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Tunisie

Attentat de Djerba : la famille du kamikaze en garde à vue

La police française a interpellé huit personnes dans le cadre de l’enquête sur l’attentat contre la synagogue de Djerba en Tunisie, perpétré au mois d’avril 2002 et revendiqué, le 23 juin, par le porte-parole d’Al-Qaïda, Souleiman Abou Ghaïth, dans une déclaration à la chaîne de télévision du Qatar, Al-Jazira. Il s’agit de membres de la famille et de proches de Nizar Nawar, le terroriste qui conduisait le camion piégé dont l’explosion a tué 19 personnes. Tous ont été placés en garde à vue.
Les interpellations ont eu lieu dans la banlieue de Lyon, à Saint-Priest et Vénissieux. Elles ont été menées par les policiers de la DST (Direction de la surveillance du territoire), avec l’aide de ceux du GIPN (Groupement d’intervention de la police nationale) de Lyon. Les forces de l’ordre agissaient sur commission rogatoire du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, en charge de l’information judiciaire contre X pour «assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprises terroriste», ouverte à la suite de la plainte déposée par le fils de l’une des deux victimes françaises de l’attentat contre la synagogue de la Ghriba, à Djerba.

Huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Parmi elles, figurent le frère, la mère, le père et le beau-frère de Nizar Nawar, l’homme dont le corps calciné a été retrouvé dans la camion citerne qui a explosé devant la synagogue et qui est donc soupçonné d’être l’auteur de cet attentat revendiqué, le 16 avril, par «l’Armée islamique pour la libération des lieux saints». Puis dans un deuxième temps, le 23 juin, par l’organisation terroriste d’Oussama Ben Laden. «Cette opération a été menée par un jeune d’Al-Qaïda, qui n’a pas supporté de voir ses frères en Palestine se faire tuer, alors que les juifs se promènent, s’amusent et accomplissent librement leurs rites en Tunisie», avait déclaré Abou Ghaïth. La synagogue de la Ghriba est, en effet, un lieu de pèlerinage très fréquenté.

La garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures

Depuis l’ouverture de l’instruction judiciaire, le 30 avril, les enquêteurs surveillent les membres de la famille et de l’entourage de Nizar Nawar, installés en France, et tentent de recouper les informations pour déterminer leur éventuelle implication dans la préparation de l’attaque terroriste contre la synagogue de Djerba. Après l’identification du chauffeur du camion citerne, son frère, Walid (22 ans) qui réside en France mais se trouve en situation irrégulière, avait pourtant fait des déclarations dans lesquelles il refusait d’admettre la participation de Nizar Nawar dans l’attentat. «On n’arrive pas à croire que c’est lui, qu’il arrive à faire ça… On a été gravement surpris».

Ce même frère fait aujourd’hui partie des personnes placées en garde à vue. Les enquêteurs ont même révélé que c’est lui qui a acheté le téléphone satellitaire dont s’est servi Nizar Nawar le 11 avril 2002, jour de l’attentat, et qui l’a fait acheminé jusqu’en Tunisie. Cet appareil a permis au terroriste d’appeler un membre d’une cellule islamiste implantée dans la région de Duisbourg, en Allemagne, lui-même sur écoute. En Tunisie, Belgacem Nawar, l’oncle du conducteur du camion citerne avec lequel il travaillait, a aussi été arrêté dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de Djerba.

Pour le moment, les documents saisis durant les perquisitions menées à la suite des interpellations des proches de Nawar vivant en France, qui pourraient être «en relation directe» avec l’attentat, sont en cours d’examen. Quant aux personnes interpellées, leurs gardes à vue peuvent être prolongées jusqu’à 96 heures puisqu’il s’agit d’une affaire liée au terrorisme. Après ce délai, elles seront soit relâchées, soit présentées au juge en charge de l’instruction.

Ces interpellations ont été réalisées dans une région où l’existence de réseaux islamistes a déjà été mise en évidence à plusieurs reprises. Notamment avec l’affaire Khaled Kelkal, l’homme soupçonné d’être responsable d’une tentative d’attentat contre le TGV Lyon-Paris, en 1995. Mais aussi avec l’arrestation de deux jeunes originaires de Vénissieux parmi les combattants talibans en Afghanistan, lors de l’intervention militaire américaine dans ce pays.



par Valérie  Gas

Article publié le 06/11/2002