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Francophonie

Abdou Diouf à la tête de la francophonie

Il était favori. Il a été choisi. Abdou Diouf est le nouveau secrétaire général de la francophonie. L’ancien président du Sénégal l’emporte sur le Congolais Henri Lopès, l’autre candidat au poste qui a été «contraint» de retirer sa candidature au dernier moment.
De notre envoyée spéciale à Beyrouth

Abdou Diouf bénéficie de l’aura particulière d’un «fils spirituel de l’un des pères de la francophonie, Léopold Sedar Senghor». Un homme dont il a été le Premier ministre pendant onze ans et auquel il a succédé à la présidence du Sénégal, en 1981. Ce musulman de soixante-sept ans qui est marié à une catholique, a souvent montré son profond attachement à la laïcité. Abdou Diouf a dirigé son pays jusqu’en mars 2000. Battu aux élections par Abdoulaye Wade, il a accepté sa défaite sans état d’âme. Cette attitude lui valu d’incarner «l’alternance tranquille» au Sénégal.

Lors de son premier discours de secrétaire général, prononcé à l’occasion de la séance de clôture du IXe sommet de la francophonie à Beyrouth, il a donné les grandes orientations de son mandat. Il a ainsi fait part de son désir de mettre en application la «déclaration de Bamako» sur les droits de l’homme et la démocratisation, souhaitée par plusieurs chefs d’Etat lors du sommet. Notamment par Jacques Chirac qui avait déjà demandé aux pays membres de la francophonie de l’appliquer «pleinement». Il aussi mis en avant son désir de promouvoir la «solidarité» économique en faveur du développement durable entre les pays du Nord et du Sud au sein de la communauté francophone. D’ailleurs, le prochain sommet doit avoir lieu à Ouagadougou, au Burkina Faso, à l’automne 2004, et sera consacré à ce thème. Il s’est encore engagé à promouvoir le multilinguisme et la diversité culturelle dans le cadre de la mondialisation. «Je me battrai pour le rayonnement de la langue française et la diversité culturelle… Il faut veiller sur la langue française».

«L’élection d’un fils de l’Afrique»

L’arrivée de l’ancien président du Sénégal à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie marque une étape importante. Il est le premier homme originaire d’Afrique subsaharienne à accéder à cette fonction, créée en 1997, lors du sommet de Hanoï, pour donner un porte-parole à une organisation aux ambitions de plus en plus politiques. Pour le président du Liban, Emile Lahoud, l’élection «d’un fils de l’Afrique, chère au cœur des Libanais» comme secrétaire général va participer à renforcer «le dialogue des cultures». La nomination d’un Africain était très attendu sur le continent où se trouve la majorité des Etats membres de la francophonie. Mais Abdou Diouf n’a pas fait, malgré cette attente, l’unanimité.

Le Congolais Henri Lopès, son adversaire, postulait depuis le sommet de Hanoï et a bénéficié pendant longtemps du soutien de nombreux chefs d’Etat africains. L’entrée d’Abdou Diouf dans la course a bouleversé le déroulement prévu des opérations. En un an, l’ancien président du Sénégal est passé du statut de candidat officieux à celui de favori obligé. Une montée en puissance qui lui a permis, au final, d’obtenir le poste.

Mais pour Henri Lopès, la désignation du successeur de l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali ne s’est pas faite dans des conditions satisfaisantes. «J’ai été contraint à me retirer.» En direct sur Radio France Internationale, dimanche matin, il a donc annoncé qu’il n’était plus candidat au poste de secrétaire général de la francophonie. Avec beaucoup d’amertume dans la voix, il a même précisé qu’il n’avait «plus le cœur de se présenter à la tête d’une organisation dont l’élection du secrétaire général se fait dans l’opacité… Il avait été convenu que l’Afrique choisirait son candidat. Aujourd’hui, on a choisi pour l’Afrique».



par Valérie  Gas

Article publié le 20/10/2002