Proche-Orient
Yasser Arafat dans son palais transformé en réduit
Le chef de l’Autorité palestinienne est assiégé avec plusieurs dizaines de proches depuis cinq jours dans le seul bâtiment de son palais de la Mouqataa qui n’a pas été détruit par l’armée israélienne. A l’intérieur les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
On l’aperçoit depuis les hauteurs d’El Bireh, la ville voisine de Ramallah. Une masse grisâtre, rongée par la mitraille, isolée au milieu d’une marée de gravats et cernée par trois rangées de barbelés et une tranchée. C’est là, dans ce bâtiment, le dernier à tenir encore debout, que Yasser Arafat est confiné avec plus de deux cents hommes. De l’immense complexe de 3000 mètres carrés, construit par les Britanniques dans les années 20, puis occupé à tour de rôle par les Jordaniens, les Israéliens et les Palestiniens, il ne reste qu’une dizaine de pièces réparties sur deux étages. Alors que pendant les précédents encerclements, au mois d’avril et de juin, les assiégés pouvaient circuler dans les deux ailes du bâtiment, ils sont désormais cantonnés dans une seule, depuis qu’un bulldozer a détruit la passerelle qui les reliait. «Ils vivent dans moins d’un mètre carré par personne», explique Claude Léostic, une militante pacifiste qui fut du premier siège.
Le rez-de-chaussée est un simple sas d’entrée, très étroit. Obstrué par des bidons de ferraille remplis de sable, il est gardé par des soldats de la Force 17, la garde personnelle du président palestinien, armée de kalachnikov et de bonbonnes de gaz. Le premier étage est constitué d’un couloir qui dessert plusieurs pièces, dont le bureau de Yasser Arafat et la salle de réunion de la présidence, où les visiteurs étrangers sont reçus et qui figure rituellement sur les clichés publiés dans la presse. C’est là que se trouvait Arafat, au démarrage de l’offensive israélienne. Mais après qu’un obus israélien l’a endommagée, les officiels se seraient réfugiés à l’étage supérieur, qui comprend les appartements privés de Yasser Arafat. «Ils venaient d’être remis en état après avoir été touchés lors de l’attaque du mois de juin», raconte Claude Léostic. Outre les gardes du corps du leader palestinien, on trouve à cet étage Salam Fayyad, le ministre de l’Economie, Hani El Hassan, le responsable du Tanzim pour la Cisjordanie, Tawfic Tirawi, l’un des chef des services secrets palestiniens et Mahmoud Damra, le patron de la Force 17, ces deux derniers figurant parmi les personnes recherchées par Israël. Le reste des assiégés est composé de policiers de la Sécurité nationale et d’employés de la présidence qui sont dispersés entre les deux niveaux. Mais la circulation de l’un à l’autre est devenu hasardeuse sinon impossible depuis qu’un obus a partiellement détruit l’escalier central.
L’eau et le téléphone sont coupés. L’électricité fonctionne par intermittence.
A l’intérieur du bâtiment qui prend des allures de réduit, les conditions de vie sont extrêmement spartiates. Les réseaux d’eau courante et de téléphone ont été coupés, celui d’électricité fonctionne par intermittence. Aux relents de promiscuité, s’ajoute la chaleur depuis que l’armée israélienne a détruit les générateurs d’air conditionné. «C’est misérable, dit Zafer Al Nubani, un fonctionnaire de l’Autorité palestinienne. Il n’y a presque pas de matelas et de couverture. On dort par terre, les uns sur les autres. Dimanche soir, pour la première fois, les Israéliens ont arrêté de tirer. Mais la situation reste très dangereuse. La nuit, un projecteur se promène sur la façade. Il traque la moindre silhouette». Certes l’armée israélienne a consenti dimanche soir à laisser passer un camion de ravitaillement. Des pains «pita», des bouteilles d’eau, des conserves et des sous-vêtements, notamment. Mais un chargement de médicaments a été refoulé.
Partie pour une opération coup de poing, censée durer quelques jours au maximum, l’armée israélienne ne fera pas de cadeau aux assiégés. Salam Fayyad en est conscient : «Les conditions sanitaires sont désastreuses. Nous ne savons pas combien de temps nous pourrons tenir».
On l’aperçoit depuis les hauteurs d’El Bireh, la ville voisine de Ramallah. Une masse grisâtre, rongée par la mitraille, isolée au milieu d’une marée de gravats et cernée par trois rangées de barbelés et une tranchée. C’est là, dans ce bâtiment, le dernier à tenir encore debout, que Yasser Arafat est confiné avec plus de deux cents hommes. De l’immense complexe de 3000 mètres carrés, construit par les Britanniques dans les années 20, puis occupé à tour de rôle par les Jordaniens, les Israéliens et les Palestiniens, il ne reste qu’une dizaine de pièces réparties sur deux étages. Alors que pendant les précédents encerclements, au mois d’avril et de juin, les assiégés pouvaient circuler dans les deux ailes du bâtiment, ils sont désormais cantonnés dans une seule, depuis qu’un bulldozer a détruit la passerelle qui les reliait. «Ils vivent dans moins d’un mètre carré par personne», explique Claude Léostic, une militante pacifiste qui fut du premier siège.
Le rez-de-chaussée est un simple sas d’entrée, très étroit. Obstrué par des bidons de ferraille remplis de sable, il est gardé par des soldats de la Force 17, la garde personnelle du président palestinien, armée de kalachnikov et de bonbonnes de gaz. Le premier étage est constitué d’un couloir qui dessert plusieurs pièces, dont le bureau de Yasser Arafat et la salle de réunion de la présidence, où les visiteurs étrangers sont reçus et qui figure rituellement sur les clichés publiés dans la presse. C’est là que se trouvait Arafat, au démarrage de l’offensive israélienne. Mais après qu’un obus israélien l’a endommagée, les officiels se seraient réfugiés à l’étage supérieur, qui comprend les appartements privés de Yasser Arafat. «Ils venaient d’être remis en état après avoir été touchés lors de l’attaque du mois de juin», raconte Claude Léostic. Outre les gardes du corps du leader palestinien, on trouve à cet étage Salam Fayyad, le ministre de l’Economie, Hani El Hassan, le responsable du Tanzim pour la Cisjordanie, Tawfic Tirawi, l’un des chef des services secrets palestiniens et Mahmoud Damra, le patron de la Force 17, ces deux derniers figurant parmi les personnes recherchées par Israël. Le reste des assiégés est composé de policiers de la Sécurité nationale et d’employés de la présidence qui sont dispersés entre les deux niveaux. Mais la circulation de l’un à l’autre est devenu hasardeuse sinon impossible depuis qu’un obus a partiellement détruit l’escalier central.
L’eau et le téléphone sont coupés. L’électricité fonctionne par intermittence.
A l’intérieur du bâtiment qui prend des allures de réduit, les conditions de vie sont extrêmement spartiates. Les réseaux d’eau courante et de téléphone ont été coupés, celui d’électricité fonctionne par intermittence. Aux relents de promiscuité, s’ajoute la chaleur depuis que l’armée israélienne a détruit les générateurs d’air conditionné. «C’est misérable, dit Zafer Al Nubani, un fonctionnaire de l’Autorité palestinienne. Il n’y a presque pas de matelas et de couverture. On dort par terre, les uns sur les autres. Dimanche soir, pour la première fois, les Israéliens ont arrêté de tirer. Mais la situation reste très dangereuse. La nuit, un projecteur se promène sur la façade. Il traque la moindre silhouette». Certes l’armée israélienne a consenti dimanche soir à laisser passer un camion de ravitaillement. Des pains «pita», des bouteilles d’eau, des conserves et des sous-vêtements, notamment. Mais un chargement de médicaments a été refoulé.
Partie pour une opération coup de poing, censée durer quelques jours au maximum, l’armée israélienne ne fera pas de cadeau aux assiégés. Salam Fayyad en est conscient : «Les conditions sanitaires sont désastreuses. Nous ne savons pas combien de temps nous pourrons tenir».
par Benjamin Barthe
Article publié le 23/09/2002
