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Irak

Bagdad inflexible malgré des pressions croissantes

L’Irak refuse de céder aux mises en demeure des Etats-Unis et de leurs alliés. Le régime de Saddam Hussein n’est prêt à envisager le retour des inspecteurs en désarmement de l’ONU que dans le cadre d’une levée de l’embargo qui frappe le pays depuis la guerre du Golfe.
La pression diplomatique ne cesse de s’accentuer à l’encontre de l’Irak depuis le discours prononcé jeudi par le président américain à la tribune de l’assemblée générale des Nations unies. George Bush, lui-même, est revenu à la charge samedi en recevant le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, dans sa résidence de Camp David. «Trop, c’est trop», s’est exclamé le président américain, «le temps est venu de s’occuper du problème». «Ou bien l’ONU sera en mesure d’agir comme une organisation indépendante chargée du maintien de la paix ou bien elle perdra sa raison d’être», estime le chef de la Maison Blanche. Pour sa part, le chef de la diplomatie britannique, a estimé que l’ONU devait prévenir Saddam Hussein que s’il ne se débarrasse pas des armes de destruction massive en sa possession alors «son régime doit disparaître». Et Jack Straw de conclure «le choix lui appartient, mais il n’a plus beaucoup de temps pour se décider».

Réagissant pour la première fois depuis le discours de George Bush, les autorités irakiennes, par la voix de Tarek Aziz, ont dénoncé l’attitude des Etats-Unis et de leurs alliés. «Leurs plans d’attaque visent à mettre la main sur les richesses de l’Irak, sur son pétrole», estime le vice-premier ministre irakien qui considère également que l’objectif de Washington est de «modifier la carte de la région». Selon lui, George Bush et Tony Blair sont prêts «à invoquer n’importe quel prétexte pour agresser l’Irak».

Tarek Aziz a également indiqué que Bagdad allait examiner la proposition faite par Jacques Chirac. Dans un entretien au New York Times au début de la semaine, le président français envisageait que le Conseil de sécurité de l’ONU vote une première résolution exigeant le retour des inspecteurs en Irak et qu’il se réserve le droit d’en adopter une seconde prévoyant l’usage de la force en cas de refus des Irakiens. Le vice-premier ministre irakien s’est toutefois interrogé: «est-ce que M. Chirac peut donner des assurances qu’il empêchera l’agression?» Et d’ajouter «ce qui nous est proposé n’est pas une solution», avant de rappeler que Bagdad avait accepté en 1998 une proposition du président français sur l’inspection des sites présidentiels irakiens sans que cela n’empêche des raids massifs de l’aviation américaine et britannique au mois de décembre de la même année.

Intense activité diplomatique américaine pour obtenir le vote d’une résolution de l’ONU

A New York, les chefs de la diplomatie française et irakienne se sont entretenus. Dominique de Villepin indique qu’il a fait part de l’unité et de la détermination de la communauté internationale. Naji Sabri a indiqué que le retour des inspecteurs en désarmement devrait entraîner la levée des sanctions qui frappent son pays depuis la guerre du Golfe.

Témoignage de cette unité de la communauté internationale, la décision annoncée par Moscou de différer la signature d’un accord économique avec Bagdad. Le Kremlin indique que la signature de cet accord qui porte sur plusieurs dizaines de millions de dollars n’interviendra pas avant le retour des inspecteurs en désarmement qui n’ont pas remis les pieds en Irak depuis 1998.

A l’heure actuelle, aucune négociation ne semble possible et le rien ne paraît pouvoir empêcher le déclenchement du compte à rebours d’une attaque américaine. Dans les jours qui viennent, les Etats-Unis vont se livrer à une intense activité dans les couloirs des Nations unies pour obtenir le vote d’une résolution qui mette Bagdad en demeure de se désarmer faute de quoi l’Irak devrait faire face à une action militaire conduite par les Etats-Unis.

En attendant, les préparatifs de cette éventuelle opération se poursuivent. Le commandement central américain indique qu’il va envoyer 600 hommes ainsi qu’un quartier général mobile au Qatar où 3500 hommes (de l’US Air force principalement) sont déjà présents. Officiellement, il s’agit de prendre part à des manœuvres qui auront lieu en novembre. Le chef de la diplomatie du Qatar a d’ores et déjà affirmé que son pays prendrait en considération toute demande des Etats-Unis d’utiliser ses bases pour une action contre l’Irak.



par Philippe  Couve

Article publié le 15/09/2002