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Sécurité alimentaire

A quand le retour du bœuf britannique ?

La France pourrait lever très bientôt l’embargo sur la viande bovine britannique. Après l’avis favorable rendu aujourd’hui par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), les ministres concernés par ce dossier ont dix jours pour faire part de leurs conclusions au chef du gouvernement.
Le risque zéro n’existe pas. Mais il semble, si l’on en croit l’Afssa, qu’il n’y a plus de danger majeur pour les Français à consommer de la viande de bœuf en provenance de Grande-Bretagne. Dans un avis publié vendredi pour répondre à la demande du gouvernement datant du 13 juin dernier, l’Agence change son fusil d’épaule pour la première fois depuis le début de la crise de la vache folle. «La possibilité d’importer des viandes bovines britanniques ne serait pas de nature à remettre en cause le niveau de sécurité actuellement garanti au consommateur en France».

Les données ont, en effet, beaucoup évolué depuis 1999, date à laquelle la Commission européenne a décidé de lever l’embargo sur le bœuf britannique, imposé à partir de 1996 pour préserver les consommateurs des risques de contamination. Une décision que l’Afssa avait à l’époque remise en cause estimant que l’on n’avait pas assez de recul et de données concernant les risques pour l’homme. Selon l’Agence, le nombre de cas d’encéphalite spongiforme bovine recensés en Grande-Bretagne a aujourd’hui diminué et l’écart avec la France s’est amenuisé. Il n’y a plus, à l’heure actuelle, que 7 à 10 fois plus de bœufs atteints d’ESB dans ce pays alors qu’il y en avait 300 fois plus en 1999 (2 cas par million de bovins en France contre 650 en Grande-Bretagne).

La France est sous le coup d’une très lourde amende

D’autre part, le nombre de personnes atteintes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, forme humaine de l’encéphalite spongiforme bovine développée après l’ingestion d’une viande contaminée, en Grande-Bretagne ces dernières années n’a pas connu l’explosion que l’on pouvait craindre. Depuis 1995, le ministère de la Santé britannique a recensé 121 cas sur le territoire. Ces résultats obtenus dans le pays qui a été le plus exposé à la maladie de la vache folle sont, du point de vue des experts, plutôt encourageants quant à la capacité à limiter les risques de contamination.

L’Afssa recommande malgré tout de mettre en place un système de dépistage pour toutes les bêtes âgées de plus de 24 mois, au lieu de 30 mois. Cette mesure est déjà appliquée systématiquement en France, en Allemagne et en Italie mais pas en Grande-Bretagne. Dans ce pays, en effet, aucun test n’est pratiqué. Par contre, seuls sont exportables les animaux qui ont entre six et trente mois pour lesquels les risques sont les plus limités. Et depuis l’adoption de cette mesure, aucune vache malade n’a été trouvée dans cette classe d’âge.

Jusqu’ici, les experts de l’Afssa avaient fait valoir le principe de précaution pour justifier le maintien par la France d’un embargo sur la viande anglaise alors que tous les autres pays européens ont décidé de le lever entre 1999 et 2000. Le gouvernement a toujours suivi les recommandations de l’Agence et n’a pas cédé aux pressions des Britanniques et de la Commission de Bruxelles concernant la réouverture du marché hexagonal. Il s’est d’ailleurs exposé pour cette raison à une condamnation de la part de la Cour européenne de Justice qui a qualifié ce refus «d’illégal», en décembre 2001. S’il adopte aujourd’hui la même attitude et suit le nouvel avis de l’Afssa en décidant finalement d’importer de nouveau de la viande bovine britannique, il pourrait éviter d’avoir à payer la très lourde amende de 158 250 euros par jour, à laquelle la Commission de Bruxelles a demandé qu’il soit condamné pour l’inciter à accepter de lever l’embargo.



par Valérie  Gas

Article publié le 20/09/2002