Corée
Les Etats-Unis embarrassés par l’aveu de Pyongyang
Une intense activité diplomatique est en cours pour décoder la signification de l’aveu nord-coréen. Mercredi, un haut responsable américain révélait avoir appris des autorités, lors d’un récent séjour à Pyongyang, que la Corée du Nord poursuivait un programme militaire nucléaire en dépit de ses engagements. Washington, embarrassée, privilégie la diplomatie. Les journaux japonais et sud-coréens se déchaînent.
Il s'est passé près de deux semaines entre le recueil de l'information par le haut fonctionnaire américain, en visite Pyongyang du 3 au 5 octobre, et sa révélation, le 16. C’est plus qu’il n’en faut pour traduire l’embarras suscité par la nouvelle, au moment où l’on pouvait commencer à envisager de la part de la Corée du Nord un respect des règles du jeu international, et notamment qu’elle se conforme à ses engagements de renoncer à ses programmes d’équipement d’armes de destruction massive. Les gestes de bonnes volonté s’étaient succédé au cours de ces derniers mois. Outre les expériences dans le secteur de la libéralisation du système économique, avec l’établissement de zones spéciales dans le nord, à la frontière chinoise, les contentieux avec les voisins étaient sur le déclin. Le mois dernier, la visite «historique» du premier ministre japonais avait permis d’envisager le règlement des différends remontant à la colonisation de la péninsule, lors de la première moitié du siècle dernier : Tokyo avait reconnu les souffrances endurées par le peuple coréen, alors que Pyonyang admettait pour sa part l’enlèvement de citoyens japonais par ses services secrets et acceptait le principe de leur retour chez eux. Parallèlement on pouvait très nettement observer l’amorce d’une détente entre le Nord et le Sud de la péninsule illustrée dernièrement par les travaux de réhabilitation en cours des voies de communication.
Ce faisant, la Corée du Nord a adopté l’attitude la moins diplomatique que l’on peut imaginer. Si mentir (le plus souvent par omission) fait partie de l’exercice, en revanche avouer est un comportement atypique. Et en l’occurrence il laisse perplexe sur sa signification : défi ou appel ? S’agit-il en effet d’un acte d’insoumission caractérisé, de provocation à l’égard de la communauté internationale, signe d’une brusque crispation du régime et d’un retour à plus d’orthodoxie dans la conduite des affaires ? Ou, au contraire, face aux difficultés qui s’amoncellent, s’agit-il d’une volonté de clarifier la donne, de jouer enfin «cartes sur table» et d’abandonner le double langage et le comportement paranoïaque qui avaient jusqu’à récemment caractérisé les relations de la Corée du Nord avec le reste du monde, à l’exclusion peut-être du grand voisin chinois ? Selon un proverbe français : «faute avouée est moitié pardonnée». Appliquée aux relations internationales, un terme a été trouvé : la repentance. C’est une posture dont on peut attendre la rétribution, et notamment qu’elle réintègre le repentant au sein de la communauté des nations, moyennant un délai d’observation plus ou moins long. Et les rapports sur la Corée du Nord montrent de sa situation qu’elle a grand besoin d’aide et que sa situation n’est pas propice aux provocations.
Bagdad-Pyongyang : deux poids, deux mesures
L’aveu de Pyongyang ne bénéficie par du même accueil selon qu’il est reçu par l’opinion publique ou par les autorités. Les commentaires de presse sont impitoyables pour les Nord-Coréens accusés de mentir et de tricher. Les réactions officielles sont paradoxalement plus mesurées, traduisant perplexité et volonté de ne pas s’enfermer trop tôt dans une logique belliqueuse. Certes ce pays appartient à la catégorie dite de «l’axe du mal», avec l’Iran et l’Irak, mais il n’est pas question pour les Américains d’établir une symétrie entre Pyongyang et Bagdad, qui dément détenir des armes de destruction massive. A ce stade, le secrétaire d’Etat Colin Powell admet que Pyongyang possède un petit nombre d’armes nucléaires, mais il n’envisage pas d’action militaire, attendant plutôt des explications et laissant donc entendre que la voie diplomatique est préférée à toute autre. Des hauts responsables Américains sont à Pékin où cette affaire figurera en bonne place dans l’ordre du jour des entretiens qu’ils mèneront ce week-end avec leurs homologues chinois, réputés avoir de l’influence sur la direction nord-coréenne. Washington envoie également des émissaires au Japon et en Corée du Sud. Puis les diplomates américains entreprendront une tournée, en début de semaine, des principales capitales alliées, européennes et russe. La Corée du Sud annonce l’envoi d’une délégation au Nord, alors que ses journaux se déchaînent contre Pyongyang. Le Japon, dont la presse est également très sévère, annonce la poursuite du travail de rapprochement engagé ces derniers mois.
Ce faisant, la Corée du Nord a adopté l’attitude la moins diplomatique que l’on peut imaginer. Si mentir (le plus souvent par omission) fait partie de l’exercice, en revanche avouer est un comportement atypique. Et en l’occurrence il laisse perplexe sur sa signification : défi ou appel ? S’agit-il en effet d’un acte d’insoumission caractérisé, de provocation à l’égard de la communauté internationale, signe d’une brusque crispation du régime et d’un retour à plus d’orthodoxie dans la conduite des affaires ? Ou, au contraire, face aux difficultés qui s’amoncellent, s’agit-il d’une volonté de clarifier la donne, de jouer enfin «cartes sur table» et d’abandonner le double langage et le comportement paranoïaque qui avaient jusqu’à récemment caractérisé les relations de la Corée du Nord avec le reste du monde, à l’exclusion peut-être du grand voisin chinois ? Selon un proverbe français : «faute avouée est moitié pardonnée». Appliquée aux relations internationales, un terme a été trouvé : la repentance. C’est une posture dont on peut attendre la rétribution, et notamment qu’elle réintègre le repentant au sein de la communauté des nations, moyennant un délai d’observation plus ou moins long. Et les rapports sur la Corée du Nord montrent de sa situation qu’elle a grand besoin d’aide et que sa situation n’est pas propice aux provocations.
Bagdad-Pyongyang : deux poids, deux mesures
L’aveu de Pyongyang ne bénéficie par du même accueil selon qu’il est reçu par l’opinion publique ou par les autorités. Les commentaires de presse sont impitoyables pour les Nord-Coréens accusés de mentir et de tricher. Les réactions officielles sont paradoxalement plus mesurées, traduisant perplexité et volonté de ne pas s’enfermer trop tôt dans une logique belliqueuse. Certes ce pays appartient à la catégorie dite de «l’axe du mal», avec l’Iran et l’Irak, mais il n’est pas question pour les Américains d’établir une symétrie entre Pyongyang et Bagdad, qui dément détenir des armes de destruction massive. A ce stade, le secrétaire d’Etat Colin Powell admet que Pyongyang possède un petit nombre d’armes nucléaires, mais il n’envisage pas d’action militaire, attendant plutôt des explications et laissant donc entendre que la voie diplomatique est préférée à toute autre. Des hauts responsables Américains sont à Pékin où cette affaire figurera en bonne place dans l’ordre du jour des entretiens qu’ils mèneront ce week-end avec leurs homologues chinois, réputés avoir de l’influence sur la direction nord-coréenne. Washington envoie également des émissaires au Japon et en Corée du Sud. Puis les diplomates américains entreprendront une tournée, en début de semaine, des principales capitales alliées, européennes et russe. La Corée du Sud annonce l’envoi d’une délégation au Nord, alors que ses journaux se déchaînent contre Pyongyang. Le Japon, dont la presse est également très sévère, annonce la poursuite du travail de rapprochement engagé ces derniers mois.
par Georges Abou
Article publié le 18/10/2002