Irak
A la recherche d'une coalition
En marge de l'anniversaire de l'attaque du 11 septembre 2001 contre l'Amérique, le dossier irakien a donné lieu à une très importante activité diplomatique, au cours de ces derniers jours, dont le point d'orgue a été la rencontre entre le président des Etats-Unis et le Premier ministre britannique. Les deux hommes se sont réunis samedi dans la résidence présidentielle américaine de Camp David.
La presse, au cours des heures précédentes, avait spéculé sur un «conseil de guerre» entre les deux alliés. Mais si George W. Bush et Tony Blair ont montré, à l’issue de leurs trois heures de discussions, qu’ils demeuraient exactement sur la même longueur d’onde dans leur volonté commune d’une action militaire contre Bagdad, il n’a apparemment pas été question de préparatifs autres que diplomatiques.
Les deux hommes n’ignorent pas que leur projet de renversement du régime de Saddam Hussein, accusé de développer des programmes de production d’armes de destruction massive, ne recueille pas l’adhésion qu’ils attendaient de la part de leurs partenaires traditionnels. Pourtant, au cours de ces derniers jours, la diplomatie américaine n’a pas ménagé sa peine. Vendredi, le président est allé lui-même demander à ses alliés français, russe et chinois leur soutien, tandis que son secrétaire d’Etat déclarait dans la presse française (Le Monde) qu’en tout état de cause «les inspections (des sites sensibles irakiens, ndlr) ne sont pas l’objectif. L’objectif, c’est le désarmement».
Quant à la conseillère nationale de sécurité des Etats-Unis, elle s’emportait ce dimanche dans les colonnes de l’hebdomadaire britannique Sunday Times: «La question n’est pas: pourquoi maintenant ? Mais: pourquoi plus tard ?», se demande Condoleezza Rice, traduisant ainsi l’impatience de la Maison Blanche. Car, selon l’exécutif américain, la preuve est faite que l’Irak est à nouveau sur le point d’accéder aux armes de destruction massives. Samedi, avec Tony Blair, George W. Bush a tenté de le démontrer, mentionnant à l’appui de sa thèse un rapport fraîchement parvenu de l’Agence internationale de l’énergie atomique faisant état de constructions nouvelles sur divers sites irakiens suspects d’avoir accueilli, par le passé, des infrastructures nucléaires.
La coalition n’est encore qu’un projet lointain
Pourtant, à ce jour, parmi les alliés de Washington, seul Tony Blair est prêt à s’engager dans l’aventure. Le président Bush doit encore convaincre une communauté internationale réticente, et parfois même franchement hostile. C’est le cas des pays arabes, dans leur totalité. Dans le camp occidental, l’Allemagne a exclu toute participation de ses troupes à une action contre Bagdad. La France, de son côté, ne veut agir sans légitimité internationale, c’est à dire sans mandat de l’Onu. Et samedi soir, à l’issue d’un sommet franco-allemand, Jacques Chirac et Gerhard Schröder ont réaffirmé leur opposition à toute action unilatérale et leur souci de voir le dossier confier au Conseil de sécurité, seul habilité à déterminer la conduite à tenir. De leur point de vue, la guerre peut être évitée si les experts en désarmement des Nations unies retournent inspecter les sites irakiens, qui n’ont pas été visités depuis 1998. Le projet américain ne satisfait pas non plus le Russe Vladimir Poutine. Celui-ci a exprimé vendredi à son homologue américain ses «doutes sérieux» sur la justification d’une intervention armée contre l’Irak. Et le chef du gouvernement turque, dont le pays est membre de l’Organisation militaire occidentale Otan, déclarait de son côté, samedi: «nous ne voulons pas être en désaccord avec les Etats-Unis, mais nous ne voulons pas non plus de guerre dans la région».
Reste enfin le front intérieur: dans un sondage publié samedi par le New York Times et la chaîne américaine CBS, plus des deux tiers des Américains estiment que la Maison Blanche n’a pas encore clairement exprimé sa position sur l’Irak et que les Etats-Unis doivent attendre un soutien des pays alliés avant de décider une action contre le régime de Saddam Hussein.
La large coalition anti-irakienne que George Bush et Tony Blair veulent former n’est donc encore qu’un projet lointain. L’offensive diplomatique américain en cours va se poursuivre et même s’intensifier au cours de ces prochains jours avec les cérémonies marquant le premier anniversaire du 11 septembre et l’ouverture de l’assemblée générale de l’Onu, toujours propice a d’intenses contacts bilatéraux en terre américaine. Mais la communication risque d’être sensiblement brouillée par les derniers messages en provenance de Bagdad, dont le chef de la diplomatie renouvelait ce dimanche, dans le journal saoudien Al Watan, l’invitation de son pays à des représentants du Congrès américain et aux experts qu’il voudrait bien désigner à venir s’assurer que l’Irak ne possède pas la capacité destructrice qu’on lui prête. Pour autant, la réponse de Bagdad aux exigences de transparence de la communauté internationale demeure floue.
Ecouter également :
La correspondance d'Anne Toulouse à Washington (08/09/2002, 1'15")
Les deux hommes n’ignorent pas que leur projet de renversement du régime de Saddam Hussein, accusé de développer des programmes de production d’armes de destruction massive, ne recueille pas l’adhésion qu’ils attendaient de la part de leurs partenaires traditionnels. Pourtant, au cours de ces derniers jours, la diplomatie américaine n’a pas ménagé sa peine. Vendredi, le président est allé lui-même demander à ses alliés français, russe et chinois leur soutien, tandis que son secrétaire d’Etat déclarait dans la presse française (Le Monde) qu’en tout état de cause «les inspections (des sites sensibles irakiens, ndlr) ne sont pas l’objectif. L’objectif, c’est le désarmement».
Quant à la conseillère nationale de sécurité des Etats-Unis, elle s’emportait ce dimanche dans les colonnes de l’hebdomadaire britannique Sunday Times: «La question n’est pas: pourquoi maintenant ? Mais: pourquoi plus tard ?», se demande Condoleezza Rice, traduisant ainsi l’impatience de la Maison Blanche. Car, selon l’exécutif américain, la preuve est faite que l’Irak est à nouveau sur le point d’accéder aux armes de destruction massives. Samedi, avec Tony Blair, George W. Bush a tenté de le démontrer, mentionnant à l’appui de sa thèse un rapport fraîchement parvenu de l’Agence internationale de l’énergie atomique faisant état de constructions nouvelles sur divers sites irakiens suspects d’avoir accueilli, par le passé, des infrastructures nucléaires.
La coalition n’est encore qu’un projet lointain
Pourtant, à ce jour, parmi les alliés de Washington, seul Tony Blair est prêt à s’engager dans l’aventure. Le président Bush doit encore convaincre une communauté internationale réticente, et parfois même franchement hostile. C’est le cas des pays arabes, dans leur totalité. Dans le camp occidental, l’Allemagne a exclu toute participation de ses troupes à une action contre Bagdad. La France, de son côté, ne veut agir sans légitimité internationale, c’est à dire sans mandat de l’Onu. Et samedi soir, à l’issue d’un sommet franco-allemand, Jacques Chirac et Gerhard Schröder ont réaffirmé leur opposition à toute action unilatérale et leur souci de voir le dossier confier au Conseil de sécurité, seul habilité à déterminer la conduite à tenir. De leur point de vue, la guerre peut être évitée si les experts en désarmement des Nations unies retournent inspecter les sites irakiens, qui n’ont pas été visités depuis 1998. Le projet américain ne satisfait pas non plus le Russe Vladimir Poutine. Celui-ci a exprimé vendredi à son homologue américain ses «doutes sérieux» sur la justification d’une intervention armée contre l’Irak. Et le chef du gouvernement turque, dont le pays est membre de l’Organisation militaire occidentale Otan, déclarait de son côté, samedi: «nous ne voulons pas être en désaccord avec les Etats-Unis, mais nous ne voulons pas non plus de guerre dans la région».
Reste enfin le front intérieur: dans un sondage publié samedi par le New York Times et la chaîne américaine CBS, plus des deux tiers des Américains estiment que la Maison Blanche n’a pas encore clairement exprimé sa position sur l’Irak et que les Etats-Unis doivent attendre un soutien des pays alliés avant de décider une action contre le régime de Saddam Hussein.
La large coalition anti-irakienne que George Bush et Tony Blair veulent former n’est donc encore qu’un projet lointain. L’offensive diplomatique américain en cours va se poursuivre et même s’intensifier au cours de ces prochains jours avec les cérémonies marquant le premier anniversaire du 11 septembre et l’ouverture de l’assemblée générale de l’Onu, toujours propice a d’intenses contacts bilatéraux en terre américaine. Mais la communication risque d’être sensiblement brouillée par les derniers messages en provenance de Bagdad, dont le chef de la diplomatie renouvelait ce dimanche, dans le journal saoudien Al Watan, l’invitation de son pays à des représentants du Congrès américain et aux experts qu’il voudrait bien désigner à venir s’assurer que l’Irak ne possède pas la capacité destructrice qu’on lui prête. Pour autant, la réponse de Bagdad aux exigences de transparence de la communauté internationale demeure floue.
Ecouter également :
La correspondance d'Anne Toulouse à Washington (08/09/2002, 1'15")
par Georges Abou
Article publié le 08/09/2002