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Côte d''Ivoire

Début des négociations inter-ivoiriennes

Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne la tentative de coup d’Etat en Côte d’Ivoire et se félicite des efforts entrepris par la France pour empêcher la poursuite des combats dans le pays. Parallèlement les négociations en vue de ramener la paix et de permettre le retour à la vie normale en Côte d'Ivoire ont débuté jeudi 31 octobre 2002 à Lomé sous les auspices du président togolais, Gnassingbé Eyadéma, coordonnateur du Groupe de Contact de la CEDEAO.
Les négociations directes entre la délégation des mutins ivoiriens et celle du gouvernement ont effectivement débuté jeudi 31 octobre 2002 à Lomé sous l'égide du chef de l'Etat togolais, Gnassingbé Eyadéma, dans sa résidence privée au nord de la capitale. Cette première journée n'a servi en fait qu'à consolider le cessez-feu signé en Côte d'Ivoire. Dans un communiqué sanctionnant les travaux de la journée, les deux délégations «ont engagé leurs mandants à s'abstenir de tout acte belliqueux tels que les exactions, les exécutions extra-judiciaires, le recrutement et l'usage de mercenaires, l'enrôlement d'enfants ainsi que les violations de l'Accord de cessation des hostilités». Il a fallu près de huit heures de négociations-marathon pour jeter les bases des discussions qui vont se poursuivre ce vendredi 1er novembre à Lomé. A la tête des mutins, Guillaume Kigbafori Sorro, 29 ans, secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), branche politique de la rébellion. Face à lui, Laurent Dona Fologo, 63 ans, président du Conseil économique et social de Côte d'Ivoire, à la tête d'une forte délégation gouvernementale de 16 membres composée des principaux partis politiques, de députés et de membres de la société civile. C'est en fait l'image d'une jeunesse sereine contre la sagesse d’un vieux routier de la politique ivoirienne.

Le rebelle et le ministre

Guillaume Kigbafori Sorro est né le 8 mai 1973 à Aferké, dans le nord de la Côte d'Ivoire. Licencié en anglais en 1998 à l'Université d'Abidjan, Sorro marquera d'une forte empreinte la Fédération des étudiants et élèves de Côte d'Ivoire (FECI) dont il a été le président pendant trois ans, de 1995 à 1998. D'une petite taille comblée par un embonpoint, il a été l'une des bêtes noires du gouvernement Henri Konan Bédié. Guillaume Sorro a, selon ses propres dires, séjourné cinq fois en prison (détenu souvent entre 1 à 3 mois) pour ses engagements pour la cause des étudiants. Après sa licence, il continue en 1998 ses études à l’Institut anglophone de Paris VII, puis en Sciences-politique à Paris VIII. Aîné d’une famille de 5 garçons, sa conversion du syndicalisme estudiantin à la politique va s'opérer très rapidement. Revenu en Côte d’Ivoire, il prend la tête du mouvement des jeunes républicains (proche du RDR) d’Alassane Ouattara. Sympathique et serein, il affectionne un style vestimentaire très simple. Ses activités politiques vont le contraindre à s’exiler en 2000 en Europe, avant de réapparaître début octobre dernier à la tête de la rébellion où il occupe le poste de secrétaire général du Mouvement patriotique de la Côte d’Ivoire (MPCI).

En face, à la tête de la délégation gouvernementale : Laurent Dona Fologo, né le 12 décembre 1939 à Péguékaha (département de Korogho). Journaliste de formation (Ecole de journalisme de Lille), il est du groupe Sénoufo, marié et père de 3 enfants. En 1964, il a été rédacteur en chef du quotidien national Fraternité Matin, avant d’en prendre la direction générale jusqu’en 1974. Puis il est nommé ministre de la Jeunesse et des sports, poste qu’il occupe pendant 10 ans. En 1985, il est de nouveau nommé ministre, à l’Information, la culture et la jeunesse et les sports, ce qui lui a valu le surnom de Super ministre. Il quitte le gouvernement en 1989 pour y revenir en 1993 comme ministre d’Etat chargé de l’Intégration, puis en 1996 comme ministre d’Etat chargé de la Solidarité nationale. Haut responsable du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Laurent Dona Fologo y fut successivement membre du Bureau politique en 1970, membre du Comité exécutif de 1980 à 1990, avant d’être élu à deux reprises secrétaire général de ce parti. Après le coup d’Etat de décembre 1999 du défunt général Robert Guéi, il fut incarcéré et libéré en 2000 pour reprendre la tête du PDCI comme secrétaire général et président par intérim à la suite d’un Congrès extraordinaire du parti. Depuis décembre 2001, Laurent Dona Fologo est élu à la tête du Conseil économique et social. Très souriant et décontracté, en boubou traditionnel ou costume, M. Fologo, considéré selon certaines confidences de «Père du sursaut national», pourra faire jouer sa sagesse et peser de son poids sur les négociations de Lomé. «Je ne partirai pas à Abidjan sans la paix», avait-il déclaré mercredi à Lomé, estimant que les négociations se présentent bien.



par Guy  Mario

Article publié le 01/11/2002