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Politique française

Guerre des clans et divisions au Parti socialiste

C'est l'heure du bilan au Parti socialiste (PS), alors que s'ouvre à la Rochelle son université d'été intitulée Construire la gauche du XXIème siècle. Depuis les défaites cuisantes de la présidentielle et des législatives, le parti dirigé par François Hollande et privé de Lionel Jospin depuis le 21 avril, n'arrive pas à faire face à la guerre que se livrent «anciens» et «modernes». Le bal des détracteurs est donc ouvert.
Le ton ne cesse de monter au sein de la principale formation de gauche qui se débat dans les affres de la défaite depuis l'échec de son candidat Lionel Jospin, le 21 avril, au premier tour de l'élection présidentielle. Entre «anciens» et «modernes», il semble que se soit maintenant l’heure de l’«inventaire» de l’époque Jospin à grand renfort de tribunes dans la presse, de trahisons, de guerre des clans et avec en point d’orgue, la publication d’un livre réquisitoire contre l’ancien Premier ministre signé par Marie-Noëlle Lienemann.

L’université d’été du PS qui se tient à La Rochelle, du 30 août au 1er septembre, risque fort d’être le lieu privilégié et tout désigné pour procéder à des règlements de comptes entre anciens amis. Traumatisés par le «coup de tonnerre» du 21 avril et du 16 juin - second tour des législatives - les ténors du Parti socialiste n’ont pas attendu l’université d’été pour déterrer la hache de guerre et s’adresser des amabilités. Depuis le désaveu des urnes, le parti a connu toute une série de remous au premier rang desquels la levée de boucliers, fin juin, autour de la nomination de Laurent Fabius au poste de numéro 2 du parti sans compter la plus récente ; la parution du livre de l’ancienne secrétaire d’Etat au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, figure de proue de la «gauche socialiste». Si cet ouvrage, intitulé Ma part d’inventaire a fait couler beaucoup d’encre au sein du parti lui-même, il aura au moins eu l’avantage de crever un abcès.

François Hollande dans le rôle de l’arbitre

Lionel Jospin «qui a abandonné son camp en rase campagne», comme l’a écrit Marie-Noëlle Lienemann, sera le grand absent de la rencontre annuelle. Toutefois, l’ancien Premier ministre a prévenu, il y a deux semaines, qu’il ne resterait «pas toujours muet» et son retour sur la scène politique est sollicité par certains socialistes exaspérés par la tournure que prend le débat au sein du parti. François Hollande, qui tient la barre du PS depuis le départ précipité et inattendu de Lionel Jospin, essaie de faire au mieux pour tenir ses troupes et éviter que la situation ne tourne au pugilat.

Cependant, le premier secrétaire du PS risque de se retrouver, durant ces trois jours, dans une position fort inconfortable : celle de celui qui arbitre entre «anciens» et «modernes» et qui, le cas échéant, distribue les bons et les mauvais points. Mais, c’est la perceptive du congrès du parti prévu en mai 2003, à Dijon, qui a redonné des ailes aux différentes sensibilités désireuses, chacune, d’imposer leur ligne à un parti en pleine déroute. Alors que certains prônent un socialisme libéral à l’anglo-saxonne, comme Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, d’autres comme Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon, Julien Dray ou Marie-Noëlle Lienemann souhaitent donner un coup de barre à gauche. Quant à Arnaud Montebourg, chef de file de la Convention pour la VIe République (C6R), il s’efforce de constituer un courant fédérant les dissidents des différentes sensibilités.

Va-t-on de nouveau voir éclater, ce week-end, des divisions internes comme au congrès de Rennes en 1990 alors que la rencontre a pour thème la reconstruction d’un parti capable d’affronter l’UMP, le grand parti de droite ? A n’en pas douter, cette université d’été risque d’être très animée.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 30/08/2002