Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Politique française

Vitrolles : la chute du couple Mégret

La maire sortante invalidée, Catherine Mégret (MNR), a été sévèrement battue à la mairie de Vitrolles, dans le sud de la France, avec 45,95% des voix, contre 54,05% pour le socialiste Guy Obino, qui remporte donc le second tour des élections municipales partielles de la ville. Le MNR perd ainsi son dernier fief.
L’émotion était palpable, dimanche 6 octobre, devant la mairie de Vitrolles où des centaines d’habitants, jeunes et moins jeunes, ont laissé éclaté leur joie après l’annonce de la victoire du candidat de la gauche, Guy Obino, aux élections municipales partielles. «Vitrolles est libre», «Ca y est, on l’a virée», s’exclamaient des Vitrollais. Au quartier général du Mouvement national républicain (MNR) de Catherine et Bruno Mégret, où étaient rassemblés une centaine de militants extrémistes, l’atmosphère était tout à fait différente: «dehors collabos», «les bougnoules vont vous faire la peau», «fumiers», lançaient quelques déçus des résultats du scrutin.

L’épouse du président du MNR, Bruno Mégret, a été devancée de plus de huit points, recueillant 45,95% des voix contre 54,05% à Guy Obino, tête de liste de la gauche unie. «Je suis extrêmement déçue. C’est une victoire de la magouille et de la désinformation», a déclaré Catherine Mégret, visiblement émue, après l’annonce de sa défaite. Le 29 septembre dernier, date du premier tour, Guy Obino avait recueilli 31,04% des suffrages et Catherine Mégret 36,73%. Apparemment, cette fois-ci la maire sortante n’a pas bénéficié de la mobilisation des abstentionnistes. Après avoir conquis la mairie en 1997 et l’avoir conservée en 2001, cette dernière réélection de Catherine Mégret avait été annulée en juillet de la même année par le Conseil d’Etat, en raison de tracts jugés «diffamatoires» contre un candidat de droite.

Réactions unanimes à droite comme à gauche

Quant au vainqueur, il a salué son élection comme «la victoire de la République». «Les Vitrollais ont réaffirmé leur attachement aux valeurs républicaines (…) Forts et rassemblés, vous avez refusé de céder à l’intolérance, la xénophobie et la démagogie. Mes chers compatriotes, vous avez fièrement défendu la liberté, l’égalité et la fraternité», a déclaré Guy Obino, sous les vivats et les concerts de klaxon.

A gauche, François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a estimé que la victoire de Guy Obino était «un message d’espoir pour les échéances qui viennent dès lors que la gauche est rassemblée, qu’elle sait s’ouvrir à tous les républicains». Même position pour Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF), pour qui cette victoire de la gauche est «avant tout celle de la démocratie, des valeurs républicaines et de l’humanisme». A droite, le sénateur-maire de Marseille, vice-président délégué de l’UMP, Jean-Claude Gaudin s’est «réjoui que les valeurs républicaines l’aient emporté sur l’extrême droite». Réaction indentique pour François Fillon, ministre des Affaires sociales, qui a déclaré que la défaite de Catherine Mégret était «bien pour la démocratie» alors que Philippe Douste-Blazy, député-maire de Toulouse et secrétaire général de l’UMP se félicitait des résultats à Vitrolles soulignant que «la volonté des électeurs de dire non à l’extrémisme» était une bonne chose. Enfin, Jean-Marie Le Pen, le leader du Front national a affirmé que «la maison Mégret est en ruine» et que «la trahison finit toujours par être punie».

Après ce revers, Bruno Mégret a estimé que cette défaite ne signifiait pas la fin politique de son parti, le MNR, issu de la scission avec le Front national de Jean-Marie Le Pen en 1999. «Mes convictions demeurent inébranlables face aux difficultés», a-t-il dit. «Le MNR va poursuivre son combat». Privé de la base logistique qu’était la mairie de Vitrolles, l’avenir semble s’assombrir pour le parti d’extrême droite, déjà menacé d’implosion après la démission récente de plusieurs de ses cadres dirigeants et le piètre résultat - 2,34% des suffrages - obtenu par Bruno Mégret, au premier tour de l’élection présidentielle du printemps dernier doublés de ceux des législatives tout aussi décevants.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/10/2002