Politique française
La gauche contre le projet de loi Sarkozy
Trente-quatre partis, associations et syndicats de gauche ont lancé, le 21 octobre, un appel unitaire contre le projet de loi sur la sécurité intérieure qui sera examiné et défendu, le 23 octobre, en conseil des ministres par Nicolas Sarkozy. Ils dénoncent un texte qui s'apparente, selon eux, à «une guerre contre les pauvres».
Hasard ou coïncidence ? Au moment où ses détracteurs s’apprêtaient à monter au créneau contre son texte via un appel commun, Nicolas Sarkozy, bien informé, n’ignorant rien de cette action, les a pris de cours en contre-attaquant. Ainsi, à Evreux où il présidait le premier conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance, le ministre de l’Intérieur s’est félicité que son projet reçoive l’approbation de la «France des oubliés», avant de préciser qu’il visait «en première priorité (…) ceux qui ont le travail le plus pénible, ceux qui ont la durée de trajet la plus longue, ceux qui habitent dans des appartements les moins confortables». «Ceux-là, il faudrait que de surcroît ils aient peur ?», a lancé, indigné, le locataire de la place Beauvau.
«Le gouvernement a décidé d’entrer en guerre contre les pauvres. Le projet du ministère de l’Intérieur, s’il était adopté, pourrait conduire à un Etat autoritaire et à réprimer tous ceux qui ont le malheur d’être rejetés au bord de la route», dénoncent les signataires. A l’origine de cet appel unitaire, le Syndicat de la magistrature, la Ligue des droits de l’homme et le Syndicat des avocats de France, rejoints par les Verts, le Parti communiste français, la Ligue communiste révolutionnaire et le Parti socialiste qui a réussi à surmonter ses divisions pour dénoncer le projet de Nicolas Sarkozy. La philosophie de ce texte se résume dans une phrase: «Ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre, c’est la pauvreté», ont estimé les trente-quatre partis, associations et syndicats de gauche.
La droite fulmine
Le projet de loi sur la sécurité intérieure contre lequel les signataires s’élèvent vise à créer de nouveaux délits dans le domaine de la prostitution, des armes, du racolage, de la mendicité et prévoit des mesures comme le renforcement de la législation sur les squats ou les occupations abusives de terrains par les gens du voyage. En outre, il renforce les pouvoirs des policiers et des gendarmes en favorisant notamment leur accès aux fichiers ou en développant les fouilles. «Nous savons qu’aujourd’hui le gouvernement détient tous les pouvoirs, mais il n’a pas reçu mandat de faire de l’inégalité et de l’arbitraire des règles de la République. Nous appelons tous les citoyens à le dire à leurs députés et à le manifester publiquement», poursuit le texte des trente-quatre.
Lorsqu’ils ont pris connaissance de cet appel, le sang des dirigeants de la droite n’a fait qu’un tour. Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement a dénoncé le «procès indigne» fait par la gauche en précisant que ces critiques relevaient «de la caricature». De leur côté, plusieurs députés UMP ont fustigé cette initiative comme Christian Estrosi, rapporteur de ce projet de loi à l’Assemblée nationale, qui a estimé que «la gauche n’a toujours rien compris aux attentes des Français». Eric Raoult, vice-président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de la Ville et de l’Intégration d’Alain Juppé, a affirmé que «depuis son échec électoral, la gauche d’en haut a oublié la France d’en bas, elle n’a plus les pieds sur terre» avant de proposer aux signataires de «venir une semaine en Seine-Saint-Denis en quittant la rue de Solférino (ndrl: le siège du PS) afin de comprendre que les mesures présentées par Nicolas Sarkozy répondent à une situation d’insécurité dont les pauvres sont les premières victimes».
Depuis son installation au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a multiplié les interventions et les annonces sur ce sujet brûlant, qui a été l’un des thèmes centraux de la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Même si le ministre s’est attiré la bienveillance et le soutien des puissants syndicats de police, il doit aujourd’hui faire face à la gauche.
Ce mardi, à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur, s'est empressé de pointer du doigt les contradictions des responsables de la gauche en ironisant sur le décallage entre leurs déclarations «nationales» et les attitudes «locales» des élus de l'opposition.
A écouter :
Le texte de Sarkozy
Présentation du projet de loi de Nicolas Sarkozy par Isabelle Chenu, journaliste à RFI. Elle est l'Invitée de la rédaction (23/10/2002)
«Le gouvernement a décidé d’entrer en guerre contre les pauvres. Le projet du ministère de l’Intérieur, s’il était adopté, pourrait conduire à un Etat autoritaire et à réprimer tous ceux qui ont le malheur d’être rejetés au bord de la route», dénoncent les signataires. A l’origine de cet appel unitaire, le Syndicat de la magistrature, la Ligue des droits de l’homme et le Syndicat des avocats de France, rejoints par les Verts, le Parti communiste français, la Ligue communiste révolutionnaire et le Parti socialiste qui a réussi à surmonter ses divisions pour dénoncer le projet de Nicolas Sarkozy. La philosophie de ce texte se résume dans une phrase: «Ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre, c’est la pauvreté», ont estimé les trente-quatre partis, associations et syndicats de gauche.
La droite fulmine
Le projet de loi sur la sécurité intérieure contre lequel les signataires s’élèvent vise à créer de nouveaux délits dans le domaine de la prostitution, des armes, du racolage, de la mendicité et prévoit des mesures comme le renforcement de la législation sur les squats ou les occupations abusives de terrains par les gens du voyage. En outre, il renforce les pouvoirs des policiers et des gendarmes en favorisant notamment leur accès aux fichiers ou en développant les fouilles. «Nous savons qu’aujourd’hui le gouvernement détient tous les pouvoirs, mais il n’a pas reçu mandat de faire de l’inégalité et de l’arbitraire des règles de la République. Nous appelons tous les citoyens à le dire à leurs députés et à le manifester publiquement», poursuit le texte des trente-quatre.
Lorsqu’ils ont pris connaissance de cet appel, le sang des dirigeants de la droite n’a fait qu’un tour. Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement a dénoncé le «procès indigne» fait par la gauche en précisant que ces critiques relevaient «de la caricature». De leur côté, plusieurs députés UMP ont fustigé cette initiative comme Christian Estrosi, rapporteur de ce projet de loi à l’Assemblée nationale, qui a estimé que «la gauche n’a toujours rien compris aux attentes des Français». Eric Raoult, vice-président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de la Ville et de l’Intégration d’Alain Juppé, a affirmé que «depuis son échec électoral, la gauche d’en haut a oublié la France d’en bas, elle n’a plus les pieds sur terre» avant de proposer aux signataires de «venir une semaine en Seine-Saint-Denis en quittant la rue de Solférino (ndrl: le siège du PS) afin de comprendre que les mesures présentées par Nicolas Sarkozy répondent à une situation d’insécurité dont les pauvres sont les premières victimes».
Depuis son installation au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a multiplié les interventions et les annonces sur ce sujet brûlant, qui a été l’un des thèmes centraux de la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Même si le ministre s’est attiré la bienveillance et le soutien des puissants syndicats de police, il doit aujourd’hui faire face à la gauche.
Ce mardi, à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur, s'est empressé de pointer du doigt les contradictions des responsables de la gauche en ironisant sur le décallage entre leurs déclarations «nationales» et les attitudes «locales» des élus de l'opposition.
A écouter :
Le texte de Sarkozy
Présentation du projet de loi de Nicolas Sarkozy par Isabelle Chenu, journaliste à RFI. Elle est l'Invitée de la rédaction (23/10/2002)
par Clarisse Vernhes
Article publié le 22/10/2002