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Politique française

Jacques Chirac s’engage pour la décentralisation

Le président français a effectué, ce 14 octobre à Troyes, son premier déplacement en province après les élections législatives du printemps dernier. Un voyage placé sous le signe de la décentralisation, l'un des grands chantiers de son quinquennat, deux jours avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres.
Très actif sur le front diplomatique depuis la rentrée, Jacques Chirac n’avait pas renoué avec la province depuis le 30 mai dernier, date à laquelle il avait appelé les Français à lui donner «une majorité claire» aux élections législatives. Cette visite est donc le premier déplacement du chef de l’Etat en province, dans une ville, Troyes, dont le maire, François Baroin n’était autre que l’ancien porte-parole de sa campagne présidentielle de 1995. Une ville apparemment pas choisie par hasard, car en 1997, le président, après l’échec de la droite aux législatives anticipées et le retour de la gauche au pouvoir, avait effectué sa rentrée politique.

Au menu de ce déplacement : un tracé des perspectives pour les mois à venir et un point sur les réformes engagées, notamment sur la décentralisation, thème cher au président mais aussi à son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. A peine arrivé dans l’Aube, Jacques Chirac a exhorté les Français à s’engager «sans crainte» sur la voie de la décentralisation, une réforme constitutionnelle qui introduira, à ses yeux, «plus de démocratie, plus de responsabilité, plus d’efficacité». «L’organisation de notre République est beaucoup trop pyramidale et elle doit être décentralisée», a-t-il ajouté. Cependant il n’a fait aucune allusion aux réserves exprimées par le Conseil d’Etat sur le projet de loi, approuvant notamment le principe controversé de l’autonomie financière ou du référendum local.

Le PS réclame des clarifications

Le 11 octobre, le Conseil d’Etat avait rendu un avis pour le moins négatif sur le texte rédigé par Jean-Pierre Raffarin. Le Premier ministre avait d’ailleurs déclaré, le même jour, qu’il se donnait «150 jours» pour refondre la décentralisation et qu’il entendait également passer outre l’avis du Conseil d’Etat sur son projet de loi constitutionnelle. Ce dernier a, en effet, proposé de supprimer notamment trois dispositions essentielles du texte : celle qui affirme que l’organisation de la République est «décentralisée», celle qui introduit le principe de subsidiarité en affirmant que les collectivités locales «ont vocation à exercer l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre à l’échelle de leur ressort», et enfin celle selon laquelle «les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités et les dotations qu’elles reçoivent d’autres collectivités territoriales représentent une part déterminante de l’ensemble de leurs ressources». «Cet avis n’entame en rien l’audace réformatrice du gouvernement», a d’ailleurs affirmé Jean-Pierre Raffarin qui présentera son texte en Conseil des ministres, le 16 octobre, avant de le soumettre au Sénat le 29. Ce lundi matin, le Parti socialiste n’avait pas de «position a priori fermée» dans le débat mais réclamait des clarifications dans le projet présenté par le gouvernement. «Notre volonté est clairement de faire avancer la décentralisation», a déclaré Vincent Peillon, porte-parole du parti.

Outre le thème de la décentralisation, Jacques Chirac, dans un préambule ajouté à son discours, a affirmé la détermination de la France à «lutter sans relâche contre le terrorisme». De plus, alors que le terme redouté de «rigueur» a réapparu dans le vocabulaire gouvernemental, il a assuré que la baisse des impôts et des charges se poursuivrait «méthodiquement au cours des prochaines années». Réactif à l'actualité, le chef de l'Etat s'est saisi plus précisément du problème de l'immigration, un thème esquivé durant la campagne électorale, pour marteler son credo républicain. Il a ainsi appelé à «donner une nouvelle vigueur» au modèle d’intégration et proposé que «chaque nouvel arrivant s’engage dans un véritable contrat d’intégration». Ce déplacement à Troyes a été l’occasion pour Jacques Chirac de faire une incursion sur la scène politique nationale, après trois mois de grande discrétion.

Lire également :
Les enjeux de la décentralisation
(L’éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 14/10/2002