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Santé

La peur des antennes-relais

Avec le développement de la téléphonie mobile, le débat sur les conséquences sanitaires de l’exposition aux ondes électromagnétiques émises par les antennes-relais est de plus en plus d’actualité. A Paris, les autorités municipales ont décidé de prendre le taureau par les cornes et d’entamer, dès vendredi, une concertation avec les principaux opérateurs pour établir une «charte de bonne conduite» concernant l’installation des émetteurs sur les toits des immeubles.
Les normes actuellement en vigueur en France autorisent les opérateurs de téléphonie mobile à installer leurs antennes-relais à peu près là où ils le désirent. Ils leur suffit, par exemple, d’obtenir l’accord des co-propriétaires d’un immeuble pour accéder à un toit et y mettre en place leur matériel. Ni la municipalité, ni les riverains n’ont à donner leur autorisation. Et une fois que l’antenne est posée, il n’y a pas de recours pour la faire disparaître. Les seules restrictions concernent quelques lieux dits «sensibles» comme les écoles, les crèches ou les hôpitaux autour desquels les émissions doivent être réduites au minimum dans un rayon de 100 mètres.

Ces mesures ne semblent pas suffisantes aux associations qui militent pour une réglementation beaucoup plus stricte en matière d’implantation des antennes-relais en vertu du principe de précaution. L’une d’entre elles, Priartem a d’ailleurs demandé au ministre de la Santé, Jean-François Mattei, de changer les règles du jeu et de donner la possibilité aux collectivités locales de refuser de telles installations pour protéger la santé des personnes ou l’environnement. La législation actuelle s’appuie, en effet, sur le fait qu’aucune étude scientifique n’a, pour le moment, établi avec certitude que l’exposition aux ondes émises par les téléphones mobiles ou les antennes-relais installées par les opérateurs dans des zones habitées, est néfaste pour la santé.

Il n’empêche que le doute existe et que les installations d’antennes dans les zones urbanisées provoquent de nombreuses réactions de la part des riverains soucieux de préserver leur santé. D’autant que si la relation de cause à effet n’a pas été prouvée scientifiquement, il est arrivé à plusieurs reprises ces dernières années, que des personnes vivant à proximité des antennes subissent des désagréments et notent l’apparition de certains symptômes (nausées, maux de tête…). Le doute le plus important concerne l’apparition de cancers.

«C’est à l’Etat d’intervenir»

Dans ce contexte, la Mairie de Paris a décidé d’engager une concertation avec les trois principaux opérateurs, Orange, SFR, Bouygues Telecom, pour trouver un terrain d’entente qui permette de satisfaire à la fois leurs besoins techniques face à l’augmentation du trafic et les revendications des habitants de ne pas être exposés, parfois à leur insu, à ces émissions d’ondes. Elle propose ainsi l’adoption d’une «charte de bonne conduite» plus stricte que le décret actuellement en vigueur.

L’une des principales mesures envisagées par Yves Contassot, l’adjoint du maire de Paris chargé de l’environnement, est de baisser le niveau d’émission des antennes qui dépassent les valeurs maximales d’exposition autorisées (41 volts/mètre). Les associations estiment que ces dernières ne devraient pas se situer au-delà d’un volt par mètre. La mairie envisage aussi la mise en place d’une procédure d’autorisation préalable avant l’implantation de nouveaux émetteurs, le retrait de certains d’entre eux déjà installés dans des zones «sensibles» et une meilleure information des riverains.

«Nous sommes dans une logique de partenariat et non d’imposition d’une réglementation par arrêté municipal», a indiqué Yves Contassot. Une précision d’autant plus importante que les opérateurs précisent à l’envi qu’ils s’en tiennent à respecter les recommandations de la loi. Benedict Donelly, porte-parole de SFR, a ainsi estimé que «les opérateurs n’ont aucune légitimité à fixer les normes qui doivent régir la santé publique ; c’est à l’Etat d’intervenir». D’ailleurs, lorsque ces derniers se trouvent opposés à des municipalités à propos de l’implantation d’antennes, ils obtiennent généralement gain de cause. Le Conseil d’Etat a déjà tranché par deux fois en leur faveur au motif qu’aucun rapport n’a jusqu’ici conclu à la nécessité d’imposer le principe de précaution et qu’il n’y a pas de raison d’entraver la liberté du commerce. La balle est donc aussi aujourd’hui dans le camp du ministre de la Santé, Jean-François Mattei, qui avait tenté sans succès, lorsqu’il était encore simple député en 2001, de faire passer un projet de loi pour permettre aux collectivités locales de refuser l’installation des émetteurs.



par Valérie  Gas

Article publié le 05/09/2002