Irak
Les préparatifs militaires sont engagés
Même si les pays arabes ont à maintes reprises affirmé ces derniers mois qu’ils ne soutiendraient pas une intervention militaire contre l’Irak –surtout si elle était menée à partir de leur territoire–, Washington semble plus que jamais déterminé à en découdre avec le régime de Bagdad. Et les consultations tous azimuts engagées cette semaine par le président Bush avec ses alliés européens et avec les membres du Congrès américain n’ont fait qu’attiser les tensions dans la région. Plusieurs journaux rapportent par ailleurs que d’importantes cargaisons de matériel militaire sont en route pour le Golfe, ce qui tendrait à conforter la thèse d’une offensive militaire avant la fin de l’année.
Jusqu’à il y a encore quelques mois, deux scénarios étaient envisagés par les militaires du Pentagone pour renverser le régime de Bagdad. Le premier, s’inspirant de l’exemple afghan, consistait à appuyer au sol des forces anti-Saddam par d’intenses bombardements aériens et par l’assistance de conseillers techniques américains. Seulement, malgré un soutien de plus en plus renforcé aux opposants à Saddam Hussein, Washington n’est jusqu’à présent pas parvenu à mettre en place une force d’opposition armée irakienne. Le second scénario, qui a toujours l’aval des faucons de l’équipe Bush, consistait en une invasion pure et simple de l’Irak par quelque 200 000 soldats américains, précédée par des frappes aériennes massives. Et à en croire certaines informations sur notamment l’acheminement de matériel militaire dans la région du Golfe, il semblerait bien que l’administration américaine soit en train d’envisager très sérieusement cette seconde option.
La marine américaine aurait ainsi affrété en un mois trois navires marchands chargés de transférer depuis ses bases européennes des équipements militaires dans le Golfe. Cette cargaison serait destinée, selon des experts américains, à équiper quatre brigades américaines, soit l’équivalent de quelques 18 000 soldats. Washington a également annoncé l’envoi, cette semaine au Koweït, d’un chargement comprenant 67 chars Abrams M-1 et des véhicules de combat de type Bradley. Cette cargaison, la plus importante envoyée ses dernières semaines au Moyen-Orient, pourrait servir à des manœuvres impliquant quelque 2 000 soldats américains. Des hélicoptères de combat, de l’équipement et des minutions doivent également être acheminés vers la Jordanie la semaine prochaine.
La Grande-Bretagne, alliée indéfectible des Etats-Unis, a par ailleurs dépêché en méditerranée son porte-avions Ark-Royal, avec à son bord des chasseurs bombardiers Harrier. Officiellement, ce bâtiment participe à des manœuvres de l’Otan et doit rejoindre deux autres frégates britanniques déjà présentes dans cette zone. Le retour de ces navires, qui disposent de leur armement complet, n’est toutefois pas prévu avant décembre.
Réticences du monde arabe et de la Turquie
Dans le cas d’une offensive militaire terrestre de grande ampleur contre le régime de Bagdad, Washington a besoin du soutien des pays frontaliers ou proches de l’Irak. C’est d’ailleurs dans cette optique que depuis la seconde guerre du Golfe (1990-1991), les Américains ont mis en place une stratégie de positionnement dans les Etats du Golfe, de façon à réduire le délai nécessaire à une intervention en disposant sur place très largement des structures, des hommes, du matériel et des munitions. Depuis plusieurs années, des brigades américaines stationnent ainsi de façon permanente, par rotation, au Koweït et au Qatar. Les pistes des bases aériennes situées dans ces pays ont été allongées de façon à recevoir de gros porteurs et en Arabie Saoudite, quelque 5 000 militaires américains se sont regroupés après l’attentat d’Al Khobar (1996) sur la base Sultan, à Kharj, située à une centaine de kilomètres au sud de Ryad.
Or les pays arabes viennent une nouvelle fois d’affirmer leur opposition à une telle intervention à l’occasion d’une réunion au Caire des chefs de la diplomatie. L’Arabie saoudite, qui lors de l’offensive alliée en 1991 abritait les principales forces américaines, a en effet fait savoir depuis plusieurs mois déjà qu’elle refusait que son territoire serve de base-arrière à une attaque contre Bagdad. Les Etats-Unis ont certes transféré la majeure partie de leurs équipements dans de nouvelles installations à Al-Udeid, dans l’émirat du Qatar ou quelque 3 500 hommes sont déjà stationnés et au Koweït où l’armée américaine dispose également de quelques 8 000 soldats. Mais une offensive contre l’Irak devrait nécessiter des forces bien plus importantes.
La Turquie, qui partage avec l’Irak une frontière, a également fait savoir à maintes reprises qu’elle s’opposerait à une attaque à partir de son territoire. Ankara, autre allié stratégique de Washington, redoute en effet qu’un renversement de Saddam Hussein ne conduise à la création d’un Etat kurde dans le Kurdistan irakien, alors qu’il fait face lui-même à une dissidence de cette minorité sur son propre territoire.
La marine américaine aurait ainsi affrété en un mois trois navires marchands chargés de transférer depuis ses bases européennes des équipements militaires dans le Golfe. Cette cargaison serait destinée, selon des experts américains, à équiper quatre brigades américaines, soit l’équivalent de quelques 18 000 soldats. Washington a également annoncé l’envoi, cette semaine au Koweït, d’un chargement comprenant 67 chars Abrams M-1 et des véhicules de combat de type Bradley. Cette cargaison, la plus importante envoyée ses dernières semaines au Moyen-Orient, pourrait servir à des manœuvres impliquant quelque 2 000 soldats américains. Des hélicoptères de combat, de l’équipement et des minutions doivent également être acheminés vers la Jordanie la semaine prochaine.
La Grande-Bretagne, alliée indéfectible des Etats-Unis, a par ailleurs dépêché en méditerranée son porte-avions Ark-Royal, avec à son bord des chasseurs bombardiers Harrier. Officiellement, ce bâtiment participe à des manœuvres de l’Otan et doit rejoindre deux autres frégates britanniques déjà présentes dans cette zone. Le retour de ces navires, qui disposent de leur armement complet, n’est toutefois pas prévu avant décembre.
Réticences du monde arabe et de la Turquie
Dans le cas d’une offensive militaire terrestre de grande ampleur contre le régime de Bagdad, Washington a besoin du soutien des pays frontaliers ou proches de l’Irak. C’est d’ailleurs dans cette optique que depuis la seconde guerre du Golfe (1990-1991), les Américains ont mis en place une stratégie de positionnement dans les Etats du Golfe, de façon à réduire le délai nécessaire à une intervention en disposant sur place très largement des structures, des hommes, du matériel et des munitions. Depuis plusieurs années, des brigades américaines stationnent ainsi de façon permanente, par rotation, au Koweït et au Qatar. Les pistes des bases aériennes situées dans ces pays ont été allongées de façon à recevoir de gros porteurs et en Arabie Saoudite, quelque 5 000 militaires américains se sont regroupés après l’attentat d’Al Khobar (1996) sur la base Sultan, à Kharj, située à une centaine de kilomètres au sud de Ryad.
Or les pays arabes viennent une nouvelle fois d’affirmer leur opposition à une telle intervention à l’occasion d’une réunion au Caire des chefs de la diplomatie. L’Arabie saoudite, qui lors de l’offensive alliée en 1991 abritait les principales forces américaines, a en effet fait savoir depuis plusieurs mois déjà qu’elle refusait que son territoire serve de base-arrière à une attaque contre Bagdad. Les Etats-Unis ont certes transféré la majeure partie de leurs équipements dans de nouvelles installations à Al-Udeid, dans l’émirat du Qatar ou quelque 3 500 hommes sont déjà stationnés et au Koweït où l’armée américaine dispose également de quelques 8 000 soldats. Mais une offensive contre l’Irak devrait nécessiter des forces bien plus importantes.
La Turquie, qui partage avec l’Irak une frontière, a également fait savoir à maintes reprises qu’elle s’opposerait à une attaque à partir de son territoire. Ankara, autre allié stratégique de Washington, redoute en effet qu’un renversement de Saddam Hussein ne conduise à la création d’un Etat kurde dans le Kurdistan irakien, alors qu’il fait face lui-même à une dissidence de cette minorité sur son propre territoire.
par Mounia Daoudi
Article publié le 06/09/2002