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Australie

Les Australiens toujours sous le choc

L’Australie n’en finit pas de compter les victimes parmi ses ressortissants dans l’attentat de Kuta Beach sur l’île de Bali. Il semble ne plus faire de doute maintenant que les Australiens constituaient bien l’une des cibles privilégiées de cet attentat terroriste lié aux réseaux d’Al-Qaïda. John Howard, Premier ministre, met en garde les Australiens contre une attaque possible sur le territoire national. Cependant même si le gouvernement confirme son soutien dans la lutte contre le terrorisme aux côtés des Américains, la nature et l’ampleur de l’intervention australienne en Irak semble remis en cause.
De notre correspondante à Melbourne

Le nombre de victimes australiennes dans l’attentat sur l’île indonésienne de Bali s’élève désormais à 14 morts, 113 blessés et près de 220 disparus. Par ailleurs plus de 3000 australiens sous le choc ont déjà quitté l’île en prenant les vols supplémentaires mis en place par Qantas et Garuda. L’Australie a proposé son aide au gouvernement indonésien pour trouver les responsables de cette attaque. Elle a déjà envoyé des experts pour tenter d’identifier les corps méconnaissables à partir de tests ADN et elle s’est engagée à mettre à disposition des conteneurs réfrigérés afin de pouvoir conserver les corps le temps de leur identification. «Je crains que le 12 octobre soit pour les Australiens la journée la plus noire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale» a déclaré le leader de l’opposition, Simon Crean. John Howard, Premier ministre, a annoncé une journée nationale du souvenir, dimanche prochain.

«Le 12 octobre 2002, restera dans l’histoire comme un jour où le mal a frappé avec une indescriptible sauvagerie», a déclaré John Howard devant le Parlement. Il a aussi annoncé le renfort des mesures intérieures de lutte contre le terrorisme. «Il est inévitable avec ce qui vient d’arriver à Bali ce week-end, d’envisager une possible attaque terroriste sur notre propre sol.» Le Premier ministre australien a fait part de son inquiétude sur le fait que cet attentat soit en relation avec les liens étroits que l’Australie entretient avec les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Il a aussi rappelé que «la guerre contre le terrorisme n’était pas une guerre contre l’islam, en appelant les musulmans, les chrétiens et les juifs à condamner l’attaque de Bali».

Un allié de George W. Bush

Depuis le 11 septembre 2001, l’Australie a été un des premiers pays à s’engager aux côtés de George W. Bush dans la lutte contre le terrorisme. Il faut savoir que c’est à cette date que John Howard devait être reçu à la Maison Blanche. L’actualité en a décidé autrement. Une an plus tard lors de leur nouvelle rencontre, Bush a déclaré «qu’il est réconfortant de voir qu’un de nos meilleurs amis était présent le jour de l’attaque et que ce meilleur ami sera aussi présent à la fin de cette guerre». L’Australie apparaît un allié américain au-delà de la guerre contre le terrorisme. John Howard a en effet suivi l’attitude américaine à plusieurs reprises et notamment le protocole de Kyoto, ou encore la ratification du traité sur la Cour internationale de justice. L’Australie fait aussi partie des pays favorables à une intervention en Irak.

Si l’attentat de Bali ne semble pas remettre en cause l’engagement australien en Irak, la nature et l’envergure de celui-ci reste pour le moment en discussion. En effet, cette attaque aux portes du territoire national, constitue un rappel douloureux de la proximité de la menace terroriste pour l’Australie. L’attention est désormais repositionnée sur ses voisins instables et plus particulièrement l’Indonésie et le Timor-Oriental. Même si John Howard reste un fervent supporteur d’une intervention américaine en Irak, le gouvernement australien se pose la question d’un engagement massif dans le Moyen Orient. Il semble désormais tout à fait envisageable que l’attaque à Bali conduise à une participation réduite de l’Australie en Irak.



par Carole  Martin

Article publié le 15/10/2002