Zimbabwe
Robert Mugabe défie l'Occident
«Humiliating!» Le virulent discours que Robert Mugabe a prononcé lundi soir à Johannesburg contre la Grande Bretagne et son premier ministre a été qualifié par la presse britannique de «humiliant» pour Tony Blair et très applaudi par de nombreux Africains présents. Y compris dans les rangs des journalistes. Sa dénonciation de la politique néo-coloniale de Londres au Zimbabwe n’est pas nouvelle, mais cette fois-ci elle a été saluée par quelqu’un qui fait figure de sage: le président namibien Sam Nujoma.
«Nous au Zimbabwe, comprenons trop bien que le développement durable n’est pas possible sans réforme agraire; et dans notre cas que la terre vient en premier, avant tout le reste, et que tout provient et dérive de la terre». Robert Mugabe, en dépit de ses 78 ans, n’a pas raté l’occasion unique et presque inespérée qui lui a été offerte au sommet de la Terre, de s’adresser à une centaine d’autres chefs d’Etat ou de gouvernement, alors qu’il est officiellement frappé de sanctions occidentales (visas et avoirs) et suspendu du Commonwealth. Il s’est posé en champion de tous les pays du Sud, a dénoncé toute forme d’ingérence du Nord et surtout attaqué la Grande Bretagne : «Que personne n’interfère avec nos processus, que personne n’essaie de faire dérailler ce que nous essayons de faire pour nous même afin d’unir l’Afrique. Nous avons conquis notre indépendance et sommes prêts à verser notre sang pour la protéger… Blair, gardez votre Angleterre, et laissez-moi garder mon Zimbabwe». Et Mugabe d’appeler le Premier ministre britannique à produire un programme qui permette aux Africains de se développer durablement, «non comme des marionnettes, non comme des mendiants, mais comme des peuples souverains».
Mugabe a consacré l’essentiel de son discours à rejeter «les intimidations du Nord, sous couvert de bonne gouvernance et de démocratie», et dénoncé les institutions internationales «détournées pour servir les intérêts stratégiques du Nord», à commencer par l’ONU qui, aux yeux du premier ministre zimbabwéen «reste non réformée et non-démocratique». Il ripostait aussi aux vaines tentatives de dernière heure des principaux pays anglophones (Grande Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle Zélande et Etats-Unis) d’empêcher son arrivée à Johannesburg. Le premier ministre britannique a profité pour sa part d’une visite dans le township d’Alexandra pour fustiger «les énormes dégâts» infligés au peuple zimbabwéen par Mugabe. Celui-ci a ruiné l’économie du pays et utilise «le colonialisme comme bouc émissaire», a-t-il ajouté.
Des SAS à la frontière du Zimbabwe
Peu avant l’intervention de Mugabe, le président namibien Sam Nujoma avait créé la surprise en demandant la levée des sanctions contre le Zimbabwe. Il a violemment dénoncé l’Occident pour son attitude vis-à-vis de Mugabe et ouvertement soutenu la reforme agraire et la spoliation des fermiers blancs. «Les colonialistes britanniques possèdent 78% de la terre au Zimbabwe, et quatorze millions d’indigènes n’ont pas de terre du tout… Ne venez pas ici nous dire que les choses ne vont pas. Nous les Africains, avons souffert plus que quiconque au monde» a-t-il lancé à l’adresse de la Grande Bretagne et des autres pays occidentaux.
Il y a quelques jours le gouvernement namibien a menacé d’exproprier 192 fermiers blancs de leurs terres (qui couvrent 1,2 millions d’hectares) parce qu’ils les sous-utlisent, ou les délaissent, selon la presse de Whindhoek. En réalité, la situation agraire namibienne ressemble beaucoup à celle du Zimbabwe voisin: la grande majorité des terres arables du pays est toujours entre les mains d’une minorité de fermiers blancs, et les «fermes commerciales» sont environ 4.000.
Toutes ces prises de positions, qui visent en priorité la Grande Bretagne, interviennent à la suite des révélations du quotidien londonien Daily Telegraph (conservateur), qui a écrit que des membres des SAS (Special Air Service) britanniques ont déjà effectué des opérations de reconnaissance à la frontière entre le Zimbabwe et l’Afrique du sud, dans le but d’identifier des lieux à l’intérieur du Zimbabwe où les fermiers blancs expulsés de leurs fermes pourraient être rassemblés avant d’être évacués, vraisemblablement vers l’Afrique du sud.
De son côté le ministère britannique de la Défense a annoncé le 29 août que 250 parachutistes seront envoyés le mois prochain en Afrique du sud pour des «exercices» qui visent à préparer une éventuelle évacuation par des avions de la Royal Air Force (RAF) des 20 000 citoyens britanniques vivant encore au Zimbabwe, de même que les autres 20 000 Blancs qui pour la plupart ont acquis la nationalité zimbabwéenne. Selon un porte-parole de ce ministère, il existe des plans d’urgence pour les évacuer, mais «ils ne comportent pas une intervention militaire» qui viserait le régime au pouvoir à Harare. A voir.
Ecouter également : Daniel Compagnon, spécialiste du Zimbabwe, qui commente la virulente prise de position du président Robert Mugabe au sommet de la terre à Johannesburg. Ce discours a notamment été condamné par les députés européens. Il répond aux questions de Cyril Bensimon. (06/09/2002)
Mugabe a consacré l’essentiel de son discours à rejeter «les intimidations du Nord, sous couvert de bonne gouvernance et de démocratie», et dénoncé les institutions internationales «détournées pour servir les intérêts stratégiques du Nord», à commencer par l’ONU qui, aux yeux du premier ministre zimbabwéen «reste non réformée et non-démocratique». Il ripostait aussi aux vaines tentatives de dernière heure des principaux pays anglophones (Grande Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle Zélande et Etats-Unis) d’empêcher son arrivée à Johannesburg. Le premier ministre britannique a profité pour sa part d’une visite dans le township d’Alexandra pour fustiger «les énormes dégâts» infligés au peuple zimbabwéen par Mugabe. Celui-ci a ruiné l’économie du pays et utilise «le colonialisme comme bouc émissaire», a-t-il ajouté.
Des SAS à la frontière du Zimbabwe
Peu avant l’intervention de Mugabe, le président namibien Sam Nujoma avait créé la surprise en demandant la levée des sanctions contre le Zimbabwe. Il a violemment dénoncé l’Occident pour son attitude vis-à-vis de Mugabe et ouvertement soutenu la reforme agraire et la spoliation des fermiers blancs. «Les colonialistes britanniques possèdent 78% de la terre au Zimbabwe, et quatorze millions d’indigènes n’ont pas de terre du tout… Ne venez pas ici nous dire que les choses ne vont pas. Nous les Africains, avons souffert plus que quiconque au monde» a-t-il lancé à l’adresse de la Grande Bretagne et des autres pays occidentaux.
Il y a quelques jours le gouvernement namibien a menacé d’exproprier 192 fermiers blancs de leurs terres (qui couvrent 1,2 millions d’hectares) parce qu’ils les sous-utlisent, ou les délaissent, selon la presse de Whindhoek. En réalité, la situation agraire namibienne ressemble beaucoup à celle du Zimbabwe voisin: la grande majorité des terres arables du pays est toujours entre les mains d’une minorité de fermiers blancs, et les «fermes commerciales» sont environ 4.000.
Toutes ces prises de positions, qui visent en priorité la Grande Bretagne, interviennent à la suite des révélations du quotidien londonien Daily Telegraph (conservateur), qui a écrit que des membres des SAS (Special Air Service) britanniques ont déjà effectué des opérations de reconnaissance à la frontière entre le Zimbabwe et l’Afrique du sud, dans le but d’identifier des lieux à l’intérieur du Zimbabwe où les fermiers blancs expulsés de leurs fermes pourraient être rassemblés avant d’être évacués, vraisemblablement vers l’Afrique du sud.
De son côté le ministère britannique de la Défense a annoncé le 29 août que 250 parachutistes seront envoyés le mois prochain en Afrique du sud pour des «exercices» qui visent à préparer une éventuelle évacuation par des avions de la Royal Air Force (RAF) des 20 000 citoyens britanniques vivant encore au Zimbabwe, de même que les autres 20 000 Blancs qui pour la plupart ont acquis la nationalité zimbabwéenne. Selon un porte-parole de ce ministère, il existe des plans d’urgence pour les évacuer, mais «ils ne comportent pas une intervention militaire» qui viserait le régime au pouvoir à Harare. A voir.
Ecouter également : Daniel Compagnon, spécialiste du Zimbabwe, qui commente la virulente prise de position du président Robert Mugabe au sommet de la terre à Johannesburg. Ce discours a notamment été condamné par les députés européens. Il répond aux questions de Cyril Bensimon. (06/09/2002)
par Elio Comarin
Article publié le 03/09/2002