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Economie française

Rentrée 2002 : un numéro d’équilibriste

Pour sa première «rentrée», le gouvernement Raffarin va devoir se livrer à un numéro d’équilibrisme : un budget pour 2003 conciliant augmentation des dépenses de sécurité et de justice et baisse des impôts tandis que la croissance sera d’un piètre secours. Et une relance du dialogue social sur des thèmes, assouplissement des 35 heures, salaire minimum et baisse des charges, qui ne font pas l’unanimité.
«Beaucoup de travail et beaucoup de sérénité», c’est ainsi que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin voit la première rentrée de son gouvernement. Du travail, il y en aura, car l’équipe du Premier ministre a du pain sur la planche avec un programme de réformes chargé : loi de programmation militaire, loi de finances pour 2003, harmonisation du salaire minimum, baisse des charges sociales et des impôts. La réalisation des promesses de campagne de Jacques Chirac est à ce prix et Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé qu’il s’y tiendrait.

De la sérénité, il en faudra aussi car la conjoncture économique n’est pas favorable au gouvernement. On attendait 3% de croissance en 2003, ce qui aurait permis de rattraper, en partie, les allégements d’impôts. Les plus optimistes tablent désormais sur une croissance plus proche de 2,5% et les moins optimistes sur 2% seulement.

Sur le front social, également, le gouvernement devra faire face à des tensions entre le patronat et les syndicats. Ernest-Antoine Seillière, président du Mouvement des entreprises de France (Medef) veut qu’on aille vite et loin dans l’assouplissement des 35 heures de travail hebdomadaire. Plus loin, semble-t-il, que ne souhaiterait le ministre des Affaires sociales François Fillon, et beaucoup trop loin, à l’évidence, pour les organisations syndicales.

Priorités et hiérarchie

Afin d’harmoniser les six salaires minima qui coexistent aujourd’hui une augmentation sur plusieurs années est prévue. Elle devra préserver le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes et, pour ne pas entraîner de conséquences néfastes sur l’emploi, s’accompagner d’une baisse des charges sociales, notamment patronales. Mais alors, comment éviter que les comptes de la protection sociale ne virent au rouge ?

Pour faire des économies, le gouvernement envisage de ne pas remplacer intégralement les 58 000 fonctionnaires qui prendront leur retraite en 2003, au risque de susciter des mouvements de mécontentement dans la fonction publique.

Devant la complexité de la tâche, beaucoup ont supposé que le gouvernement allait établir des priorités entre ses différents engagements. Impôts ou charges sociales, dépenses publiques et respect du pacte de stabilité européen. Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement a tenu à remettre les choses au point : «Il n’y a ni pause, ni changement de cap» a-t-il affirmé, niant toute hiérarchisation entre baisses des impôts ou des charges.

La situation est d’autant plus difficile qu’au cours de la période estivale les critiques sur une baisse des impôts profitant davantage aux plus riches, l’absence de coup de pouce aux bas salaires et la revalorisation de 70% des traitements des ministres se sont accumulées. Dans la majorité certains font entendre leur voix tels Pierre Méhaignerie, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, ou Philippe Douste-Blazy, secrétaire général de l’UMP, estimant que l’augmentation des bas salaires, donc du pouvoir d’achat, donc de la consommation, devait être une priorité du gouvernement.



par Francine  Quentin

Article publié le 29/08/2002