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Union européenne

Budget 2003 : la France fait cavalier seul

La France a refusé de s’engager, contrairement à ses partenaires de la zone euro, à réduire dès 2003 son déficit public de 0,5% du PIB. Elle semble bien décidée à faire entendre sa petite musique dans le concert européen.
Une réduction de 0,5% par an, à partir de 2003, du déficit public dans les pays encore en déséquilibre de la zone euro est la contrepartie à la proposition de la Commission européenne, fin septembre, de repousser de 2004 à 2006 un retour à l’équilibre des finances publiques. L’objectif initial était devenu irréaliste en raison de la conjoncture économique peu favorable.

Francis Mer, le ministre français de l’Economie et des Finances a trouvé des accents quasi-gaulliens, devant ses homologues européens membres de l’eurogroupe qui devaient entériner cette proposition, pour justifier la position singulière de la France. Il a en effet refusé de s’engager à entreprendre, dès le budget de 2003, cette réduction de 0,5% du PIB chaque année. «Nous avons décidé qu’il y avait d’autres priorités en France, par exemple celle qui consiste à augmenter les dépenses militaires, a plaidé Francis Mer. Nous sommes encore dans une Europe où la politique budgétaire et la politique tout court d’un Etat reste sous son contrôle». Ainsi, être crédible sur le plan de la défense et conférer à l’Europe, par le biais de la France et de l’Angleterre, une autonomie militaire est plus important pour le gouvernement français que faire des économies.

Dans son refus d’obtempérer aux exigences de la Commission européenne et de ses partenaires, la France ne se reconnaît pas pour autant seule contre tous. Francis Mer a, comme les autres ministres de l’Economie, confirmé l’objectif de réduction progressive du déficit, à raison de 0,5% par an…mais seulement à partir de 2004. La France annonce dans son budget pour 2003 une réduction de 0,3% du déficit budgétaire ce qui lui permet d’afficher une stabilisation à 2,6% des déficits publics qui servent de référence dans l’Union européenne. Cela repousse à 2007-2008 les probabilités d’un retour à l’équilibre pour la France.

Au cas par cas

Des quatre pays sous la menace de sanctions pour non respect du pacte de stabilité européen, Allemagne, Italie, Portugal et France, seule cette dernière n’a pas pris les bonnes résolutions qu’on attendait d’eux pour réduire leur déficit. L’Allemagne a annoncé un plan d’économies, le Portugal un plan de rigueur et l’Italie a juré de retrouver l’équilibre en 2006. De leur côté, les pays vertueux de la zone euro, ceux qui ont déjà fait les sacrifices pour redresser leurs comptes, comme l’Espagne ou les Pays-Bas, ne l’entendent pas de cette oreille. L’eurogroupe n’a donc pas approuvé le report de l’échéance à 2006. La date de 2004 reste donc la base théorique du compromis entre les pays européens.

Théorique est bien le mot car le déficit moyen de la zone euro s’élèvera à environ 2% en 2002 alors que l’objectif était de 0,9%. De plus, les prévisions de croissance des douze pays ayant adopté la monnaie unique européenne pourraient encore être revues à la baisse par l’OCDE. On ne parviendrait pas à 3% de croissance du PIB en 2003.

Les pays qui connaissent une situation de déficit se sont engagés à présenter à la Commission européenne des mesures d’ajustement qui permettront de juger de la réalité de leurs efforts. Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Pedro Solbes a précisé que les moyens d’un retour à l‘équilibre seront déterminés, au cas par cas, en fonction de la conjoncture économique et des projets de budgets pour 2003 de chaque pays. Et, pour Wim Duisenberg, président de la Banque centrale européenne, l’essentiel est sauf puisque la pacte de stabilité et ses objectifs ont été confirmés. Reste à savoir combien de pays en déséquilibre pourront effectivement remplir leurs engagements. D’autant que certains, dont l’Allemagne, partent d’une situation plus déficitaire que celle de la France qui, elle, a résolu de ménager ses promesses.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/10/2002