Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Développement durable

La société civile manifeste dans le calme

Johannesburg a vécu samedi au rythme des manifestations de rue des anti-mondialisation et autres opposants au sommet de la Tere, en scandant des slogans contre les riches et denonçant «l'apartheid mondial».
De notre correspondante en Afrique du sud

«Où est la manifestation apolitique et non-ANC ?», se renseignait hier matin un jeune Sud-Africain vêtu du T-shirt rouge des sans-terre, égaré dans le dédale des rues de la township d¹Alexandra. Le cortège, fort de 5 500 personnes selon la police, 10 000 selon les manifestants, s¹est ébranlé à 10 heures du matin. «Le fait que nous quittions Alexandra, un township, pour rejoindre le quartier riche de Sandton est tout un symbole», a affirmé Samira Singh, membre d¹une ONG sud-africaine active dans le secteur de l¹éducation, mais revêtue pour l¹occasion d¹un T-shirt pro-palestinien.

«Non aux privatisations», «pas à vendre», «Mbeki beka phantsi» («Mbeki occupes-toi de nous», en zoulou), «la Palestine aux palestiniens». Le gros des troupes, habillé du même T-shirt rouge, était formé par les sans-terre sud-africains. Ils ont été ralliés par un très faible nombre des 25 000 délégués venus représenter les ONG à Johannesburg. Demba Moussa Dembele, directeur de l¹association sénégalaise Forum pour des alternatives africaines (FAA), s¹est déclaré «déçu sur toute la ligne» par le sommet. «Les problèmes réels concernant le développement durable ne sont pas pris en compte, les grandes puissances industrielles ne veulent pas faire de concessions sur l¹accès des pays du Sud à leurs marchés, sur les subventions agricoles, sur l¹annulation de la dette».

«Moins de 1% des terres ont été redistribuées en Afrique du Sud»

Main dans la main, un couple représentant les petits fermiers du Bengladesh a déclaré ne «rien attendre de plus qu¹à Rio». S'ils ont fait le déplacement, c¹est surtout pour participer au «vrai mouvement de la société civile», et empêcher «les ONG de continuer à être une partie du problème». Leur reproche : «elles se font récupérer par le secteur privé». Moacir Villela, l¹un des leaders des sans terre brésiliens, un mouvement de masse qui a inspiré les Sud-Africains, s¹est déclaré «très impressionné» par leur organisation. «C¹est d¹autant plus frappant que l¹apartheid est beaucoup plus profond que nous ne le pensions, dit-il. La ville de Johannesburg ressemble à Brazilia, c¹est une ville artificielle qui n¹est pas faite pour que les gens puissent se rencontrer, une ville constamment prête à faire la guerre».

Après 10 kilomètres de marche et de danse au soleil, le long d¹un itinéraire étroitement balisé par la police et l¹armée, les manifestants sont arrivés au pied du Centre de convention international (ICC) de Sandton. Des fenêtres et des toits des grands hôtels du quartier, des délégués officiels ont assisté à la manifestation, pendant que des hélicoptères tournoyaient sans fin autour du cortège. Moins de 1 % des terres ont été redistribuées en Afrique du Sud, a lancé un leader des sans terre. Si rien n¹est fait, nous allons faire à ce gouvernement la même chose qu¹au gouvernement de l¹apartheid». Assis par terre, les manifestants ont écouté des orateurs se succéder pendant plus de deux heures, pour faire passer leurs messages particuliers, des femmes aux pro-palestiniens en passant par les amis des animaux. Des diatribes ont également été lancées contre le Nouveau partenariat pour le développement de l¹Afrique (Nepad), vu comme un «plan de riches pour mettre la main sur le cobalt du Congo, les diamants d¹Angola et le cuivre de Zambie».

Quelques kilomètres plus loin, en arrière, une autre manifestation est elle aussi partie d¹Alexandra, celle-là organisée par le Congrès national africain (ANC), au pouvoir. Après un discours prononcé dans un stade par le président Thabo Mbeki, 3 000 militants de l¹ANC ont pris le chemin de Sandton. «Les moyens, les technologies sont là pour éradiquer la pauvreté, ce qui manque, c¹est la volonté de faire», a déclaré Thabo Mbeki, au moment où une centaine de chefs d¹Etat commençait à converger vers Johannesburg.

La «contre-manifestation» de l¹ANC, qui a paru s¹opposer à celle du «contre-sommet», n¹a pas réussi à déplacer les foules. En fin d¹après-midi, ils n¹étaient plus que quelques centaines à scander les slogans du parti, fanions à la main. A Sandton, la police les a retenus à deux rues des sans terre, pour éviter que les chemins des deux manifestations ne se croisent. Afin de mieux prolonger l¹attente des militants de l¹ANC, les sans terre ont longuement critiqué, au pied de l¹ICC, la «politique bourgeoise» du pouvoir. Seul incident notable de toute la journée : Essop Pahad, le ministre sud-africain des Affaires présidentielles, devait recevoir un mémorandum du LPM. Les huées de la foule l¹en ont dissuadé.

Ecoutez aussi

Vendredi 30 août

La lutte contre la déforestation au Niger et en Mauritanie (Claude Cirille, Virginie Gomez, 20')

Greenpeace à Moscou (Jean-Frédéric Saumont, 2'56)






Article publié le 01/09/2002