Congo démocratique
La guerre du Congo : acte II
Le retrait des troupes étrangères de la République démocratique du Congo n’a pas mis fin au conflit congolais comme escompté. Tout juste la guerre régionale est-elle devenue une guerre civile, avec les bras armés des parrains d’hier.
Selon l’accord de Lusaka et les analyses de la communauté internationale, le règlement du conflit congolais passe d’abord par le retrait de toutes les troupes étrangères de la République démocratique du Congo. Cette logique a conduit les autorités de Kinshasa à signer des accords bilatéraux avec l’Ouganda et le Rwanda, les principaux soutiens de la rébellion contre le pouvoir central. Au 31 octobre 2002 toutes les troupes étrangères, ennemies ou alliées des uns et des autres auraient dû avoir quitté le territoire congolais. Mais une semaine après cette date limite, la MONUC (Mission d’observation des Nations unies en RDC) a rendu public le décompte des troupes rapatriées dans leur pays d’origine. Le Zimbabwe aurait retiré plus de 4 800 hommes, le Burundi 700, l’Ouganda plus de 2 200, le Rwanda presque 21 000. Par ailleurs, le gouvernement congolais a annoncé le retrait total des troupes angolaises sans que l’information puisse être vérifiée par la MONUC.
Depuis l’annonce effective du retrait des troupes étrangères, surtout dans l’est de la RDC, les mouvements ont reconsidéré leur stratégie d’occupation du terrain pour peser d’un nouveau poids dans les négociations sur le partage du pouvoir. L’intérêt national n’a pas prévalu sur les ambitions très locales des différentes milices qui se partagent le pays. La commission mixte chargée de la pacification de l’Ituri, région sous l’emprise des guerres entre milices rebelles à la frontière du Rwanda, n’a toujours pas vu le jour. Le Rwanda, l’Ouganda et la RDC qui ont signé cet accord début septembre ne peuvent le mettre en application, parce qu’ils se trouvent directement ou indirectement mêlés aux conflits d’intérêts des groupes ethniques ou des milices présentes sur le terrain. Les Maï-Maï, alliés de Kinshasa, en dénonçant le faux départ des Rwandais et des Ougandais, occupent militairement certaines grandes villes comme Uvira, ou encore Bukavu, mais affrontent une milice politico-militaire, l’Union des patriotes du Congo (UPC) qui agirait sous l’instigation de l’Ouganda.
Après la guerre, le désordre
Le Rwanda, pour sa part, n’est pas resté inactif, prétextant des raisons de sécurité pour revenir au Congo. Lors de la signature des accords de retrait, le gouvernement rwandais avait déjà menacé d’intervenir à nouveau s’il jugeait sa sécurité menacée. Selon certaines organisations humanitaires, au moins 5000 soldats rwandais patrouillent régulièrement en territoire congolais et apportent un soutien considérable aux forces du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie). Les cadres de ce mouvement, RCD-Goma, disposeraient toujours de véhicules rwandais et bénéficieraient toujours d’une assistance militaire avérée de l’Armée patriotique rwandaise. Au Kivu le départ des troupes rwandaises ne correspondrait en réalité qu’à une atténuation des activités militaires en première ligne. Dans ces régions de l’est du Congo, riches en minerais divers, la présence des Rwandais reste d’autant plus effective, qu’ils se sont mués en Banyamuylenge, Tutsis congolais, pour être plus discrets. Cette apparente discrétion a attisé les appétits du RCD-ML (Mouvement de libération), du RCD-N (National) et du MLC (Mouvement de libération du Congo). Il est à noter que le départ des soldats du Zimbabwe a aussi accru les rivalités entre les troupes du RCD (soutenues par le Rwanda) et les FAC (Forces armées congolaises).
Ces quelques exemples partiels montrent paradoxalement que le départ annoncé, effectif ou non, des troupes étrangères a provoqué une insécurité généralisée dans tout l’est de la RCD. Selon les organisation non gouvernementales, Réseau européen Congo, Conférence chrétienne pour l’Afrique centrale, cette situation est la conséquence des hésitations de la communauté internationale qui n’a pas assigné à la MONUC une mission d’interposition et de sécurisation réelle des populations. Ces ONG déplorent le manque de personnel de la MONUC : 4 180 hommes seulement, alors que l’Otan a déployé 40 000 hommes au Kosovo, plus que l’ONU dans toute l’Afrique. Ces organisations restent très sceptiques sur l’application réelle de la DDRRR (Démilitarisation-démobolisation-rapatriement-réintégration-réinsertion), volet essentiel de la MONUC, qui ne semble pas franchir le stade des ambitions à très très long terme.
Depuis l’annonce effective du retrait des troupes étrangères, surtout dans l’est de la RDC, les mouvements ont reconsidéré leur stratégie d’occupation du terrain pour peser d’un nouveau poids dans les négociations sur le partage du pouvoir. L’intérêt national n’a pas prévalu sur les ambitions très locales des différentes milices qui se partagent le pays. La commission mixte chargée de la pacification de l’Ituri, région sous l’emprise des guerres entre milices rebelles à la frontière du Rwanda, n’a toujours pas vu le jour. Le Rwanda, l’Ouganda et la RDC qui ont signé cet accord début septembre ne peuvent le mettre en application, parce qu’ils se trouvent directement ou indirectement mêlés aux conflits d’intérêts des groupes ethniques ou des milices présentes sur le terrain. Les Maï-Maï, alliés de Kinshasa, en dénonçant le faux départ des Rwandais et des Ougandais, occupent militairement certaines grandes villes comme Uvira, ou encore Bukavu, mais affrontent une milice politico-militaire, l’Union des patriotes du Congo (UPC) qui agirait sous l’instigation de l’Ouganda.
Après la guerre, le désordre
Le Rwanda, pour sa part, n’est pas resté inactif, prétextant des raisons de sécurité pour revenir au Congo. Lors de la signature des accords de retrait, le gouvernement rwandais avait déjà menacé d’intervenir à nouveau s’il jugeait sa sécurité menacée. Selon certaines organisations humanitaires, au moins 5000 soldats rwandais patrouillent régulièrement en territoire congolais et apportent un soutien considérable aux forces du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie). Les cadres de ce mouvement, RCD-Goma, disposeraient toujours de véhicules rwandais et bénéficieraient toujours d’une assistance militaire avérée de l’Armée patriotique rwandaise. Au Kivu le départ des troupes rwandaises ne correspondrait en réalité qu’à une atténuation des activités militaires en première ligne. Dans ces régions de l’est du Congo, riches en minerais divers, la présence des Rwandais reste d’autant plus effective, qu’ils se sont mués en Banyamuylenge, Tutsis congolais, pour être plus discrets. Cette apparente discrétion a attisé les appétits du RCD-ML (Mouvement de libération), du RCD-N (National) et du MLC (Mouvement de libération du Congo). Il est à noter que le départ des soldats du Zimbabwe a aussi accru les rivalités entre les troupes du RCD (soutenues par le Rwanda) et les FAC (Forces armées congolaises).
Ces quelques exemples partiels montrent paradoxalement que le départ annoncé, effectif ou non, des troupes étrangères a provoqué une insécurité généralisée dans tout l’est de la RCD. Selon les organisation non gouvernementales, Réseau européen Congo, Conférence chrétienne pour l’Afrique centrale, cette situation est la conséquence des hésitations de la communauté internationale qui n’a pas assigné à la MONUC une mission d’interposition et de sécurisation réelle des populations. Ces ONG déplorent le manque de personnel de la MONUC : 4 180 hommes seulement, alors que l’Otan a déployé 40 000 hommes au Kosovo, plus que l’ONU dans toute l’Afrique. Ces organisations restent très sceptiques sur l’application réelle de la DDRRR (Démilitarisation-démobolisation-rapatriement-réintégration-réinsertion), volet essentiel de la MONUC, qui ne semble pas franchir le stade des ambitions à très très long terme.
par Didier Samson
Article publié le 08/11/2002