainsi affirmé Ari Fleischer, le porte-parole de la présidence américaine. «Il consulterait le Congrès car le Congrès a un rôle important à jouer», a-t-il assuré. La possibilité de passer outre l’opinion des parlementaires américains semble inquiéter certaines personnalités. L’ancien secrétaire à la Défense, le républicain William Cohen, a ainsi estimé que le président Bush «pourrait être rapidement plongé dans une position politique délicate si la guerre qu’il aurait lancée selon son seul avis ne se passait pas bien».
Plusieurs poids-lourds du clan républicain s’étaient également joints aux réticences des principaux alliés arabes et européens de Washington sur l’opportunité d’une intervention militaire contre l’Irak. L’ancien secrétaire d’Etat James Baker, aux affaires en 1991 pendant la guerre du Golfe, a ainsi appelé la semaine dernière l’administration Bush à la prudence. «Bien que les Etats-Unis aient de grandes chances de réussir, nous devons faire de notre mieux pour éviter de mener cette action seuls», a-t-il notamment déclaré, estimant que «le président américain devait rejeter les conseils de ceux qui lui disent d’agir de cette façon». James Baker a également insisté sur les risques et les coûts que représenterait une telle opération, aussi bien en termes politiques, économiques que militaires. Son analyse est largement partagée par l’ancien secrétaire d’Etat Lawrence Eagleburger qui estime qu’il n’y a «aucune preuve claire que Saddam Hussein possède des armes de destruction massive».
Bush pourrait se passer du feu vert du Congrès
L’éventualité d’une intervention militaire unilatérale en Irak mobilise depuis plusieurs semaines les débats au Congrès américain. Et plusieurs experts ont été invités à s’expliquer sur l’opportunité ou non d’attaquer le régime de Saddam Hussein. Ces débats avaient pour principal objectif de préparer l’opinion et les élus américains à une offensive et il semblait acquis que le Congrès serait invité à se prononcer sur la question. Or des experts juridiques de la Maison blanche viennent de conclure que le président Bush n’avaient pas besoin de l’approbation des parlementaires américains pour lancer une intervention en Irak. Ces experts se basent notamment sur une résolution du Congrès adoptée en 1991 qui a autorisé le père de l’actuel président à utiliser la force militaire lors de la guerre du Golfe. Une résolution qui à leurs yeux est aujourd’hui toujours valable. Ils se basent également sur la Constitution américaine qui fait du président le commandant en chef des forces armées. Ils évoquent enfin une autre résolution votée le 14 septembre dernier qui donne au gouvernement la possibilité d’utiliser la manière forte contre les organisations terroristes.
La Maison blanche a toutefois laissé une porte ouverte à une éventuelle consultation du Congrès. «Le président, s’il fallait en arriver là, prendrait en considération plusieurs facteurs juridiques, politiques et historiques», a ainsi affirmé Ari Fleischer, le porte-parole de la présidence américaine. «Il consulterait le Congrès car le Congrès a un rôle important à jouer», a-t-il assuré. La possibilité de passer outre l’opinion des parlementaires américains semble inquiéter certaines personnalités. L’ancien secrétaire à la Défense, le républicain William Cohen, a ainsi estimé que le président Bush «pourrait être rapidement plongé dans une position politique délicate si la guerre qu’il aurait lancée selon son seul avis ne se passait pas bien».
par Mounia Daoudi
Article publié le 27/08/2002