Développement durable
Clôture sur un bilan mitigé
Le sommet de Johannesburg s’achève sur un accord des gouvernements dont les ONG dénoncent le caractère peu contraignant.
De notre correspondante à Johannesburg
A quelques heures de la clôture du Sommet mondial sur le développement durable, délégués, représentants des ONG et journalistes pliaient déjà bagage. D’ultimes discussions ont porté sur l’opportunité d’appeler, dans la déclaration politique de la fin du sommet, à la «fin de l’apartheid global». Certains pays riches estiment que l’expression, utilisée par le président sud-africain Thabo Mbeki, implique leur responsabilité dans la pauvreté du Sud…
Depuis lundi soir, un accord final sur le fameux «plan d’action de Johannesburg» a été trouvé. Depuis, les annonces se sont succédées sur les grands projets d’aide au développement et les fameux «partenariats public-privé». De même, la décision russe, hier, de ratifier le protocole de Kyoto contre le réchauffement de la planète, après le Canada et le Japon, a été présentée comme un succès majeur. États-Unis et Australie sont désormais les deux seules puissances industrielles à refuser de signer le protocole.
Si le texte a été qualifié «d’excellent» par Alec Erwin, le ministre sud-africain du Commerce et de l’industrie, il passe pour un échec complet aux yeux de la société civile.
«Nous avons été trahis par les gouvernements, l’Onu et les multinationales», martèle Hélène Connor, directrice générale de Helio International. Aux côtés d’autres ONG françaises, hier, elle a déclaré la planète «vendue» lors d’une manifestation organisée au pied du grand globe en bâche plastifiée du stand de BMW, sur la place de Sandton Square. «Nous avons tout perdu sur l’énergie, dit-elle, puisqu’aucun calendrier et aucun objectif chiffré n’ont été fixés pour la mise en oeuvre des énergies renouvelables».
Ni pourcentage, ni date
De même, aucun pourcentage et aucune date n’ont été donnés pour le démantèlement des subventions agricoles des pays riches, qui pénalisent les paysans des pays pauvres. Seul calendrier en la matière : la fin 2004, terme prévu du round de Doha. Ces négociations devraient aboutir à temps, a rassuré le nouveau directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, présent à Johannesburg.
Sur les énergies renouvelables et les subventions agricoles, Alec Erwin a évoqué une impasse politique, tout en soulignant l’existence de 41 accords substantiels dans le texte final. Du point de vue des ONG, aucun pas en avant n’a été fait vers le développement durable. Tout l’exercice aura consisté en une pénible opération de défense des principes acquis à Rio, il y a dix ans. Principaux reculs : la remise en cause des principes de précaution, qui permettent à des pays de refuser des livraisons d’OGM si elles ne sont pas étiquetés, par exemple, et de responsabilité «différenciée» des pays riches, qui devraient, en tant que plus gros pollueurs, être les premiers à contribuer financièrement au efforts de développement durable.
Les Amis de la Terre ont dénoncé les efforts des États-Unis pour affaiblir le chapitre qui concerne la responsabilité des entreprises, tandis qu’Oxfam a parlé de «triomphe de l’avidité et de tragédie pour les peuples pauvres et l’environnement».
Si les ONG ont tenu, avant la fin du Sommet, un colloque pour faire le bilan de leurs propres faiblesses, les «grands perdants», affirme Hélène Connor, ne sont pas dans les rangs de la société civile. «Les États-Unis se retrouvent isolés sur le climat et maintenant, tout le monde sait qu’ils ne se soucient ni des populations du Sud, ni des populations du Nord», affirme-t-elle. Quant au Japon, il ne sera pas non plus sorti grandi du Sommet de Johannesburg. Tokyo s’est montré «encore plus rigide» que les États-Unis, à en croire un délégué européen.
Les ONG, dans un appel commun lancé hier aux chefs d’Etat, ont dénoncé comme une «démission devant leurs responsabilités» la réduction du rôle des États à «une simple implication dans des partenariats avec le secteur privé». René Longet, le représentant des ONG suisses, ne voit pas de problème à l’omniprésence des entreprises à Johannesburg. «Elles sont un acteur essentiel du développement durable, à condition qu’elles ne se substituent pas à l’engagement des États. Comme partout, il y a des gens sérieux, d’autres qui prennent le train en marche, d’autres qui ne sont là que pour la pub»… A son avis, le bilan d’un sommet qui s’annonçait difficile est en demi-teinte. «Nous avons, dit-il, assisté à un match nul entre les partisans de la mondialisation et ceux d’un cadrage environnemental, éthique et social. On ne sait pas qui va gagner la partie, mais les débats ont donné plus de consistance au développement durable».
A quelques heures de la clôture du Sommet mondial sur le développement durable, délégués, représentants des ONG et journalistes pliaient déjà bagage. D’ultimes discussions ont porté sur l’opportunité d’appeler, dans la déclaration politique de la fin du sommet, à la «fin de l’apartheid global». Certains pays riches estiment que l’expression, utilisée par le président sud-africain Thabo Mbeki, implique leur responsabilité dans la pauvreté du Sud…
Depuis lundi soir, un accord final sur le fameux «plan d’action de Johannesburg» a été trouvé. Depuis, les annonces se sont succédées sur les grands projets d’aide au développement et les fameux «partenariats public-privé». De même, la décision russe, hier, de ratifier le protocole de Kyoto contre le réchauffement de la planète, après le Canada et le Japon, a été présentée comme un succès majeur. États-Unis et Australie sont désormais les deux seules puissances industrielles à refuser de signer le protocole.
Si le texte a été qualifié «d’excellent» par Alec Erwin, le ministre sud-africain du Commerce et de l’industrie, il passe pour un échec complet aux yeux de la société civile.
«Nous avons été trahis par les gouvernements, l’Onu et les multinationales», martèle Hélène Connor, directrice générale de Helio International. Aux côtés d’autres ONG françaises, hier, elle a déclaré la planète «vendue» lors d’une manifestation organisée au pied du grand globe en bâche plastifiée du stand de BMW, sur la place de Sandton Square. «Nous avons tout perdu sur l’énergie, dit-elle, puisqu’aucun calendrier et aucun objectif chiffré n’ont été fixés pour la mise en oeuvre des énergies renouvelables».
Ni pourcentage, ni date
De même, aucun pourcentage et aucune date n’ont été donnés pour le démantèlement des subventions agricoles des pays riches, qui pénalisent les paysans des pays pauvres. Seul calendrier en la matière : la fin 2004, terme prévu du round de Doha. Ces négociations devraient aboutir à temps, a rassuré le nouveau directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, présent à Johannesburg.
Sur les énergies renouvelables et les subventions agricoles, Alec Erwin a évoqué une impasse politique, tout en soulignant l’existence de 41 accords substantiels dans le texte final. Du point de vue des ONG, aucun pas en avant n’a été fait vers le développement durable. Tout l’exercice aura consisté en une pénible opération de défense des principes acquis à Rio, il y a dix ans. Principaux reculs : la remise en cause des principes de précaution, qui permettent à des pays de refuser des livraisons d’OGM si elles ne sont pas étiquetés, par exemple, et de responsabilité «différenciée» des pays riches, qui devraient, en tant que plus gros pollueurs, être les premiers à contribuer financièrement au efforts de développement durable.
Les Amis de la Terre ont dénoncé les efforts des États-Unis pour affaiblir le chapitre qui concerne la responsabilité des entreprises, tandis qu’Oxfam a parlé de «triomphe de l’avidité et de tragédie pour les peuples pauvres et l’environnement».
Si les ONG ont tenu, avant la fin du Sommet, un colloque pour faire le bilan de leurs propres faiblesses, les «grands perdants», affirme Hélène Connor, ne sont pas dans les rangs de la société civile. «Les États-Unis se retrouvent isolés sur le climat et maintenant, tout le monde sait qu’ils ne se soucient ni des populations du Sud, ni des populations du Nord», affirme-t-elle. Quant au Japon, il ne sera pas non plus sorti grandi du Sommet de Johannesburg. Tokyo s’est montré «encore plus rigide» que les États-Unis, à en croire un délégué européen.
Les ONG, dans un appel commun lancé hier aux chefs d’Etat, ont dénoncé comme une «démission devant leurs responsabilités» la réduction du rôle des États à «une simple implication dans des partenariats avec le secteur privé». René Longet, le représentant des ONG suisses, ne voit pas de problème à l’omniprésence des entreprises à Johannesburg. «Elles sont un acteur essentiel du développement durable, à condition qu’elles ne se substituent pas à l’engagement des États. Comme partout, il y a des gens sérieux, d’autres qui prennent le train en marche, d’autres qui ne sont là que pour la pub»… A son avis, le bilan d’un sommet qui s’annonçait difficile est en demi-teinte. «Nous avons, dit-il, assisté à un match nul entre les partisans de la mondialisation et ceux d’un cadrage environnemental, éthique et social. On ne sait pas qui va gagner la partie, mais les débats ont donné plus de consistance au développement durable».
par Sabine Cessou
Article publié le 04/09/2002