Corse
La question des prisonniers : un préalable au dialogue
Une semaine après la visite de Jean-Pierre Raffarin et de Nicolas Sarkozy, les nationalistes corses tenaient les 21e Journées internationales de Corte. Ils ont demandé au gouvernement de prouver sa volonté de dialogue par des gestes concrets, au premier rang desquels le regroupement sur l’île des prisonniers nationalistes.
Tenues comme chaque été à Corte, les rencontres nationalistes lancées en 1981, ont été l’occasion de discuter de l’offre de dialogue faite une semaine plus tôt par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin venu rejoindre en Corse son ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Le 27 juillet, les deux hommes ont en effet marqué leur volonté de renouer le dialogue avec les élus corses et se sont engagés à faire de l’île de Beauté le «précurseur» du grand chantier de la décentralisation qui devrait être lancé en octobre prochain. Les indépendantistes corses, sensibles à ce geste, ont prévenu le gouvernement qu’ils le jugeraient sur ses actes et l’ont clairement appelé à agir, au plus vite, sur le dossier sensible des «prisonniers politiques» de l’île.
Le porte-parole des indépendantistes, Jean-Guy Talamoni - absent le samedi du rassemblement car il assistait au mariage de Charles Pieri, l’une des figures du mouvement récemment sorti de prison après quatre ans d’incarcération pour détention d’armes et d’explosifs en relation avec une entreprise terroriste - a affirmé qu’un geste du gouvernement en faveur de ces prisonniers nationalistes «dans les semaines à venir» serait «un élément important de déblocage». «La question des prisonniers est centrale et prioritaire dans l’ordre chronologique parce que nous attendons un geste depuis des années», a-t-il déclaré dimanche soir, lors de la clôture des 21e Journées internationales de Corte.
Pour Charles Pieri, ancien secrétaire national de l’organisation séparatiste A Cuncolta, «nous ne sommes pas là pour poser des préalables mais des actes concrets peuvent atténuer le déficit de confiance» dans le gouvernement, a-t-il déclaré à la chaîne publique France 2, à la fin du rassemblement. Les nationalistes réclament en effet depuis des années l’ouverture d’un centre de détention en Corse, seule région française à ne pas en posséder un. Il s’agirait d’y incarcérer des détenus qui purgent actuellement leurs peines dans des prisons en métropole.
Les nationalistes prônent l’autonomie
Independenza demande en effet que ces prisonniers soient «rapprochés» de leurs familles grâce à l’ouverture d’un centre de détention en Corse. La création d’un centre de détention à Borgo avait été évoquée, le 27 octobre 2001 par l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, aussitôt désavoué par la ministre de la Justice Marylise Lebranchu, qui avait alors estimé que «ce n’était pas le moment». Ce regroupement des prisonniers, préalable implicite posé par les nationalistes corses, ce week-end, à une reprise du dialogue constitue un véritable casse-tête politique et juridique depuis des années. La question du regroupement des détenus corses semble donc servir de test pour le gouvernement Raffarin, après avoir plombé le dialogue avec le précédent gouvernement.
Sur le plan politique cette fois, les nationalistes ont demandé avec insistance une réforme institutionnelle. La mouvance indépendantiste a rejeté catégoriquement la proposition du Premier ministre d’intégrer l’évolution statutaire de la Corse dans le cadre général du projet de décentralisation que le gouvernement entend mettre en œuvre. Les nationalistes préconisent en revanche, dans un premier temps, la refonte de la carte administrative avec la suppression des deux Conseils généraux et l’octroi de pouvoirs étendus, notamment législatifs, à l’Assemblée corse. Dans un second, ils militent pour la création d’une Assemblée nationale provisoire issue d’élections organisées.
Ces projets d’autonomie pour l’île de Beauté, achetée par la France en 1768, se sont déjà heurtés au refus du Conseil constitutionnel. Le gardien des institutions avait en effet rejeté, le 17 janvier 2002, la principale disposition qui prévoyait d’accorder le droit à l’assemblée locale corse d’adapter des lois nationales. L’ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, comme ses prédécesseurs, n’avait pas réussi à résoudre l’explosif dossier corse malgré des efforts de dialogue officiel inédit avec les nationalistes.
Le porte-parole des indépendantistes, Jean-Guy Talamoni - absent le samedi du rassemblement car il assistait au mariage de Charles Pieri, l’une des figures du mouvement récemment sorti de prison après quatre ans d’incarcération pour détention d’armes et d’explosifs en relation avec une entreprise terroriste - a affirmé qu’un geste du gouvernement en faveur de ces prisonniers nationalistes «dans les semaines à venir» serait «un élément important de déblocage». «La question des prisonniers est centrale et prioritaire dans l’ordre chronologique parce que nous attendons un geste depuis des années», a-t-il déclaré dimanche soir, lors de la clôture des 21e Journées internationales de Corte.
Pour Charles Pieri, ancien secrétaire national de l’organisation séparatiste A Cuncolta, «nous ne sommes pas là pour poser des préalables mais des actes concrets peuvent atténuer le déficit de confiance» dans le gouvernement, a-t-il déclaré à la chaîne publique France 2, à la fin du rassemblement. Les nationalistes réclament en effet depuis des années l’ouverture d’un centre de détention en Corse, seule région française à ne pas en posséder un. Il s’agirait d’y incarcérer des détenus qui purgent actuellement leurs peines dans des prisons en métropole.
Les nationalistes prônent l’autonomie
Independenza demande en effet que ces prisonniers soient «rapprochés» de leurs familles grâce à l’ouverture d’un centre de détention en Corse. La création d’un centre de détention à Borgo avait été évoquée, le 27 octobre 2001 par l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, aussitôt désavoué par la ministre de la Justice Marylise Lebranchu, qui avait alors estimé que «ce n’était pas le moment». Ce regroupement des prisonniers, préalable implicite posé par les nationalistes corses, ce week-end, à une reprise du dialogue constitue un véritable casse-tête politique et juridique depuis des années. La question du regroupement des détenus corses semble donc servir de test pour le gouvernement Raffarin, après avoir plombé le dialogue avec le précédent gouvernement.
Sur le plan politique cette fois, les nationalistes ont demandé avec insistance une réforme institutionnelle. La mouvance indépendantiste a rejeté catégoriquement la proposition du Premier ministre d’intégrer l’évolution statutaire de la Corse dans le cadre général du projet de décentralisation que le gouvernement entend mettre en œuvre. Les nationalistes préconisent en revanche, dans un premier temps, la refonte de la carte administrative avec la suppression des deux Conseils généraux et l’octroi de pouvoirs étendus, notamment législatifs, à l’Assemblée corse. Dans un second, ils militent pour la création d’une Assemblée nationale provisoire issue d’élections organisées.
Ces projets d’autonomie pour l’île de Beauté, achetée par la France en 1768, se sont déjà heurtés au refus du Conseil constitutionnel. Le gardien des institutions avait en effet rejeté, le 17 janvier 2002, la principale disposition qui prévoyait d’accorder le droit à l’assemblée locale corse d’adapter des lois nationales. L’ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, comme ses prédécesseurs, n’avait pas réussi à résoudre l’explosif dossier corse malgré des efforts de dialogue officiel inédit avec les nationalistes.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 05/08/2002