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Politique française

Objectif : rénover le Parti socialiste

Lors de leur université d'été à La Rochelle, les socialistes ont proclamé par la voix de leur leader François Hollande, leur volonté de prendre «un nouveau départ» clairement ancré à gauche après leur double défaite électorale du printemps dernier. Tandis que l'ancienne gauche plurielle est en mal de reconstruction, ils entendent bien être le fer de lance d'une opposition frontale au gouvernement.
Le traumatisme électoral qui a frappé le Parti socialiste (PS) lors des élections présidentielle et législatives était encore latent, ce week-end, à La Rochelle. Durant trois jours, les socialistes ont tenté de tirer les leçons de leur débâcle électorale et ont esquissé des scénarios d’avenir. «Le PS n’est pas à rebâtir mais il est à rénover, à repenser, dans le contexte d’une droite réunifiée. Il ne s’agit pas de faire un nouveau parti mais de permettre à notre parti de faire du nouveau», a, en substance, expliqué François Hollande dans son discours de clôture.

Analysant la défaite des socialistes, le premier secrétaire du PS a tout d’abord pointé du doigt «avec lucidité et franchise» les insuffisances du bilan Jospin. «Nous avons sous-estimé l’ampleur de la précarisation du travail», a-t-il reconnu, car les salariés «les moins qualifiés» ont eu le sentiment «d’être laissés à eux-mêmes». «Nous avons paru hésiter sur la question de la sécurité», a-t-il poursuivi, plaidant pour un renouveau du «pacte républicain». Des erreurs de parcours que François Hollande a attribuées à une coupure indéniable avec la société civile. S’il s’est montré sévère avec le bilan Jospin, il a néanmoins rendu hommage à l’ancien Premier ministre, absent pour la première fois de cette rencontre.

Créer une «gauche majoritaire»

François Hollande s’est surtout attaché à esquisser la future stratégie des socialistes. Il les a appelés à la construction «d’une grande force socialiste», qui évite tout «rassemblement factice» ou toute «division artificielle», affirmant que le «rassemblement de la gauche reste à l’évidence notre stratégie». Il a notamment réfuté le débat entre partisans et adversaires d’un «virage à gauche», après l’annonce de la création par la Gauche socialiste et les amis d’Henri Emmanuelli d’un courant destiné à «tourner la page d’une certaine dérive sociale-libérale». En effet, la Gauche socialiste de Julien Dray, Jean-Luc Mélenchon et Marie-Noëlle Lienemann s’est alliée avec Henri Emmanuelli pour créer une «dynamique majoritaire» en vue du congrès de mai prochain. Arnaud Montebourg a, quant à lui, souhaité «mettre un peu de Viagra dans la doctrine» du PS en faisant émerger des «idées nouvelles» alors que Laurent Fabius appelait «à se méfier des étiquettes», citant comme exemple sa propre expérience.

Le premier secrétaire du PS a également rappelé que son parti devait jouer son rôle d’opposant face à une «droite qui bavarde mais qui est à l’heure des choix». «Jean-Pierre Raffarin s’est lancé dans une politique de communication», a-t-il déclaré mais «cet exercice n’a qu’un temps (…) Quant à Jacques Chirac, il est confronté à une question existentielle : va-t-il enfin pouvoir tenir une bonne fois, au moins une fois, rien qu’une fois, une fois seulement une promesse de campagne ?», a-t-il ironisé.

Pour remotiver ses troupes et son électorat, le PS a prévu, pendant les neuf mois qui le séparent de son prochain congrès, un débat en trois temps. De septembre à octobre, la parole sera rendue aux militants à travers un questionnaire. Une deuxième phase servira à «aller à la rencontre des Français» avec du porte-à-porte, des réunions avec le mouvement associatif. Enfin, le PS souhaite s’ouvrir «vers ses camarades européens». Du travail en perspective en attendant le prochain congrès du parti prévu en mai 2003, à Dijon.

Lire également :
L'utilité du PS
(L'éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 02/09/2002