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Eglise catholique

Deux millions de fidèles acclament le pape

Plus de 2 millions de personnes ont assisté dimanche à la messe célébrée par le pape Jean-Paul II dans les environs de Cracovie. L’ancien archevêque de ce diocèse polonais n’a pas exclu que de voyage dans son pays natal soit le dernier.
La troisième journée du voyage du pape Jean-Paul II dans son pays et sa région natale a été marquée par la plus grande messe jamais célébrée en Pologne. Plus de deux millions de personnes, Polonais mais aussi venues de nombreux pays voisins, ont participé à l’office dimanche sur l’esplanade de Blonia près de Cracovie. Le souverain pontife a mis en garde contre les dangers du millénaire qui commence car a-t-il dit «devant l’humanité s’ouvrent de nouvelles perspectives de développement et, en même temps, des dangers jamais connus jusqu’à présent».

L’homélie du pape a été jugée particulièrement longue, surtout en raison de son état de santé très dégradé. Sur ce point, Jean-Paul II s’en est remis à Dieu est disant «je voudrais vous dire au revoir, mais cela est entièrement entre les mains de Dieu». Il a ainsi démenti la rumeur qui circulait depuis quelques mois, selon laquelle il profiterait de ce voyage en Pologne pour démissionner et rester finir ses jours dans son pays.

Le huitième déplacement en Pologne de Jean-Paul II depuis qu’il est devenu pape de l’Eglise catholique, en 1978, n’a pas démenti la popularité dont l’ancien évêque de Cracovie jouit dans son pays natal. Déjà, samedi, un long office religieux de plus de deux heures avait rassemblé 14 000 fidèles venus assister à la consécration par le Pape Jean-Paul II de la basilique de la Divine Miséricorde, dans les environs de Cracovie. Parmi les fidèles, l’ancien président polonais et chef historique du syndicat Solidarité, Lech Walesa, ainsi que l’actuel Premier ministre Tadeusz Mazowiecki.

Ce sont en fait plus de 200 000 personnes, polonais mais aussi des catholiques venus d’autres pays d’Europe de l’est qui ont ovationné le pape sur son passage en papamobile depuis Cracovie. «L'invocation de la miséricorde divine, a dit Jean-Paul II, semble se lever de tous les continents, là où la souffrance humaine est la plus profonde. Là où la haine et la soif de vengeance dominent, là où la guerre sème la douleur et la mort des innocents, la grâce de la miséricorde divine est attendue pour apaiser les esprits et les coeurs et pour faire jaillir la paix».

A 82 ans, Jean-Paul II retrouve donc ses racines, il se rendra sur la tombe de ses parents, lundi prochain, jour de son anniversaire. La veille, il se sera recueilli dans un couvent, fréquenté durant sa jeunesse, lorsqu’il était simple ouvrier d’une usine chimique, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mais il semble que ce pèlerinage ait aussi pour objectif de redonner de l’élan à la foi des Polonais et à l’Eglise locale, qui n’a pas été épargnée par les scandales de mœurs dénoncées dans l’église catholique. Récemment, un des anciens collaborateurs de Jean-Paul II, l’archevêque de Poznan, a dû démissionner, accusé de harcèlement sexuel. Quant à la population, elle reste catholique à 90% et pratiquante à 50%mais regarde l’avenir avec une certaine inquiétude.

Nouvelles perspectives européennes

Le chômage dépasse aujourd’hui les 17% et les Polonais ne savent pas très bien si les choses iront vraiment mieux après l’adhésion de leur pays à l’Union européenne, prévue en 2004. Jean-Paul II va donc tenter de les rassurer, lui qui a toujours soutenu l’élargissement de l’Europe, y compris à la Pologne. Son attitude a certainement contribué à convaincre l’Eglise polonaise, qui craint que le pays ne perde ses valeurs chrétiennes. Les plus radicaux affirment que l’avortement, l’euthanasie et le mariage des homosexuels seront alors permis dans leur pays. Mais selon des sondages récents, 66% des Polonais ont l’intention de dire oui à l’Europe lors du référendum national, prévu l’an prochain.

Enfin, Jean-Paul II pourrait s’attirer un peu plus encore les foudres de la hiérarchie orthodoxe russe lors de ce voyage. Le pape prévoit en effet de béatifier un ancien archevêque de Varsovie, pionnier du catholicisme en Russie, Mgr Felinski, déporté pendant 20 ans en Sibérie et mort à la fin du XIXe siècle. La Russie est l’un des rares pays que le pape n’a jamais visité, en raison de l’opposition catégorique du Patriarche Alexi II.

Ecouter également :

Bronislaw Geremek, historien et ancien ministre polonais des Affaires étrangères au micro d'Emmanuelle Bastide.



par Caroline  Olive

Article publié le 18/08/2002