Irak
La position ambiguë de la France
Les jours qui viennent pourraient s’avérer décisifs concernant une intervention militaire contre le régime de Saddam Hussein. Le président américain, qui a entamé, dès la semaine dernière, des consultations tous azimuts avec ses principaux partenaires, s’est en effet engagé lors de son discours jeudi devant l’Assemblée générale des Nations unies à apporter les preuves de «la duplicité» du maître de Bagdad. George Bush, qui peut déjà compter sur le soutien indéfectible du Premier ministre britannique Tony Blair, doit cependant convaincre Paris, Moscou et Pékin, tous trois membres du Conseil de sécurité de l’Onu, de la nécessité d’une telle offensive. La France estime en effet officiellement qu’une attaque contre le régime irakien n’est concevable que dans le cadre d’une résolution des Nations unies. Mais il se pourrait bien qu’elle apporte son soutien à Washington même si une telle résolution n’était pas adoptée.
Contrairement à Berlin, qui dès le mois d’août avait affirmé sa ferme opposition à une quelconque offensive militaire contre le régime de Saddam Hussein, Paris estime, de façon plus prudente, qu’une telle intervention ne doit pas être lancée de façon unilatérale par les Etats-Unis. La France souligne en effet que la décision d’attaquer l’Irak doit être prise par la communauté internationale dans le cadre d’une résolution des Nations unies. Jacques Chirac s’est ainsi déclaré favorable à ce que l’organisation internationale fixe, dans un premier temps, un ultimatum à Bagdad pour un retour sans condition de ses inspecteurs en désarmement. «Aujourd’hui, a-t-il affirmé dans une interview au New York Times, aucune preuve n’a été trouvée ou en tous cas rendue officielle» sur l’implication du régime irakien dans le terrorisme. Le président français, qui rappelle qu’une action unilatérale américaine contre Bagdad «risquerait de mettre en cause la solidité de la coalition internationale contre le terrorisme», a par ailleurs appelé à la prudence, affirmant que dans le cas où l’Irak refuserait le retour des experts de l’Onu, une deuxième résolution du Conseil de sécurité devra alors déterminer «s’il faut intervenir ou non».
Malgré cet attachement à la légalité internationale, la France n’exclut toutefois pas le recours à une attaque contre Bagdad. Jacques Chirac a en effet affirmé que «toutes les solutions sont possibles». «La France, a-t-il ajouté, ne préjuge pas de sa position tant que le Conseil de sécurité ne se sera pas exprimé». La Russie et la Chine ont, pour leur part, déjà fait connaître leur opposition ferme à une intervention militaire en Irak. Et ces deux pays pourraient bien opposer leur veto à une résolution des Nations unies allant dans ce sens. Que fera alors la France ? Certains observateurs estiment que pour ne pas incommoder Washington, Paris pourrait s’abstenir de voter au Conseil de sécurité de l’Onu. Il restera alors à déterminer si les forces françaises participeront ou non à une offensive contre l’Irak dans le cas où les Etats-Unis s’engagent unilatéralement contre le régime de Bagdad.
Pour Paris, le dossier irakien n’est pas un sujet à traiter «sur la place publique»
Insistant sur la nécessité de mettre en place une coalition internationale contre l’Irak, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a été le premier à affirmer début septembre que le moment était venu pour Washington de convaincre le monde de la réalité de la menace irakienne. Le Premier ministre britannique Tony Blair a aussitôt, en fidèle allié, déclaré que Londres allait publier dans les semaines qui viennent un dossier de preuves sur l’armement supposé de l’Irak. Cette décision embarrasse la France qui en a appelé au sens des responsabilités sur le dossier irakien. Dominique de Villepin, le ministre français des affaires étrangères, a ainsi déclaré que «ce ne sont pas des sujets qui peuvent être traités sur la place publique», mettant notamment en garde contre «toute dispersion et tous propos va-t-en guerre». Si le chef de la diplomatie a confirmé que la France «partageait avec les Britanniques des informations» sur l’Irak, il a en revanche affirmé qu’il n’était «pas question de dévoiler ses échanges».
Le renversement du régime irakien, prôné depuis des semaines par le président Bush et récemment approuvé par le Britannique Tony Blair, embarrasse également les autorités françaises. Officiellement en effet, et même si Jacques Chirac a encore récemment affirmé que Saddam Hussein était «un homme dangereux pour son peuple», la France a une seule exigence, le retour des inspecteurs de l’Onu pour mettre fin aux risques de prolifération des armes de destruction massive. Dominique de Villepin a en effet affirmé que dans le cas du dossier irakien il ne fallait pas «courir deux lièvres à la fois» et que si le régime de Bagdad présentait aujourd’hui une menace, cela justifiait la détermination de la communauté internationale à mesurer ce risque. Rien ne justifie en revanche, dans l’esprit du chef de la diplomatie française, que le régime de Bagdad soit renversé.
Malgré cet attachement à la légalité internationale, la France n’exclut toutefois pas le recours à une attaque contre Bagdad. Jacques Chirac a en effet affirmé que «toutes les solutions sont possibles». «La France, a-t-il ajouté, ne préjuge pas de sa position tant que le Conseil de sécurité ne se sera pas exprimé». La Russie et la Chine ont, pour leur part, déjà fait connaître leur opposition ferme à une intervention militaire en Irak. Et ces deux pays pourraient bien opposer leur veto à une résolution des Nations unies allant dans ce sens. Que fera alors la France ? Certains observateurs estiment que pour ne pas incommoder Washington, Paris pourrait s’abstenir de voter au Conseil de sécurité de l’Onu. Il restera alors à déterminer si les forces françaises participeront ou non à une offensive contre l’Irak dans le cas où les Etats-Unis s’engagent unilatéralement contre le régime de Bagdad.
Pour Paris, le dossier irakien n’est pas un sujet à traiter «sur la place publique»
Insistant sur la nécessité de mettre en place une coalition internationale contre l’Irak, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a été le premier à affirmer début septembre que le moment était venu pour Washington de convaincre le monde de la réalité de la menace irakienne. Le Premier ministre britannique Tony Blair a aussitôt, en fidèle allié, déclaré que Londres allait publier dans les semaines qui viennent un dossier de preuves sur l’armement supposé de l’Irak. Cette décision embarrasse la France qui en a appelé au sens des responsabilités sur le dossier irakien. Dominique de Villepin, le ministre français des affaires étrangères, a ainsi déclaré que «ce ne sont pas des sujets qui peuvent être traités sur la place publique», mettant notamment en garde contre «toute dispersion et tous propos va-t-en guerre». Si le chef de la diplomatie a confirmé que la France «partageait avec les Britanniques des informations» sur l’Irak, il a en revanche affirmé qu’il n’était «pas question de dévoiler ses échanges».
Le renversement du régime irakien, prôné depuis des semaines par le président Bush et récemment approuvé par le Britannique Tony Blair, embarrasse également les autorités françaises. Officiellement en effet, et même si Jacques Chirac a encore récemment affirmé que Saddam Hussein était «un homme dangereux pour son peuple», la France a une seule exigence, le retour des inspecteurs de l’Onu pour mettre fin aux risques de prolifération des armes de destruction massive. Dominique de Villepin a en effet affirmé que dans le cas du dossier irakien il ne fallait pas «courir deux lièvres à la fois» et que si le régime de Bagdad présentait aujourd’hui une menace, cela justifiait la détermination de la communauté internationale à mesurer ce risque. Rien ne justifie en revanche, dans l’esprit du chef de la diplomatie française, que le régime de Bagdad soit renversé.
par Mounia Daoudi
Article publié le 09/09/2002