Allemagne
Un retour remarqué sur la scène internationale
L’arrivée au pouvoir du chancelier Schröder, en 1998, a sonné le retour de l’Allemagne sur la scène internationale après des décennies d’effacement en raison de la deuxième guerre mondiale. Et l’éventualité d’une intervention militaire contre l’Irak est même devenue un thème déterminant dans la campagne électorale pour les législatives du 22 septembre.
Le poids de la responsabilité des horreurs de la deuxième guerre mondiale a longtemps tenu l’Allemagne à l’écart des grandes questions de politique étrangère et ce pays s’interdisait toute intervention militaire au dehors de ses frontières. Avec la coalition au pouvoir sous la houlette du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, depuis 1998, l’Allemagne a abandonné son statut de «nain politique» au plan international pour un rôle plus en rapport avec son importance économique et géopolitique.
Accusée de ne se préoccuper de politique extérieure que pour se tailler un marché économique juteux en Europe centrale et orientale, après l’effondrement de l’URSS, l’Allemagne s’est progressivement impliquée dans la marche du monde. Alors qu’elle se contentait, pendant la Guerre du Golfe en 1991 de financer l’opération pour ne pas avoir à y participer, et fournissait un appui logistique en 1995 en Bosnie, l’Allemagne franchissait le pas en 1999.
Les députés approuvaient une participation de l’aviation aux bombardements de l’OTAN en Yougoslavie, pendant le conflit du Kosovo. Cette décision n’est pas anecdotique. C’était la première fois depuis 1945 que l’armée allemande s’impliquait dans une action offensive et, plus encore, elle marquait la fin du pacifisme à tout prix du deuxième membre de la coalition gouvernementale, les Verts, quelque peu bousculés par le très populaire ministre des Affaires étrangères issu de leurs rangs, Joschka Fischer. L’Allemagne intervient aujourd’hui dans les Balkans, en Afghanistan et dans la Corne de l’Afrique.
Libre arbitre
Toutefois, les évènements des dernières semaines ont montré que le gouvernement allemand, s’il acceptait désormais de prendre part aux actions internationales, y compris contre le terrorisme depuis le 11 septembre, n’en perdait pas pour autant son libre arbitre. Nettement, le chancelier Schröder a repoussé l’idée d’une participation de son pays à une attaque militaire contre l’Irak au côté des Américains, y compris sous mandat de l’ONU. Cette prise de position, largement approuvée par les sondages d’opinion en Allemagne, est devenue un enjeu de la campagne électorale, au même titre que le chômage ou l’immigration. L’indétermination de son adversaire chrétien-démocrate sur cette question n’est pas pour peu dans la surprenante remontée de Schröder dans les dernières semaines de campagne. Cela n’a pas été sans tiraillements diplomatiques avec les Etats-Unis, évidemment, ni avec les autres membres de l’Union européenne, beaucoup moins fermes sur l’attitude à tenir.
Dans l’Union européenne aussi, le gouvernement Schröder a distendu les liens du couple franco-allemand. Dès son arrivée au pouvoir, Schröder a manifesté l’intention de mettre un terme à une situation qui faisait de son pays le plus gros contributeur du budget européen et surtout un contributeur net. Au contraire de la France qui est largement bénéficiaire de la politique agricole commune, le plus gros poste de dépenses de l’Union européenne. Les conditions de l’élargissement pour les années à venir a également donné lieu à de longues discussions sur le poids de chacun des deux pays et de leur droit de vote respectif. La France souhaitait un maintien de la parité, les Allemands faisant valoir une population de 82 millions de personnes après réunification. Toutefois, les tentatives de rapprochement entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne de Tony Blair semblent avoir tourné court, en raison notamment des positions atlantistes de ce dernier.
Accusée de ne se préoccuper de politique extérieure que pour se tailler un marché économique juteux en Europe centrale et orientale, après l’effondrement de l’URSS, l’Allemagne s’est progressivement impliquée dans la marche du monde. Alors qu’elle se contentait, pendant la Guerre du Golfe en 1991 de financer l’opération pour ne pas avoir à y participer, et fournissait un appui logistique en 1995 en Bosnie, l’Allemagne franchissait le pas en 1999.
Les députés approuvaient une participation de l’aviation aux bombardements de l’OTAN en Yougoslavie, pendant le conflit du Kosovo. Cette décision n’est pas anecdotique. C’était la première fois depuis 1945 que l’armée allemande s’impliquait dans une action offensive et, plus encore, elle marquait la fin du pacifisme à tout prix du deuxième membre de la coalition gouvernementale, les Verts, quelque peu bousculés par le très populaire ministre des Affaires étrangères issu de leurs rangs, Joschka Fischer. L’Allemagne intervient aujourd’hui dans les Balkans, en Afghanistan et dans la Corne de l’Afrique.
Libre arbitre
Toutefois, les évènements des dernières semaines ont montré que le gouvernement allemand, s’il acceptait désormais de prendre part aux actions internationales, y compris contre le terrorisme depuis le 11 septembre, n’en perdait pas pour autant son libre arbitre. Nettement, le chancelier Schröder a repoussé l’idée d’une participation de son pays à une attaque militaire contre l’Irak au côté des Américains, y compris sous mandat de l’ONU. Cette prise de position, largement approuvée par les sondages d’opinion en Allemagne, est devenue un enjeu de la campagne électorale, au même titre que le chômage ou l’immigration. L’indétermination de son adversaire chrétien-démocrate sur cette question n’est pas pour peu dans la surprenante remontée de Schröder dans les dernières semaines de campagne. Cela n’a pas été sans tiraillements diplomatiques avec les Etats-Unis, évidemment, ni avec les autres membres de l’Union européenne, beaucoup moins fermes sur l’attitude à tenir.
Dans l’Union européenne aussi, le gouvernement Schröder a distendu les liens du couple franco-allemand. Dès son arrivée au pouvoir, Schröder a manifesté l’intention de mettre un terme à une situation qui faisait de son pays le plus gros contributeur du budget européen et surtout un contributeur net. Au contraire de la France qui est largement bénéficiaire de la politique agricole commune, le plus gros poste de dépenses de l’Union européenne. Les conditions de l’élargissement pour les années à venir a également donné lieu à de longues discussions sur le poids de chacun des deux pays et de leur droit de vote respectif. La France souhaitait un maintien de la parité, les Allemands faisant valoir une population de 82 millions de personnes après réunification. Toutefois, les tentatives de rapprochement entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne de Tony Blair semblent avoir tourné court, en raison notamment des positions atlantistes de ce dernier.
par Francine Quentin
Article publié le 20/09/2002