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Politique française

Remous autour de la visite de députés en Irak

Depuis le 14 septembre, trois députés de la majorité UMP, sont en déplacement en Irak. Ils ont visité plusieurs sites suspectés d'abriter des armes de destruction massive. L'Elysée, Matignon et le ministère des Affaires étrangères ont condamné cette initiative.
La polémique enfle en France, depuis quelques jours. Voilà par qui le scandale est arrivé : Thierry Mariani, député du Vaucluse, Didier Julia, député de Seine-et-Marne et Eric Diard, député des Bouches-du-Rhône, tous trois issus de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP). Ces parlementaires sont en Irak, «à titre personnel», depuis le 14 septembre et jusqu’à aujourd’hui, pour visiter des sites susceptibles de produire des armes prohibées et pour, disent-ils, discuter des moyens d’éviter la guerre. Une visite qui n’est absolument pas du goût des autorités françaises.

Ainsi, la présidence de la République a indiqué qu’un communiqué publié le 15 septembre par le ministère des Affaires étrangères exprimait la position des autorités françaises sur cette visite. Ce voyage avait, en effet, été qualifié par le Quai d’Orsay «d’initiative personnelle de quelques parlementaires qui ne recueille pas l’assentiment des autorités françaises». La présidence a même exprimé son «vif mécontentement devant cette attitude intempestive des trois parlementaires». Après le ministère des Affaires étrangères, Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre, depuis Bruxelles, a déclaré le 16 septembre, que cette mission résultait «d’initiatives personnelles qui ne concernent pas la politique de la France». «Elle n’est donc pas officielle et nous la désapprouvons», a-t-il ajouté, visiblement énervé. Le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, a confié «ne pas avoir été informé» de cette visite qu’il a jugée «pas particulièrement opportune».

La délicate position de la France

Dans l’opposition, le chef du parti socialiste, François Hollande, a qualifié cette visite «d’étrange et stupéfiante» et s’est demandé «comment» et «avec quels moyens» les trois députés avaient pu se rendre en Irak. Les socialistes ont même sollicité Jean-Pierre Raffarin pour qu’il organise un débat au Parlement sur les préparatifs américains et la position française. Le dirigeant écologiste, Noël Mamère a quant à lui, qualifié de «sortes de complices» du régime irakien les trois parlementaires, tandis que la secrétaire nationale du Parti communiste, Marie-George Buffet, jugeait cette démarche «très ambiguë».

Visiblement surpris de ce tollé, les trois députés se sont dits «stupéfaits» du retentissement de cette visite. «Je crois que l’heure n’est pas à la polémique. Notre visite est très claire. Nous sommes des députés, nous représentons ni l’intégralité du Parlement ni bien sûr le gouvernement», a déclaré Thierry Mariani. Selon lui, les critiques du gouvernements français «sont d’autant plus surprenantes que (…) des députés canadiens, italiens, belges, américains et anglais se trouvent en ce moment à Bagdad et cela ne pose aucun problème chez eux».

Ces trois députés ont notamment visité le site de Tammouz, près de Bagdad, qui abritait le réacteur nucléaire Osirak construit par la France et détruit au printemps 1981 par l’aviation israélienne. Un site que les Américains et les Anglais pensent réactivé par les Irakiens. Thierry Mariani, Didier Julia et Eric Diard ont affirmé que ce site n’était pas utilisé à des fins militaires tout en reconnaissant toutefois qu’ils n’étaient pas des spécialistes dans le domaine nucléaire.

Cette visite controversée des trois députés traduit les divisions de la classe politique française sur l’attitude à adopter face à l’Irak : faut-il ou non que la France participe à l’intervention américaine en Irak ? En 1991, Paris qui a entretenu des relations pour le moins ambiguës avec le régime de Saddam Hussein, avait hésité à s’engager derrière les Etats-Unis dans leur projet de guerre préventive. Aujourd’hui, toute la classe politique française ou presque est unanime et soutient la position définie par Jacques Chirac : toute intervention en Irak doit être subordonnée à un mandat des Nations unies.

Lire également :
Equipée sauvage à Bagdad
(L'éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 17/09/2002