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Francophonie

Beyrouth est fini, vive Ouagadougou

Le IXe sommet de la francophonie a terminé ses travaux aujourd’hui. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté une déclaration dans laquelle ils prennent, entre autres, position sur le terrorisme, le Moyen-Orient, la Côte d’Ivoire et l’Irak. Sous l’égide du nouveau secrétaire général, Abdou Diouf, la francophonie doit être plus active sur la scène politique internationale et plus «solidaire» en matière de développement pour parvenir à une mondialisation plus «équitable».
De notre envoyée spéciale à Beyrouth

La déclaration de Beyrouth tient ses promesses puisqu’elle prend position, comme cela avait été annoncé, sur les plus importantes questions politiques internationales actuelles. Le Liban, pays organisateur, obtient la satisfaction de voir l’ensemble de la communauté francophone adhérer aux objectifs de l’initiative de paix au Moyen-Orient, adoptée lors du sommet arabe organisé lui aussi à Beyrouth, en mars dernier, qui est «le cadre le plus approprié pour arriver à une solution juste, durable et globale dans la région». Ce plan propose notamment une normalisation des relations avec Israël en échange d’un retrait total de ce pays des territoires arabes occupés depuis 1967, mais aussi des mesures sur les réfugiés palestiniens.

Les Etats francophones font unanimement référence au rôle «primordial» de l’Organisation des nations unies pour défendre «la primauté du droit international». Notamment dans le cadre de la résolution de la crise irakienne. Les francophones appellent aussi «l’Irak à respecter ses engagements». Le passage de la déclaration concernant ce pays a fait l’objet de remaniements à la demande de certains Etats mais figure, au bout de compte, tout de même dans le texte final.

«Prévenir et contrer le fléau du terrorisme»

Les membres de la francophonie s’engagent aussi à coopérer «pour prévenir et contrer le fléau du terrorisme» et annoncent leur intention «d’adhérer dès que possible à toutes les conventions internationales anti-terroristes et à les mettre en œuvre». De la même manière, ils condamnent «la tentative de prise de pouvoir et la remise en cause de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire» et affirment qu’ils vont soutenir les «efforts engagés, en particulier par la CEDEAO, pour favoriser le dialogue» dans ce pays.

Après la paix, la francophonie veut plus de démocratie. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté ont ainsi appuyé sur la nécessité de «relancer le processus de Bamako» et de mener à bien le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés mais aussi d’engager des actions de coopération «s’inspirant des pratiques et des expériences positives de chaque pays». Et le président Chirac a annoncé la mise en place «d’un dispositif d’observation des droits de l’homme».

Ce sommet, le premier en terre arabe que le président libanais Emile Lahoud a qualifié «de tournant historique de la francophonie», a voulu mettre l’accent sur la politisation attendue d’une institution au départ à vocation culturelle. La défense du multilinguisme et de la langue française reste le fondement de l’attachement francophone -elle est encore mentionnée dans la déclaration- mais, dorénavant, elle fait partie d’un message plus global et plus politique que la francophonie veut faire passer. En décidant d’appuyer l’élaboration «d’un cadre réglementaire universel» sur la diversité culturelle, c’est dans ce sens que vont les francophones. Les chefs d’Etat ont d’ailleurs insisté sur leur désir de voir la francophonie «être une vitrine mondiale de la diversité culturelle». La francophonie veut trouver sa place et faire entendre sa voix sur la scène politique internationale. Après Boutros Boutros-Ghali, qui a, selon Jacques Chirac, «mis la francophonie sur les rails», elle attend de son nouveau secrétaire général Abdou Diouf, qu’il l’y aide.

L’une de ses missions sera d’ailleurs de s’assurer de la contribution francophone au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et de «veiller à une réelle synergie entre ce processus qui vise au développement économique et social de l’Afrique, le plan d’action du G8 et les actions de l’Organisation internationale de la francophonie». Sur plan économique, le créneau francophone est, en effet, celui du développement durable et de la solidarité. «La maîtrise de la mondialisation et de ses enjeux nous impose une responsabilité partagée». D’ailleurs, Blaise Campaoré, le président du pays hôte du prochain sommet, le Burkina Faso, a appelé de ses vœux un engagement fort de la communauté francophone en faveur de cet objectif. «Il ne peut y avoir de dialogue, sans échange…sans scolarisation… sans solidarité… Nous attendons les francophones à Ouagadougou… pour expliquer cette nécessité à la communauté internationale». Le rendez-vous est pris.

Ecouter également :

Jacques Chirac
Discours depuis Beyrouth, le 18/10/2002.

Ahmed Maher, ministre égyptien des Affaires étrangères au micro de Pierre Ganz (18/10/2002, 8'10")


Lire également :

Alger-Paris via Beyrouth
Edito International de Richard Labévière

Francophonie : espace hétérogène
Edito économique de Norbert Navarro




par Valérie  Gas

Article publié le 20/10/2002