Allemagne
La conjoncture économique ne vote pas Schröder
Si le chancelier allemand Gerhard Schröder et les sociaux-démocrates remportent finalement les élections législatives du 22 septembre ce ne sera certainement pas sur leur bilan économique et social. La conjoncture mondiale défavorable à la croissance allemande et un fort taux de chômage pèsent lourd dans la campagne électorale.
L’Allemagne, longtemps la locomotive de l’économie en Union européenne, se traîne depuis plusieurs années en queue de peloton pour ce qui concerne la croissance. La reprise mondiale se fait attendre, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. L’Allemagne en souffre plus que d’autres en raison de son économie très tournée vers l’exportation. Résultat, le chancelier Schröder, candidat à la tête du parti social-démocrate aux législatives du 22 septembre, est contraint de publier une prévision de croissance pour 2002 d’à peine 0,75% et d’«environ 2%» pour 2003. Pas de quoi pavoiser, soulignent ses adversaires chrétiens-démocrates.
D’autant que la bataille contre le chômage est également un combat perdu de la législature qui s’achève. Schröder s’était engagé à ramener le nombre des demandeurs d’emplois de 4 millions à 3,5 millions avant la fin 2002. Les dernières statistiques font état d’une progression depuis le début de l’année et le nombre des chômeurs reste au-dessus du seuil psychologique des 4 millions.
Depuis quelques années l’Allemagne perd du terrain sur ses voisins européens. En 1995, le PIB par habitant était supérieur de 30% à la moyenne de l’Union européenne. L’écart n’est plus que de 8%. L’Allemagne qui représentait, en 1995, près de 30% de la richesse produite par les Quinze ne pèse plus que pour 23% du total.
La réunification stagne
La réunification de 1991 qui a fait passer la population de 64 à 82 millions d’habitants a coûté cher et n’est pas achevée. Ainsi la richesse nationale par habitant à l’Est arrivait au tiers de la richesse par habitant à l’Ouest au moment de la réunification. En cinq ans le rattrapage a permis de passer aux deux tiers mais, depuis, il stagne à ce niveau.
Les finances publiques allemandes pâtissent de cette situation de faible croissance. Le déficit frise la limite de 3% du PIB autorisé par le pacte de stabilité européen pour garantir la valeur de l’euro. A l’origine c’est l’Allemagne qui avait imposé ce garde-fou financier destiné à se prémunir contre le laxisme supposé des pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Portugal) dits avec quelque condescendance « pays du club med ». La mesure se retourne désormais contre son instigateur. L’adversaire de Schröder, Edmund Stoiber, a déjà fait savoir qu’il considérait comme impossible le retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2004. Ils tablent, en revanche, sur un défciit public de 3,4% dès 2002.
Le bilan économique et social du gouvernement mené par les sociaux-démocrates n’est cependant pas nul. Déjà, il est parvenu à faire digérer aux Allemands l’abandon du sacro-saint deutschemark. Une réforme fiscale importante a été engagée, mais elle risque d’être remise en cause, dans son volet baisse des impôts, par le coût des inondations d’août dernier. Le système de retraite a été ouvert à une dose de capitalisation pour faire face au vieillissement plus grave encore en Allemagne qu’ailleurs en Europe.
Le gouvernement Schröder a également fait adopter une nouvelle loi sur l’immigration qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier prochain tendant à adapter les flux migratoires aux besoins de l’économie et, à plus long terme, à sélectionner les candidats à l’immigration selon un système de points en fonction des critères de l’âge et de la qualification. Pour son adversaire conservateur Edmund Stoiber cette ouverture relative à l’immigration est encore excessive et il en a fait un thème de campagne pour tenter de rattraper son retard dans la dernière ligne droite.
Enfin, dans le domaine de l’environnement, l’Allemagne a marqué son avance par un accord sur l’abandon progressif du nucléaire et la promotion des énergies renouvelables.
FRANCINE QUENTIN
Sur nos antennes
Vendredi 20 septembre
A écouter :
Reportage de Thierry Parisot
Dernier volet de notre serie avant les élections allemandes. Thierry Parisot nous emmène à Franckfort sur Oder, ville frontalière avec la Pologne, où l'on a du mal à s'ouvrir vers ces voisins qui rejoindront bientôt l'Union Europénne.
Jérôme Bastion, correspondant de RFI à Istanbul évoque les relations germano-turques au micro d'Emmanuel d'Abzac
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Qui est Gerhard Schröder ?
Chronique Europe de Valérie Lainé
Jeudi 19 septembre :
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Les conséquences de déménagement du gouvernement de Bonn à Berlin
Romain Goguelin, correspondant de RFI à Moscou
évoque les relations germano-russes au micro d'Emmanuel d'Abzac
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Edmund Stoiber: portrait
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Mercredi 18 septembre :
A écouter :
Reportage de Pascal Thibaut
Le mur de Berlin est resté dans les mémoires.
Le regard des britanniques sur les élections allemandes
Muriel Delcroix, correspondante de RFI à Londres, interrogée par Emmanuel d'Abzac.
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Mardi 17 septembre :
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Reportage de Thierry Parisot
Les habitants de Dresde, ville inondée par la montée des eaux de l'Elbe pensent plutôt à nettoyer qu'à voter.
Maya Chimanovska, correspondante de RFI à Varsovie au micro d'Emmanuel d'Abzac
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La réforme de la société allemande
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Lundi 16 septembre :
A écouter :
Reportage de Thierry Parisot
Stoiber : le roi de Bavière
Hélène Miard Delacroix, maître de conférence en civilisation allemande à la Sorbonne au micro d'Emmanuel d'Abzac
A lire :
La mutation internationale de l'Allemagne
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Depuis quelques années l’Allemagne perd du terrain sur ses voisins européens. En 1995, le PIB par habitant était supérieur de 30% à la moyenne de l’Union européenne. L’écart n’est plus que de 8%. L’Allemagne qui représentait, en 1995, près de 30% de la richesse produite par les Quinze ne pèse plus que pour 23% du total.
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Les finances publiques allemandes pâtissent de cette situation de faible croissance. Le déficit frise la limite de 3% du PIB autorisé par le pacte de stabilité européen pour garantir la valeur de l’euro. A l’origine c’est l’Allemagne qui avait imposé ce garde-fou financier destiné à se prémunir contre le laxisme supposé des pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Portugal) dits avec quelque condescendance « pays du club med ». La mesure se retourne désormais contre son instigateur. L’adversaire de Schröder, Edmund Stoiber, a déjà fait savoir qu’il considérait comme impossible le retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2004. Ils tablent, en revanche, sur un défciit public de 3,4% dès 2002.
Le bilan économique et social du gouvernement mené par les sociaux-démocrates n’est cependant pas nul. Déjà, il est parvenu à faire digérer aux Allemands l’abandon du sacro-saint deutschemark. Une réforme fiscale importante a été engagée, mais elle risque d’être remise en cause, dans son volet baisse des impôts, par le coût des inondations d’août dernier. Le système de retraite a été ouvert à une dose de capitalisation pour faire face au vieillissement plus grave encore en Allemagne qu’ailleurs en Europe.
Le gouvernement Schröder a également fait adopter une nouvelle loi sur l’immigration qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier prochain tendant à adapter les flux migratoires aux besoins de l’économie et, à plus long terme, à sélectionner les candidats à l’immigration selon un système de points en fonction des critères de l’âge et de la qualification. Pour son adversaire conservateur Edmund Stoiber cette ouverture relative à l’immigration est encore excessive et il en a fait un thème de campagne pour tenter de rattraper son retard dans la dernière ligne droite.
Enfin, dans le domaine de l’environnement, l’Allemagne a marqué son avance par un accord sur l’abandon progressif du nucléaire et la promotion des énergies renouvelables.
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par Francine Quentin
Article publié le 20/09/2002