Turquie
Démission du très populaire Kemal Dervis
Le très populaire ministre turc de l’Economie, Kemal Dervis, a démissionné samedi de son poste, fragilisant encore un peu plus le gouvernement du Premier ministre Bulent Ecevit, absent depuis plusieurs mois de la scène politique pour des raisons de santé. Kemal Dervis avait déjà démissionné le mois dernier avant de revenir sur sa décision pour poursuivre les réformes économiques engagées pour sortir la Turquie de la très grave crise financière qui la frappe depuis plus d’un an.
La démission de Kemal Dervis était devenue un secret de polichinelle en Turquie et les rumeurs sur son imminence avaient même fait chuter légèrement le cours de la bourse vendredi. Pressé par le Premier ministre Bulent Ecevit de choisir entre son poste au gouvernement et ses activités politiques visant à unir un front commun de la gauche divisée en vue des législatives anticipées de novembre prochain, le ministre de l’Economie, un technocrate n’appartenant pour l’instant à aucune formation politique, a donc choisi de quitter le gouvernement. «Nous avons besoin d’un gouvernement fort à l’issue des élections», a-t-il déclaré après l’annonce de sa démission en affirmant que la Turquie avait devant elle «un chemin difficile». Le parlement turc avait, le 31 juillet dernier, adopté à une très large majorité la date du 3 novembre pour des élections anticipées destinées à mettre fin à une crise politique qui fragilise le pays depuis des mois.
Le départ de Kemal Dervis fait suite à celui de nombreux anciens alliés du Premier ministre Bulent Ecevit, lassés de son refus de démissionner malgré sa santé fragile et à un moment où la Turquie a plus que jamais besoin de réformes politiques et économiques en profondeur si elle ne veut pas manquer son rendez-vous avec l’Union européenne au sein de laquelle elle cherche à adhérer. Sept ministres, dont Ismaïl Cem, le chef de la diplomatie et Hüsamettin Özkan, le vice-Premier ministre –tous deux pourtant très proches de Bulent Ecenvit– avaient ainsi quitté le gouvernement. Soixante-deux députés, membres du Parti de la gauche démocratique (DSP), la formation du Premier ministre, avaient également abandonné leur siège, privant le gouvernement d’une majorité parlementaire. Ces «frondeurs» ont créé, il y a quelques semaines, un nouveau parti, la Nouvelle Turquie, auquel Kemal Devis pourrait bien adhérer aux côtés de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Le ministre démissionnaire n’a d’ailleurs pas caché sa volonté de tenter de créer une alliance solide des forces libérales pro-occidentales pour faire front aux islamistes.
Le gouvernement a perdu un de ses poids-lourds
Même si les jours du gouvernement de Bulent Ecevit sont désormais comptés, le départ de Kemal Dervis est un coup dur pour l’équipe au pouvoir. L’ancien ministre était en effet l’un des artisans du projet de réformes économiques mis en place pour tenter de mettre fin à la très dure crise financière qui frappe depuis plus d’un an la Turquie. Une crise qui a réduit de moitié le cours de la livre turque et qui a entraîné plus d’un demi-million de suppressions d’emplois. Appelé à la rescousse par Bulent Ecevit, l’ancien argentier du gouvernement a su mettre un terme au pillage du secteur bancaire public et lancer des réformes fiscales. Grâce à ses mesures et grâce aussi à ses contacts –Kemal Dervis est un ancien vice-président de la Banque mondiale–, il a pu obtenir des prêts à hauteur de 17 milliards de dollars du Fonds monétaire international. Il avait également réussi à gagner la confiance des investisseurs étrangers pour qui il était le garant de la stabilité de l’économie turque.
Kemal Dervis bénéficie par ailleurs d'une très haute cote de popularité dans une société lasse des querelles politico-politiciennes de ses dirigeants. Depuis des semaines, l'ancien ministre, toujours sans étiquette politique, a tenté d'unir un centre gauche aujourd'hui fragmenté pour faire front aux islamistes qui, selon les derniers sondages, pourraient bien remporter les prochaines législatives. Une initiative qui lui a certes coûté sa place mais qui pourrait lui ouvrir de nouveaux horizons dans le paysage politique turc.
Le départ de Kemal Dervis fait suite à celui de nombreux anciens alliés du Premier ministre Bulent Ecevit, lassés de son refus de démissionner malgré sa santé fragile et à un moment où la Turquie a plus que jamais besoin de réformes politiques et économiques en profondeur si elle ne veut pas manquer son rendez-vous avec l’Union européenne au sein de laquelle elle cherche à adhérer. Sept ministres, dont Ismaïl Cem, le chef de la diplomatie et Hüsamettin Özkan, le vice-Premier ministre –tous deux pourtant très proches de Bulent Ecenvit– avaient ainsi quitté le gouvernement. Soixante-deux députés, membres du Parti de la gauche démocratique (DSP), la formation du Premier ministre, avaient également abandonné leur siège, privant le gouvernement d’une majorité parlementaire. Ces «frondeurs» ont créé, il y a quelques semaines, un nouveau parti, la Nouvelle Turquie, auquel Kemal Devis pourrait bien adhérer aux côtés de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Le ministre démissionnaire n’a d’ailleurs pas caché sa volonté de tenter de créer une alliance solide des forces libérales pro-occidentales pour faire front aux islamistes.
Le gouvernement a perdu un de ses poids-lourds
Même si les jours du gouvernement de Bulent Ecevit sont désormais comptés, le départ de Kemal Dervis est un coup dur pour l’équipe au pouvoir. L’ancien ministre était en effet l’un des artisans du projet de réformes économiques mis en place pour tenter de mettre fin à la très dure crise financière qui frappe depuis plus d’un an la Turquie. Une crise qui a réduit de moitié le cours de la livre turque et qui a entraîné plus d’un demi-million de suppressions d’emplois. Appelé à la rescousse par Bulent Ecevit, l’ancien argentier du gouvernement a su mettre un terme au pillage du secteur bancaire public et lancer des réformes fiscales. Grâce à ses mesures et grâce aussi à ses contacts –Kemal Dervis est un ancien vice-président de la Banque mondiale–, il a pu obtenir des prêts à hauteur de 17 milliards de dollars du Fonds monétaire international. Il avait également réussi à gagner la confiance des investisseurs étrangers pour qui il était le garant de la stabilité de l’économie turque.
Kemal Dervis bénéficie par ailleurs d'une très haute cote de popularité dans une société lasse des querelles politico-politiciennes de ses dirigeants. Depuis des semaines, l'ancien ministre, toujours sans étiquette politique, a tenté d'unir un centre gauche aujourd'hui fragmenté pour faire front aux islamistes qui, selon les derniers sondages, pourraient bien remporter les prochaines législatives. Une initiative qui lui a certes coûté sa place mais qui pourrait lui ouvrir de nouveaux horizons dans le paysage politique turc.
par Mounia Daoudi
Article publié le 10/08/2002