Grande-Bretagne
Tony Blair jugé plutôt convaincant sur l’Irak
Au lendemain du débat d’urgence au Parlement britannique et de la présentation du fameux dossier du gouvernement contre Bagdad, l’heure est un peu au décompte des points, qui de Tony Blair ou de ses opposants a remporté la manche sur la question d’une guerre contre Saddam Hussein?
De notre correspondante à Londres
Comme souvent après un événement de cette importance, c’est dans la presse que l’on retrouve le sentiment général et il semble que le chef du gouvernement britannique, à défaut de convaincre, ait en tout cas réussi à impressionner le pays. La plupart des journaux dits «de qualité» et des tabloïds saluent la démonstration du chef du gouvernement qui a fait là une de ses meilleures plaidoiries.
Pour les quotidiens conservateurs comme le populaire Daily Mail, on a vu hier un «Tony Blair plus convaincant que jamais», le Daily Telegraph renchérit en estimant que le Premier ministre a remporté une «victoire écrasante». De son côté The Guardian de centre-gauche pourtant réticent sur la position adoptée par le gouvernement estime que Tony Blair s’est montré «exceptionnel». Il n’ y a guère que The Independent pour se montrer plus que sceptique tandis que le quotidien populaire The Mirror se retrouve, lui, partagé entre sa tendance naturelle à soutenir le cabinet travailliste et son opposition farouche à toute intervention contre l’Irak. Le journal reconnaît ainsi que M. Blair a «défendu aussi bien qu’on pouvait le faire l’indéfendable». Mais son gros titre répète sa principale réserve à la politique gouvernementale: «Nous demandions à Blair de nous convaincre du bien-fondé d’une attaque contre l’Irak... A-t-il réussi?: NON,» est l’implacable réponse qui barre toute la Une du journal.
Malgré sa bonne performance le Premier ministre est donc loin d’avoir gagné à sa cause le pays et le monde politique, qui n’ont rien trouvé de bien nouveau dans les 50 pages du dossier sur l’armement irakien rendu public hier. A commencer par ses propres députés. Certains travaillistes, emmenés par Jeremy Corbyn, l’un des porte-drapeaux de la contestation ont publié un contre-rapport baptisé "le dossier malhonnête pour la guerre contre l'Irak". Pour eux il s’agit en réalité d’une guerre qui concerne George Bush, les armes et le pétrole et ils veulent savoir pourquoi Londres ne peut avoir une politique internationale indépendante de l'administration américaine.
Défiance limitée dans les rangs travaillistes
Des députés travaillistes qui ont quand même été 53 sur 64 parlementaires à voter contre le gouvernement à l’issu du débat à la chambre des Communes. Certes cette défiance paraît limitée au regard du nombre de membres du Parlement (659 députés composent la chambre basse) mais c’est quand même plus que ce à quoi s’attendait Downing Street. Qui plus est il est désormais très clair au vu de la passion qui animé le débat d’hier, qu’une grande partie des parlementaires accordent un soutien prudent et provisoire à Tony Blair, espérant surtout qu’il réussira à persuader le président américain George Bush d’agir dans le cadre des Nations unies.
La même méfiance risque de se retrouver au sein de la population. Un dernier sondage publié dans The Guardian hier montrait que 86% des britanniques estiment que le gouvernement doit obtenir l'aval du Parlement et des Nations unies avant d'engager une action militaire contre Bagdad. La grande question pour Tony Blair est donc maintenant de savoir ce que vont faire les américains. S’ils finissent par perdre patience et décident d’agir seuls sans l’accord de l’ONU, le Premier ministre devra alors faire un choix décisif: soit il décide de ne pas suivre les USA au risque de voir disparaître sa chère «relation spéciale» avec Washington, soit il suit George Bush, au risque cette fois de voir son propre parti se scinder en deux, et de subir surtout une perte de popularité très importante. Un déclin qui s’est déjà amorcé puisque le gouvernement est dans les sondages à son niveau le plus bas depuis la dernière vague de protestation contre le prix de l’essence qui avait paralysé le pays il y a deux ans.
Le Premier ministre va d’ailleurs très vite faire face à un autre test puisqu’une manifestation contre une guerre en Irak s’annonce pour le week-end du 28 septembre. Un mouvement de protestation dont l’ampleur sera une nouvelle occasion de mesurer le degré d’opposition de la population britannique à toute participation du pays à une intervention américaine. La difficulté pour Tony Blair se pose désormais en ces termes: tant que la possibilité d’une situation diplomatique existe, le chef du gouvernement peut repousser tous ces problèmes intérieurs, domestiques, mais sans l’aval des Nations Unies il fera alors immanquablement face à une crise considérable.
Comme souvent après un événement de cette importance, c’est dans la presse que l’on retrouve le sentiment général et il semble que le chef du gouvernement britannique, à défaut de convaincre, ait en tout cas réussi à impressionner le pays. La plupart des journaux dits «de qualité» et des tabloïds saluent la démonstration du chef du gouvernement qui a fait là une de ses meilleures plaidoiries.
Pour les quotidiens conservateurs comme le populaire Daily Mail, on a vu hier un «Tony Blair plus convaincant que jamais», le Daily Telegraph renchérit en estimant que le Premier ministre a remporté une «victoire écrasante». De son côté The Guardian de centre-gauche pourtant réticent sur la position adoptée par le gouvernement estime que Tony Blair s’est montré «exceptionnel». Il n’ y a guère que The Independent pour se montrer plus que sceptique tandis que le quotidien populaire The Mirror se retrouve, lui, partagé entre sa tendance naturelle à soutenir le cabinet travailliste et son opposition farouche à toute intervention contre l’Irak. Le journal reconnaît ainsi que M. Blair a «défendu aussi bien qu’on pouvait le faire l’indéfendable». Mais son gros titre répète sa principale réserve à la politique gouvernementale: «Nous demandions à Blair de nous convaincre du bien-fondé d’une attaque contre l’Irak... A-t-il réussi?: NON,» est l’implacable réponse qui barre toute la Une du journal.
Malgré sa bonne performance le Premier ministre est donc loin d’avoir gagné à sa cause le pays et le monde politique, qui n’ont rien trouvé de bien nouveau dans les 50 pages du dossier sur l’armement irakien rendu public hier. A commencer par ses propres députés. Certains travaillistes, emmenés par Jeremy Corbyn, l’un des porte-drapeaux de la contestation ont publié un contre-rapport baptisé "le dossier malhonnête pour la guerre contre l'Irak". Pour eux il s’agit en réalité d’une guerre qui concerne George Bush, les armes et le pétrole et ils veulent savoir pourquoi Londres ne peut avoir une politique internationale indépendante de l'administration américaine.
Défiance limitée dans les rangs travaillistes
Des députés travaillistes qui ont quand même été 53 sur 64 parlementaires à voter contre le gouvernement à l’issu du débat à la chambre des Communes. Certes cette défiance paraît limitée au regard du nombre de membres du Parlement (659 députés composent la chambre basse) mais c’est quand même plus que ce à quoi s’attendait Downing Street. Qui plus est il est désormais très clair au vu de la passion qui animé le débat d’hier, qu’une grande partie des parlementaires accordent un soutien prudent et provisoire à Tony Blair, espérant surtout qu’il réussira à persuader le président américain George Bush d’agir dans le cadre des Nations unies.
La même méfiance risque de se retrouver au sein de la population. Un dernier sondage publié dans The Guardian hier montrait que 86% des britanniques estiment que le gouvernement doit obtenir l'aval du Parlement et des Nations unies avant d'engager une action militaire contre Bagdad. La grande question pour Tony Blair est donc maintenant de savoir ce que vont faire les américains. S’ils finissent par perdre patience et décident d’agir seuls sans l’accord de l’ONU, le Premier ministre devra alors faire un choix décisif: soit il décide de ne pas suivre les USA au risque de voir disparaître sa chère «relation spéciale» avec Washington, soit il suit George Bush, au risque cette fois de voir son propre parti se scinder en deux, et de subir surtout une perte de popularité très importante. Un déclin qui s’est déjà amorcé puisque le gouvernement est dans les sondages à son niveau le plus bas depuis la dernière vague de protestation contre le prix de l’essence qui avait paralysé le pays il y a deux ans.
Le Premier ministre va d’ailleurs très vite faire face à un autre test puisqu’une manifestation contre une guerre en Irak s’annonce pour le week-end du 28 septembre. Un mouvement de protestation dont l’ampleur sera une nouvelle occasion de mesurer le degré d’opposition de la population britannique à toute participation du pays à une intervention américaine. La difficulté pour Tony Blair se pose désormais en ces termes: tant que la possibilité d’une situation diplomatique existe, le chef du gouvernement peut repousser tous ces problèmes intérieurs, domestiques, mais sans l’aval des Nations Unies il fera alors immanquablement face à une crise considérable.
par Muriel Delcroix
Article publié le 25/09/2002