Côte d''Ivoire
Rebelles et gouvernement face à face à Lomé
Tout est prêt, à Lomé, pour le démarrage ce mercredi 30 octobre de la première rencontre entre les rebelles qui ont attaqué Abidjan, Bouaké et Korhogo le 19 septembre dernier et les représentants du pouvoir en place en Côte d’Ivoire qui ne contrôle plus le nord du pays. La composition des deux délégations arrivées dans la capitale togolaise a d’ores et déjà réservé quelques surprises de taille.
Du côté des rebelles, la présence du colonel Michel Gueu, commandant en second de la ville de Bouaké lors du déclenchement des hostilités, explique mieux la chute rapide de la deuxième ville ivoirienne, suite à l’assassinat de son principal responsable militaire, Dagrou Loula. Originaire de l’ouest du pays, comme le général Gueï, le colonel Gueu avait dirigé la Garde Républicaine aussitôt après le putsch de Noël 1999 ; auparavant il avait été membre du service de sécurité de l’opposant ivoirien Alassane Ouattara, notamment lorsque celui-ci était premier ministre (1990-92), avant de l’accompagner dans la disgrâce son ami Robert Gueï. C’est le président Laurent Gbagbo qui l’avait nommé à la tête de la troisième région militaire, basée à Bouaké, vraisemblablement pour l’éloigner quelque de la capitale économique du pays, en raison de sa proximité avec les deux principaux opposants, à savoir Ouattara et Gueï. Depuis l’assassinat de celui-ci par les forces loyalistes le 19 septembre dernier, le colonel Gueu avait disparu de la scène sans donner de signe de vie. Ainsi d’ailleurs que deux généraux aussi importants que Palenfo et Coulibaly.
Mais la délégation des rebelles comprend également les deux principaux porte-parole des mutins, l’adjudant Tuho Fozié et le sergent Chérif Ousmane, tous deux proches du colonel IB (Ibrahima Coulibaly) qui demeure toujours à Ouagadougou, ainsi que le représentant de l’«aile politique», l’ancien leader étudiant Guillaume Soro, aujourd’hui secrétaire général du MPCI, le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire créé après le 19 septembre.
Une longue partie de cache-cache
La délégation gouvernementale est quant à elle dirigée par une figure importante, mais quelque peu marginale actuellement, de l’houphouëtisme : Laurent Dona Fologo, un ancien cacique du PDCI qui préside le Conseil économique et social ivoirien. Il est entouré de représentants de l’armée, de la gendarmerie et de la société civile, ainsi que de nombreux ministres qui représentent tous les partis politiques, à savoir : non seulement le FPI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Henri Konan Bédié, mais aussi le RDR d’Alassane Ouattara et l’UDPI de feu Robert Gueï. Alors que ces derniers sont soupçonnés, dans les milieux officiels abidjanais, d’être impliqués dans la rébellion en cours. Autant dire que la rencontre qui démarre ce mercredi à Lomé risque de ressembler à une partie de cache-cache, en attendant d’affronter les vraies questions qui demeurent en suspens.
Pour l’heure, force est de constater que les rebelles ont marqué des points : ils ont obtenu une négociation sur un pied d’égalité avec le gouvernement, mais aussi qu’elle se tienne en dehors de la Côte d’Ivoire et singulièrement chez Gnassingbé Eyadéma, qui n’a jamais su cacher ses penchants anti-ivoiriens depuis l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo.
Celui-ci a pour sa part fixé un cadre très précis à la négociation. Insistant sur les résolutions du sommet extraordinaire de la Cedeao d’Accra (Ghana), le 29 septembre dernier, le président Gbagbo a réaffirmé «la nécessité du désarmement des assaillants et le rétablissement de l’autorité du gouvernement sur toute l’étendue du territoire». Avant d’ajouter : «si cela est obtenu, nous sommes ouverts à la discussion, à toutes les discussions».
En se présentant avec une délégation de seize personnes dirigée par un «nordiste» (Dona Fologo) et comprenant tous les partis représentés au parlement, le gouvernement, qui ne contrôle que le sud du pays, peut jouer la carte de l’unité nationale, de la sécurité pour tous et de la légitimité électorale, en demandant le désarmement préalable des rebelles.
Ceux-ci, alors qu’ils contrôlent le nord du pays, ont préféré ne pas se doter d’une tête de liste «nordiste», en choisissant le colonel Gueu. Sans doute pour faire oublier que l’essentiel de la rébellion vient du Nord. Selon un document diffusé sur leur site internet, ils devraient réclamer des élections «dans les six mois à venir» comme condition pour déposer les armes. Ce qui signifie que le bras de fer ne fait que commencer.
Mais la délégation des rebelles comprend également les deux principaux porte-parole des mutins, l’adjudant Tuho Fozié et le sergent Chérif Ousmane, tous deux proches du colonel IB (Ibrahima Coulibaly) qui demeure toujours à Ouagadougou, ainsi que le représentant de l’«aile politique», l’ancien leader étudiant Guillaume Soro, aujourd’hui secrétaire général du MPCI, le Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire créé après le 19 septembre.
Une longue partie de cache-cache
La délégation gouvernementale est quant à elle dirigée par une figure importante, mais quelque peu marginale actuellement, de l’houphouëtisme : Laurent Dona Fologo, un ancien cacique du PDCI qui préside le Conseil économique et social ivoirien. Il est entouré de représentants de l’armée, de la gendarmerie et de la société civile, ainsi que de nombreux ministres qui représentent tous les partis politiques, à savoir : non seulement le FPI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Henri Konan Bédié, mais aussi le RDR d’Alassane Ouattara et l’UDPI de feu Robert Gueï. Alors que ces derniers sont soupçonnés, dans les milieux officiels abidjanais, d’être impliqués dans la rébellion en cours. Autant dire que la rencontre qui démarre ce mercredi à Lomé risque de ressembler à une partie de cache-cache, en attendant d’affronter les vraies questions qui demeurent en suspens.
Pour l’heure, force est de constater que les rebelles ont marqué des points : ils ont obtenu une négociation sur un pied d’égalité avec le gouvernement, mais aussi qu’elle se tienne en dehors de la Côte d’Ivoire et singulièrement chez Gnassingbé Eyadéma, qui n’a jamais su cacher ses penchants anti-ivoiriens depuis l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo.
Celui-ci a pour sa part fixé un cadre très précis à la négociation. Insistant sur les résolutions du sommet extraordinaire de la Cedeao d’Accra (Ghana), le 29 septembre dernier, le président Gbagbo a réaffirmé «la nécessité du désarmement des assaillants et le rétablissement de l’autorité du gouvernement sur toute l’étendue du territoire». Avant d’ajouter : «si cela est obtenu, nous sommes ouverts à la discussion, à toutes les discussions».
En se présentant avec une délégation de seize personnes dirigée par un «nordiste» (Dona Fologo) et comprenant tous les partis représentés au parlement, le gouvernement, qui ne contrôle que le sud du pays, peut jouer la carte de l’unité nationale, de la sécurité pour tous et de la légitimité électorale, en demandant le désarmement préalable des rebelles.
Ceux-ci, alors qu’ils contrôlent le nord du pays, ont préféré ne pas se doter d’une tête de liste «nordiste», en choisissant le colonel Gueu. Sans doute pour faire oublier que l’essentiel de la rébellion vient du Nord. Selon un document diffusé sur leur site internet, ils devraient réclamer des élections «dans les six mois à venir» comme condition pour déposer les armes. Ce qui signifie que le bras de fer ne fait que commencer.
par Elio Comarin
Article publié le 29/10/2002