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Immigration

Un «Sangatte bis» à Calais ?

Depuis le 5 novembre, avec dix jours d’avance sur la date fixée par les ministres français et britannique de l’Intérieur, le camp de réfugiés de la Croix-Rouge de Sangatte, dans le Nord de la France, n’accepte plus de nouveaux arrivants. Le 7 novembre, une cinquantaine de clandestins ont ainsi investi une salle de sports, à Calais.
Le jeudi 7 novembre au soir, une cinquantaine de réfugiés refoulés à l’entrée du centre de la Croix-Rouge de Sangatte ont occupé une salle de sports pour y passer la nuit. «Il n’était pas envisageable de laisser des dizaines de personnes dehors, à la rue, dans le froid et sous la pluie. Nous espérons que cette situation ne va pas durer mais cela ne dépend pas de nous», a déclaré Francis Geft, porte-parole du «Collectif de résistance», qui regroupe notamment Amnesty International, Attac-Calaisis, la Cimade, le Gisti et des élus Verts.

«Nous n’avons décidé d’occuper un lieu public pour reloger ces gens, transis de froid et déboussolés, qui n’ont même plus la ressource de pouvoir passer la nuit au centre de la Croix-Rouge», s’est offusqué, de son côté, Joël Loeuilleux, représentant de la Ligue des droits de l’homme et membre du collectif. Le maire de la ville de Calais, arrivé sur les lieux peu de temps après l’occupation du gymnase, a annoncé qu’il avait pris acte de cette occupation mais qu’il ne demanderait pas son évacuation par les forces publiques.

Indemnisation pour les candidats volontaires au retour

Cette situation fait suite à une décision intervenue ce mardi de fermer les portes du centre de Sangatte quinze jours avant la date prévue -le 15 novembre-, alors que des dizaines d’étrangers continuent d’affluer sur le littoral, espérant pouvoir passer en Grande-Bretagne. La fermeture définitive restant programmée pour la fin du mois d’avril 2003. Le centre de la Croix-Rouge compte aujourd’hui environ 1 800 personnes, en majorité Irakiens et Afghans, candidats à l’immigration outre Manche. La décision de cette fermeture anticipée a été prise en concertation entre la France, la Grande-Bretagne, le Haut commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR) et la Croix-Rouge.

Depuis le 5 novembre, donc, près de mille policiers et CRS patrouillent dans la région pour éviter un autre regroupement. Désormais, toutes les personnes munies d’un badge -avec photo, nom, prénom, âge et nationalité- peuvent entrer au centre de Sangatte et en sortir librement, pendant que leur situation individuelle est examinée par les services concernés. En effet, depuis la fin septembre, le HCR procède au recensement de tous les réfugiés hébergés au centre de la Croix-Rouge. «Il s’agit pour nous de les écouter, de voir ce qu’ils veulent, de mettre en place un dispositif d’information des populations désireuses de rentrer chez elles ainsi qu’un système d’accompagnement au retour», a expliqué Corinne Perthuis, porte-parole du HCR. Une dizaine de premiers réfugiés afghans, candidats au plan d’aide au retour volontaire, sont déjà rentrés à Kaboul et ont reçu une compensation financière de 2 000 euros.

Pour les migrants dont l’accès à Sangatte est refusé, le préfet de la région Nord-Pas-de-Calais a annoncé la mise en œuvre d’un dispositif en deux volets: fermeté et humanitaire. S’agissant de la fermeté, six escadrons de gendarmes mobiles ont été déployés depuis le 5 novembre. Les personnes non-vulnérables et non-reconductibles immédiatement qui seront interpellées, après la vérification de leur identité et le relevé de leurs empreintes, feront l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière dans les 48 heures. Concernant le volet humanitaire, les personnes dites vulnérables, femmes et enfants notamment, seront diriger vers des centres existants comme les foyers Sonacotra ou des hôtels.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 08/11/2002