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Irak

Europe-USA: le bras de fer continue

De plus en plus critiqués par leurs alliés européens et du monde arabe, les Etats-Unis se sont engagés à consulter leurs partenaires et le Congrès américain avant toute intervention militaire en Irak. Et les ministres des Affaires étrangères des Quinze, réunis samedi à Elseneur (nord de Copenhague), ont estimé que l'Irak "doit accepter immédiatement" les inspections
de l'ONU sur son territoire. Auparavant la proposition britannique d’imposer un ultimatum à Bagdad a été accueilli avec scepticisme par Washington qui est plus que jamais décidé à renverser le régime de Saddam Hussein que celui-ci accepte ou non une mission des inspecteurs de l’ONU.
Après avoir accusé Bagdad de chercher à se procurer des armes de destruction massive, Washington affirme aujourd’hui que l’Irak possède déjà des armes bactériologiques et chimiques et mène un «programme agressif» pour se doter de la bombe nucléaire. Ces accusations, proférées par Dick Cheney, sont destinées à justifier aux yeux des Américains la nécessité d’agir vite contre le régime de Saddam Hussein qui chercherait, selon le vice-président américain, à «dominer le Proche-Orient» et à soumettre le monde au «chantage nucléaire». «Le temps joue contre nous et les risques de l’inaction sont plus importants que ceux de l’action», a-t-il une nouvelle fois affirmé, ouvrant plus que jamais la porte à une opération militaire. Et si l’administration américaine ne semble pas prête à renoncer à renverser le régime de Saddam Hussein, elle semble prendre en revanche plus en considération les réticences internes et celles de ses alliés européens et du monde arabe. La Maison blanche, qui avait la semaine dernière affirmé que l’approbation du Congrès n’était pas nécessaire en cas d’intervention militaire en Irak, vient ainsi de déclarer que les élus américains seront consultés avant toute action.

Washington a également assuré vouloir agir avec prudence et en concertation avec ses alliés. Le président Bush a ainsi réaffirmé qu’il était «un homme prudent» mais , a-t-il ajouté, «nous ne saurons permettre aux pires dirigeants d’avoir les pires armes». Il est vrai que les critiques se sont multipliées ces derniers jours contre la politique américaine jugée «unilatérale». Jacques Chirac a, et pour la première fois, condamné jeudi toute éventuelle action militaire «unilatérale et préventive» des Etats-Unis contre l’Irak, affirmant que cette décision appartenait au conseil de sécurité des Nations unies dans le cas où Bagdad refuserait le retour des inspecteurs en désarmement. «Si Bagdad s’obstine à refuser le retour sans conditions des experts de l’ONU, il faudra alors que le conseil de sécurité, et lui seul, soit en mesure de décider des mesures à prendre», a notamment déclaré le président français. Le chancelier allemand Gerhard Schröder, a pour sa part estimé que la promesse américaine de consulter ses alliés «ne suffisait désormais plus». «Quand on prend au sérieux le principe de consultations, a-t-il souligné, elles ne doivent pas avoir lieu sur la question de quand ou de comment, mais sur la question de savoir si on le fait».

Washington sceptique sur un ultimatum à Saddam Hussein

La Grande-Bretagne, alliée traditionnel des Etats-Unis et soumise à une opposition de plus en plus importante quant à une intervention militaire en Irak, a proposé d’imposer un ultimatum à Saddam Hussein pour le retour sans condition des experts en désarmement de l’ONU. Mais Washington s’est déclaré très sceptique face à cette proposition, estimant que ce retour ne changeait rien à sa décision de renverser coûte que coûte le régime de Saddam Hussein. Le porte-parole du département d’Etat, Richard Boucher, a ainsi affirmé que le changement de régime était «la seule façon de résoudre le problème irakien», écartant l’idée que Bagdad puisse coopérer avec les inspecteurs de l’ONU. «S’il y avait un régime en Irak qui ne se livrait pas à des tricheries et à des dissimulations mais essayait de se comporter correctement avec la communauté internationale, les inspecteurs seraient plus utiles», a-t-il notamment souligné.

L’Irak semble s’être de son côté résigné à une frappe américaine. Le vice-président Taha Yassine Ramadan a en effet exclu un retour des experts de l’ONU estimant qu’il n’empêcherait pas les Etats-Unis d’attaquer son pays. «A quoi servirait un geste de bonne volonté du moment que l’administration américaine proclame jour et nuit que le problème n’est pas là», a-t-il souligné. Le président Saddam Hussein, convaincu d’une offensive américaine imminente, a d’ailleurs examiné avec des responsables militaires irakien les moyens de faire face à une telle attaque.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 31/08/2002