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Irak

Début des discussions Irak-ONU

Depuis lundi matin, une délégation irakienne et les inspecteurs de l'Onu examinent les modalités du retour de ces derniers.
Du côté des Nations unies, Hans Blix, le directeur de la Commission de contrôle de vérification et d'inspection des Nations unies (COCOVINU), qui a remplacé l'UNSCOM, Mohammed El Baradei, le directeur de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) et une vingtaine de leurs inspecteurs. Côté irakien, Amer El Saadi, le conseiller de Saddam Hussein pour les questions d'armements.

Depuis ce lundi matin, à Vienne, les deux délégations travaillent à la mise au point pratique du retour sur le terrain des inspecteurs, auxquels les Irakiens ont récemment promis un accès sans entrave à tous les sites qu'ils voudraient contrôler, quatre ans après leur expulsion par le gouvernement de Bagdad.

A Vienne, on ne discute pas des armements. Pas encore. Il s’agit d’une réunion technique. Pour l'heure, ce qui est en jeu, ce sont les modalités pratiques des inspections: visas, logement, transport, sans oublier la sécurité des inspecteurs en désarmement de l’Onu, et notamment de la possibilité de faire escorter ces inspecteurs, éventuellement par des gardes armés. Pour Hans Blix, l’objectif est que ses hommes puissent être à pied d’œuvre à la mi-octobre.

Ce programme ne fait pas du tout l’affaire des États-Unis qui ne font pas mystère de leur mécontentement. Alors que Dick Cheney, le vice-président, a publiquement indiqué qu’il ne voyait pas l’utilité d’un retour des inspecteurs, d’autres hauts responsables américains estiment que leur retour ne saurait être envisagé hors d’une résolution fixant à l’Irak des conditions très strictes, ayant le caractère d’un ultimatum. La présence sur le terrain des inspecteurs avant le vote d’une telle résolution affaiblirait, selon eux, le message de détermination que l’ONU doit adresser à l’Irak.

Ce que ne disent pas les Américains, mais qui est très présent dans leur esprit, c’est qu’avec des inspecteurs de l’ONU sur place, pour une durée vraisemblablement assez longue, les perspectives d’une frappe américano-britannique se compliquent considérablement. D’une part parce qu’une majorité des États composant les Nations unies exigeront de laisser à ces derniers le temps de faire leur travail avant d’en tirer les conclusions, en second lieu, parce qu’ils constituent autant d’otages potentiels pour Saddam Hussein pour faire pression sur les pays dont ils sont ressortissants, et, à travers eux, sur Washington.

Washington à l’affût d’un faux-pas irakien

En attendant, sur le front diplomatique, les choses ne se présentent pas de manière très favorable pour George W. Bush. Son seul allié international, le Premier ministre britannique Tony Blair, affronte depuis ce lundi un congrès travailliste houleux deux jours après la plus importante manifestation pacifiste de l’histoire récente de la Grande-Bretagne, qui a rassemblé plus de 200 000 personnes hostiles à une guerre contre l’Irak. La résistance, inattendue pour George Bush, du président français Jacques Chirac à son projet de résolution-ultimatum vendredi dernier, a eu pour effet de requinquer les opposants en Europe au projet américano-britannique et de relativiser l’isolement de l’Allemagne au sein des Quinze, tout en plaçant Tony Blair sur la défensive. La Russie vient de condamner de façon catégorique les derniers bombardements anglo-américains sur l’Irak et Vladimir Poutine s’est déclaré publiquement favorable à un retour des inspecteurs le plus rapidement possible.

Quant aux États-Unis eux-même, on y assiste à un réveil des ténors démocrates: Gore, Carter et Clinton, notamment, tandis qu’à un mois des élections du 6 novembre, les sénateurs et représentants sortants constatent que leurs électeurs sont beaucoup moins belliqueux que la tonalité dominante à Washington.

Reste un cas de figure dont rêvent les dirigeants américains et que l’histoire de ces onze dernières années ne permet pas d’écarter: un dérapage de la part des Irakiens, qui continuent par exemple de s’opposer à toute inspection des fameux «sites présidentiels» et qui donneraient aux va-t-en guerre de Washington le casus belli que la communauté internationale leur dénie pour l’instant.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 30/09/2002