Proche-Orient
Dix milliards de dollars, prix de la retenue d’Israël
L’économie israélienne, qui est confrontée à plus de deux années d’Intifada, connaît actuellement une des crises les plus graves de son histoire. Pourtant le président américain, qui a reçu la semaine dernière à la Maison Blanche Ariel Sharon, a affirmé qu’il avait totalement confiance en l’économie israélienne. Et pour cause, la presse israélienne vient de révéler que des discussions sont en cours au sein du cabinet Sharon et que Washington pourrait, sous certaines conditions, débloquer une aide exceptionnelle de 10 milliards de dollars. L’Etat hébreu pourrait ainsi, en contrepartie s’engager à ne pas riposter à une éventuelle attaque irakienne. Il accepterait également d’appuyer les propositions américaines en vue d’un règlement à moyen, voire à long terme, du conflit israélo-palestinien.
En recevant la semaine dernière à la Maison blanche «son proche ami» Ariel Sharon, le président américain avait créé la surprise en affirmant avoir totalement foi en l’économie israélienne, alors que la grave crise qu’elle traverse actuellement n’est pourtant un secret pour personne. «La terreur a affecté notre économie comme elle a affectée celle d’Israël», a déclaré en substance George Bush en soulignant également n’avoir aucun doute quant à «la solidité» de l’économie de l’Etat hébreu. Cette déclaration du président américain prend aujourd’hui toute sa signification avec les révélations de la presse israélienne qui évoque une aide exceptionnelle de 10 milliards de dollars que Washington serait prêt à débloquer pour venir en aide à Israël. Le journal Haaretz évoque en effet mardi l’existence d’une commission interministérielle dirigée par un des proches collaborateurs d’Ariel Sharon Dov Weiglass et spécialement chargée d’étudier les formes que pourraient prendre le soutien américain. Cette commission est notamment composée de représentants des ministères de la Défense, des Affaires étrangères et des fonctionnaires du Trésor.
Même si dans l’entourage du Premier ministre israélien on continue à soutenir que la volonté américaine de venir en aide à l’économie israélienne n’a pas été formulée de façon concrète, la presse israélienne a évoqué plusieurs cas de figure. Washington pourrait ainsi, en plus d’un prêt octroyé par le trésor américain, cautionner l’Etat hébreu auprès des banques américaines afin qu’il obtienne des crédits à faible taux d’intérêt. Les Etats-Unis pourraient en outre s’engager à acheter, à hauteur de deux milliards de dollars, du matériel militaire israélien dans le seul but de doper son secteur de l’armement. Ces différentes mesures, si elles s’appliquent réellement, pourraient à coup sûr relancer l’économie israélienne. En octroyant à Israël la possibilité d’engranger 10 milliards de dollars d’aide, Washington multiplie en effet par trois son soutien financier annuel à l’Etat hébreu. Les autorités israéliennes devaient ainsi recevoir pour l’année 2003 une aide de 2,9 milliards de dollars, dont 2,1 milliards au titre de l’aide militaire.
L’intérêt de Washington
Si Washington s’est déclaré prêt à débloquer 10 milliards de dollars pour venir en aide à l’économie israélienne, ce n’est sans doute pas sans contrepartie. L’administration Bush semble en effet plus que jamais décidée à en découdre avec le régime de Saddam Hussein et entend, en échange de son aide financière, imposer son point de vue à l’Etat hébreu. Soucieux d’obtenir sinon le soutien du moins la neutralité des pays arabes de la région dans le cas d’une éventuelle intervention militaire en Irak, les Etats-Unis pourraient ainsi, malgré les déclarations de George W. Bush sur le droit d’Israël à se défendre, obtenir de leur allié qu’il ne se lance pas dans des opérations de représailles si elles sont contraires aux intérêts stratégiques de Washington.
L’administration américaine pourrait également, toujours en échange de cette aide que certains n’hésitent pas en Israël à qualifier d’astronomique, imposer à l’Etat hébreu des concessions par rapport au conflit qui l’oppose aux Palestiniens. Lors de sa visite à Washington, le Premier ministre israélien Ariel Sharon s’est en effet vu remettre un document de travail qui devrait servir de bases à de futures négociations de paix. Et l’émissaire américain pour le Proche-Orient, William Burns, a entamé la semaine dernière une visite dans la région au cours de laquelle il doit présenter le projet américain qui devrait conduire à la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2005-2006.
Même si dans l’entourage du Premier ministre israélien on continue à soutenir que la volonté américaine de venir en aide à l’économie israélienne n’a pas été formulée de façon concrète, la presse israélienne a évoqué plusieurs cas de figure. Washington pourrait ainsi, en plus d’un prêt octroyé par le trésor américain, cautionner l’Etat hébreu auprès des banques américaines afin qu’il obtienne des crédits à faible taux d’intérêt. Les Etats-Unis pourraient en outre s’engager à acheter, à hauteur de deux milliards de dollars, du matériel militaire israélien dans le seul but de doper son secteur de l’armement. Ces différentes mesures, si elles s’appliquent réellement, pourraient à coup sûr relancer l’économie israélienne. En octroyant à Israël la possibilité d’engranger 10 milliards de dollars d’aide, Washington multiplie en effet par trois son soutien financier annuel à l’Etat hébreu. Les autorités israéliennes devaient ainsi recevoir pour l’année 2003 une aide de 2,9 milliards de dollars, dont 2,1 milliards au titre de l’aide militaire.
L’intérêt de Washington
Si Washington s’est déclaré prêt à débloquer 10 milliards de dollars pour venir en aide à l’économie israélienne, ce n’est sans doute pas sans contrepartie. L’administration Bush semble en effet plus que jamais décidée à en découdre avec le régime de Saddam Hussein et entend, en échange de son aide financière, imposer son point de vue à l’Etat hébreu. Soucieux d’obtenir sinon le soutien du moins la neutralité des pays arabes de la région dans le cas d’une éventuelle intervention militaire en Irak, les Etats-Unis pourraient ainsi, malgré les déclarations de George W. Bush sur le droit d’Israël à se défendre, obtenir de leur allié qu’il ne se lance pas dans des opérations de représailles si elles sont contraires aux intérêts stratégiques de Washington.
L’administration américaine pourrait également, toujours en échange de cette aide que certains n’hésitent pas en Israël à qualifier d’astronomique, imposer à l’Etat hébreu des concessions par rapport au conflit qui l’oppose aux Palestiniens. Lors de sa visite à Washington, le Premier ministre israélien Ariel Sharon s’est en effet vu remettre un document de travail qui devrait servir de bases à de futures négociations de paix. Et l’émissaire américain pour le Proche-Orient, William Burns, a entamé la semaine dernière une visite dans la région au cours de laquelle il doit présenter le projet américain qui devrait conduire à la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2005-2006.
par Mounia Daoudi
Article publié le 22/10/2002