Nations unies
Kofi Annan dissuade Bush d'agir seul
Alors que George Bush doit prononcer un discours très attendu sur la marche vers la guerre contre l'Irak, ce jeudi en ouverture de l'assemblée générale de l'ONU, Kofi Annan a pris les devants. Il prononce un discours, qui précède celui de George Bush, et qui est un vibrant plaidoyer en faveur du multilatéralisme et de la légitimité onusienne pour ce type d'actions.
De notre correspondant à New York (Nations unies)
Certains des conseillers de Kofi Annan ont tenté de le dissuader. En vain. Alors qu'il va s'exprimer en ouverture de l'assemblée générale de l'ONU, quelques minutes avant un Georges Bush prêt à partir en guerre contre l'Irak, le prix Nobel de la paix a choisi l'opposition frontale. Son discours va chanter les vertus du multilatéralisme et exhorter les Etats-Unis de manière à peine voilée à n'entreprendre aucune action contre l'Irak hors du cadre juridique de l'ONU. Pour être bien certain que son message soit entendu, Kofi Annan a fait circuler son discours en avance, et en a envoyé copie au président américain. La procédure est peu orthodoxe, elle est trop audacieuse pour certains, mais elle pourrait embarrasser George Bush et l'empêcher de se montrer trop belliqueux.
«Tous les Etats ont manifestement intérêt à soutenir le droit international et à maintenir l'ordre international, et ce n'est pas seulement leur intérêt, mais aussi, incontestablement leur responsabilité» va expliquer Kofi Annan. Les allusions aux velléités guerrières américaines sont parfois transparentes. «Un Etat peut réagir en frappant le groupe terroriste qui l'a attaqué ou le pays qui abrite celui-ci. Mais le seul espoir réel de barrer le chemin aux terroristes passe par une concertation, une vigilance et une coopération auxquelles participent tous les Etats, l'information circulant entre eux de manière permanente et systématique» poursuit le secrétaire général de l'ONU.
Kofi Annan tente de couper l’herbe sous le pied de George Bush
Par moments, le discours tourne au sermon. «Aucun Etat, si grand ou si petit soit-il, ne peut choisir ou rejeter la voie du multilatéralisme en fonction de ce qui lui convient sur le plan politique. Les répercussions de ce choix dépassent largement le contexte immédiat» prévient Kofi Annan. Selon lui, si les Etats-Unis engageaient une action unilatérale et non autorisée par l'ONU contre l'Irak, ils se placeraient en violation du droit international. «Tout Etat qui a été attaqué dispose en vertu de l'article 51 de la Charte d'un droit naturel à la légitime défense. Mais au-delà de ce droit, si les Etats décident de faire usage de la force face à des menaces plus générales pesant sur la paix et la sécurité internationales, rien ne saurait remplacer la légitimité que seule l'ONU peut conférer» prévient-il. Et de citer en exemple la coalition internationale qui avait libéré le Koweït des griffes irakiennes, voilà 12 ans, sous l'autorité du Conseil de sécurité.
Si il exhorte Washington à passer par l'ONU, Kofi Annan ne prône pas pour autant l'inaction. «Les dirigeants de l'Irak continuent à faire fi des résolutions impératives adoptées par le Conseil de sécurité» constate-t-il tout en demandant «à ceux qui ont l'oreille des dirigeants irakiens de faire comprendre à ceux-ci qu'il faut absolument qu'ils acceptent la reprise des inspections». Il s'agit pour le secrétaire général de l'ONU du «premier pas indispensable à franchir si l'on veut que le monde soit assuré que toutes les armes de destruction massive de l'Irak ont bien été éliminées et si l'on veut que les sanctions si éprouvantes pour le peuple irakien soient suspendues, et à termes, levées.» Kofi Annan va même plus loin dans ce discours de fermeté. «Si l'Irak continue de braver le Conseil de sécurité, celui-ci devra faire face à ses responsabilités» prévient-il.
Reste à savoir quelle forme prendrait cette intervention du Conseil. Les Français ont suggéré une méthode en deux temps, avec une première résolution imposant un ultimatum de deux à trois semaines à l'Irak pour laisser entrer sans conditions les inspecteurs en Irak, et une deuxième résolution, en cas de refus, pour décider des suites à donner. Les Américains et les Britanniques travaillent de leur côté à une résolution unique, qui donne un ultimatum au terme duquel l'action militaire serait automatiquement autorisée de manière plus ou moins indirecte. En cas d'échec de la médiation sur l'attitude à adopter, il est fort probable que le président Bush se réservera le droit d'agir, hors de toute légalité onusienne, tournant ainsi le dos aux conseils de Kofi Annan.
Certains des conseillers de Kofi Annan ont tenté de le dissuader. En vain. Alors qu'il va s'exprimer en ouverture de l'assemblée générale de l'ONU, quelques minutes avant un Georges Bush prêt à partir en guerre contre l'Irak, le prix Nobel de la paix a choisi l'opposition frontale. Son discours va chanter les vertus du multilatéralisme et exhorter les Etats-Unis de manière à peine voilée à n'entreprendre aucune action contre l'Irak hors du cadre juridique de l'ONU. Pour être bien certain que son message soit entendu, Kofi Annan a fait circuler son discours en avance, et en a envoyé copie au président américain. La procédure est peu orthodoxe, elle est trop audacieuse pour certains, mais elle pourrait embarrasser George Bush et l'empêcher de se montrer trop belliqueux.
«Tous les Etats ont manifestement intérêt à soutenir le droit international et à maintenir l'ordre international, et ce n'est pas seulement leur intérêt, mais aussi, incontestablement leur responsabilité» va expliquer Kofi Annan. Les allusions aux velléités guerrières américaines sont parfois transparentes. «Un Etat peut réagir en frappant le groupe terroriste qui l'a attaqué ou le pays qui abrite celui-ci. Mais le seul espoir réel de barrer le chemin aux terroristes passe par une concertation, une vigilance et une coopération auxquelles participent tous les Etats, l'information circulant entre eux de manière permanente et systématique» poursuit le secrétaire général de l'ONU.
Kofi Annan tente de couper l’herbe sous le pied de George Bush
Par moments, le discours tourne au sermon. «Aucun Etat, si grand ou si petit soit-il, ne peut choisir ou rejeter la voie du multilatéralisme en fonction de ce qui lui convient sur le plan politique. Les répercussions de ce choix dépassent largement le contexte immédiat» prévient Kofi Annan. Selon lui, si les Etats-Unis engageaient une action unilatérale et non autorisée par l'ONU contre l'Irak, ils se placeraient en violation du droit international. «Tout Etat qui a été attaqué dispose en vertu de l'article 51 de la Charte d'un droit naturel à la légitime défense. Mais au-delà de ce droit, si les Etats décident de faire usage de la force face à des menaces plus générales pesant sur la paix et la sécurité internationales, rien ne saurait remplacer la légitimité que seule l'ONU peut conférer» prévient-il. Et de citer en exemple la coalition internationale qui avait libéré le Koweït des griffes irakiennes, voilà 12 ans, sous l'autorité du Conseil de sécurité.
Si il exhorte Washington à passer par l'ONU, Kofi Annan ne prône pas pour autant l'inaction. «Les dirigeants de l'Irak continuent à faire fi des résolutions impératives adoptées par le Conseil de sécurité» constate-t-il tout en demandant «à ceux qui ont l'oreille des dirigeants irakiens de faire comprendre à ceux-ci qu'il faut absolument qu'ils acceptent la reprise des inspections». Il s'agit pour le secrétaire général de l'ONU du «premier pas indispensable à franchir si l'on veut que le monde soit assuré que toutes les armes de destruction massive de l'Irak ont bien été éliminées et si l'on veut que les sanctions si éprouvantes pour le peuple irakien soient suspendues, et à termes, levées.» Kofi Annan va même plus loin dans ce discours de fermeté. «Si l'Irak continue de braver le Conseil de sécurité, celui-ci devra faire face à ses responsabilités» prévient-il.
Reste à savoir quelle forme prendrait cette intervention du Conseil. Les Français ont suggéré une méthode en deux temps, avec une première résolution imposant un ultimatum de deux à trois semaines à l'Irak pour laisser entrer sans conditions les inspecteurs en Irak, et une deuxième résolution, en cas de refus, pour décider des suites à donner. Les Américains et les Britanniques travaillent de leur côté à une résolution unique, qui donne un ultimatum au terme duquel l'action militaire serait automatiquement autorisée de manière plus ou moins indirecte. En cas d'échec de la médiation sur l'attitude à adopter, il est fort probable que le président Bush se réservera le droit d'agir, hors de toute légalité onusienne, tournant ainsi le dos aux conseils de Kofi Annan.
par Philippe Bolopion
Article publié le 12/09/2002