Immigration
Comment gérer l’après-Sangatte
Refoulés du centre de Sangatte, qui n’accueille plus personne depuis quelques jours, une centaine de clandestins se sont regroupés dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Calais, ouverte par le maire de la ville pour les accueillir. Même si le flux des exilés a diminué récemment, la décision annoncée de fermer Sangatte, n’a pas stoppé les arrivées. Face au risque de déplacer le problème de l’accueil de ces réfugiés prêts à tout pour rejoindre l’Angleterre, sans le résoudre véritablement, les élus locaux ont demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités et de trouver des solutions pour tous les migrants présents à Calais. Le préfet a fait des propositions pour assurer leur prise en charge. Mais mardi, une centaine d’entre eux refusait toujours de quitter l’Eglise et demandait à aller à Sangatte. Face à cette demande, Nicolas Sarkozy a maintenu son refus mais a précisé qu’il y avait «des places dans des centres d’accueil» et que «nul n’était condamné à errer dans les rues».
«Qu’est-ce qui s’est passé hier et avant-hier ? Les petites associations manipulées, en mal de publicité, ont voulu se faire de la publicité sur le dos de malheureux qui méritent mieux que cela.» Ce qui est dit n’est plus à dire et Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Intérieur a ainsi voulu répondre aux attaques de quelques associations regroupées dans le «Collectif de résistance» de Calais, sur la décision de refouler désormais les réfugiés qui se présentent au centre de Sangatte, dont la fermeture est programmée pour le début de l’année 2003, et dans lequel l’accueil a été interrompu le 5 novembre. Pour le ministre de l’Intérieur, «il faut envoyer un signal au monde entier pour dire que ce n’est plus la peine de venir dans ce hangar du bout du monde parce qu’il n’y a pas d’avenir».
Une centaine de réfugiés qui s’étaient présentés à Sangatte et ont été refoulés, sont en effet regroupés dans une église de Calais. La maire communiste de la ville, Jacky Hénin, a pris samedi la décision de leur ouvrir ce lieu de culte, actuellement inoccupé, pour leur éviter d’errer dans les rues après leur expulsion d’une salle de sport qu’ils avaient d’abord investi, grâce à l’aide d’un collectif d’associations. Jacky Hénin a condamné l’occupation sauvage de salles municipales mais a estimé qu’il fallait néanmoins «faire quelque chose». Au-delà de l’aspect logistique de cet accueil provisoire, les élus de la région ont aussi fait appel au gouvernement pour qu’il prenne «ses responsabilités après la fermeture anticipée du centre [Sangatte]» et trouve des solutions. Le maire de Calais mais aussi Michel Delebarre, le député-maire de Dunkerque, Michèle Demessine, la sénatrice du Nord, Jack Lang, le député de la circonscription du Pas-de-Calais, et plusieurs autres élus régionaux, devaient d’ailleurs être reçus mardi matin par Nicolas Sarkozy pour aborder le problème de la gestion à long terme des flux de migrants.
Demander le droit d’asile en France
Dimanche, le préfet a proposé aux réfugiés, pour la plupart d’origine irakienne, d’être acheminés vers des centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) et des centres d’hébergement d’urgence, situés à l’extérieur du département. Des bus ont été mis à leur disposition dès hier. Une trentaine d’immigrés ont accepté la proposition du gouvernement et se sont rendus dans un centre dans lequel ils auront un délai de cinq jours pour faire une demande d’asile. Les autres, une centaine, ont préféré rester sur place en attendant l’arrivée d’interprètes, lundi matin, qui devaient leur expliquer clairement les solutions qui s’offrent à eux. Depuis l’arrêt de l’accueil à Sangatte, les immigrés en situation irrégulière interpellés sont sous le coup d’arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière (APRF). Mais certains d’entre eux, comme les kurdes irakiens, ne sont pas reconductibles.
Quelques associations du Collectif ont accusé le gouvernement de vouloir disséminer les réfugiés dans toute la France pour les priver de leur aide. «C’est une mesure clairement faite pour disperser les gens et annoncer que le problème est réglé à Calais. Ce sera plus difficile pour les bénévoles pour les aider à exercer leurs droits,» a déclaré la vice-présidente du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés).
Le gouvernement estime, de son côté, que les solutions proposées sont acceptables et préservent les intérêts des réfugiés en leur permettant de trouver un hébergement. Et surtout, en leur offrant une possibilité de ne plus être soumis à l’influence des passeurs qui les incitent à rester à Calais dans l’unique espoir de profiter de leur situation précaire et de leur désir de passer coûte que coûte en Angleterre. Un pays dans lequel les exilés espèrent, en effet, profiter d’une législation plus attrayante. C’est donc notamment pour les informer sur les modifications apportées à la loi anglaise sur l’immigration, qui la rendent moins attractive, que des représentants de la préfecture et de la Ligue des droits de l’homme ont encore essayé, lundi matin, d’expliquer aux réfugiés la réalité de la situation et de les convaincre de demander l’asile en France.
«Notre pays respecte le droit d’asile. Dès lors, l’occupation sauvage de tel ou tel lieu est inutile et relève de la manipulation», a aussi expliqué Cyrille Schott, le préfet du Pas-de-Calais. Pire, l’attitude de certaines associations qui s’obstinent à vouloir maintenir les immigrés à Calais profite aux mafieux et, selon Jean-François Copé, le porte-parole du gouvernement, «offre indirectement une rente pour les filières d’immigration clandestine».
Le maire de la ville a, quant à lui, salué les efforts de l’Etat sur le plan humanitaire et annoncé qu’il laissait aux réfugiés jusqu’à lundi, à 15h00, pour quitter les lieux «avant de demander leur expulsion». Malgré cet ultimatum, ces derniers ont refusé de partir et ont remis une pétition pour demander à être hébergés dans le centre de Sangatte en attendant de passer en Angleterre. Quelques-uns auraient même entamé une grève de la faim. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues à l’heure prévue et les négociations se poursuivaient mardi pour essayer de trouver un compromis en vue d'amener les réfugiés à sortir volontairement de l’Eglise. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs affirmé que la police n’interviendrait pour évacuer les lieux que si les autorités ecclésiastiques en faisaient la demande. Un cordon de CRS a, tout de même, été placé autour du bâtiment pour empêcher de nouvelles arrivées. Les conditions de subsistance des migrants à l’intérieur deviennent, par contre, de plus en plus précaires. Et les associations estiment qu’il va être difficile pour eux «de tenir très longtemps». A la suite de la rencontre des élus régionaux avec le ministre de l’Intérieur, mardi matin, Jacky Hénin a annoncé que, compte-tenu des conditions sanitaires, les occupants de Saint-Pierre-Saint-Paul avaient «24 heures» pour quitter les lieux. Passé ce délai, l’Etat s’est engagé à «assumer ses responsabilités».
Ecouter également :
Stevens Bones, représentant du comité de soutien aux réfugiés du Pas-de-Calais au micro de Pierre Ganz (12/11/2002, 8'15")
Une centaine de réfugiés qui s’étaient présentés à Sangatte et ont été refoulés, sont en effet regroupés dans une église de Calais. La maire communiste de la ville, Jacky Hénin, a pris samedi la décision de leur ouvrir ce lieu de culte, actuellement inoccupé, pour leur éviter d’errer dans les rues après leur expulsion d’une salle de sport qu’ils avaient d’abord investi, grâce à l’aide d’un collectif d’associations. Jacky Hénin a condamné l’occupation sauvage de salles municipales mais a estimé qu’il fallait néanmoins «faire quelque chose». Au-delà de l’aspect logistique de cet accueil provisoire, les élus de la région ont aussi fait appel au gouvernement pour qu’il prenne «ses responsabilités après la fermeture anticipée du centre [Sangatte]» et trouve des solutions. Le maire de Calais mais aussi Michel Delebarre, le député-maire de Dunkerque, Michèle Demessine, la sénatrice du Nord, Jack Lang, le député de la circonscription du Pas-de-Calais, et plusieurs autres élus régionaux, devaient d’ailleurs être reçus mardi matin par Nicolas Sarkozy pour aborder le problème de la gestion à long terme des flux de migrants.
Demander le droit d’asile en France
Dimanche, le préfet a proposé aux réfugiés, pour la plupart d’origine irakienne, d’être acheminés vers des centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) et des centres d’hébergement d’urgence, situés à l’extérieur du département. Des bus ont été mis à leur disposition dès hier. Une trentaine d’immigrés ont accepté la proposition du gouvernement et se sont rendus dans un centre dans lequel ils auront un délai de cinq jours pour faire une demande d’asile. Les autres, une centaine, ont préféré rester sur place en attendant l’arrivée d’interprètes, lundi matin, qui devaient leur expliquer clairement les solutions qui s’offrent à eux. Depuis l’arrêt de l’accueil à Sangatte, les immigrés en situation irrégulière interpellés sont sous le coup d’arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière (APRF). Mais certains d’entre eux, comme les kurdes irakiens, ne sont pas reconductibles.
Quelques associations du Collectif ont accusé le gouvernement de vouloir disséminer les réfugiés dans toute la France pour les priver de leur aide. «C’est une mesure clairement faite pour disperser les gens et annoncer que le problème est réglé à Calais. Ce sera plus difficile pour les bénévoles pour les aider à exercer leurs droits,» a déclaré la vice-présidente du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés).
Le gouvernement estime, de son côté, que les solutions proposées sont acceptables et préservent les intérêts des réfugiés en leur permettant de trouver un hébergement. Et surtout, en leur offrant une possibilité de ne plus être soumis à l’influence des passeurs qui les incitent à rester à Calais dans l’unique espoir de profiter de leur situation précaire et de leur désir de passer coûte que coûte en Angleterre. Un pays dans lequel les exilés espèrent, en effet, profiter d’une législation plus attrayante. C’est donc notamment pour les informer sur les modifications apportées à la loi anglaise sur l’immigration, qui la rendent moins attractive, que des représentants de la préfecture et de la Ligue des droits de l’homme ont encore essayé, lundi matin, d’expliquer aux réfugiés la réalité de la situation et de les convaincre de demander l’asile en France.
«Notre pays respecte le droit d’asile. Dès lors, l’occupation sauvage de tel ou tel lieu est inutile et relève de la manipulation», a aussi expliqué Cyrille Schott, le préfet du Pas-de-Calais. Pire, l’attitude de certaines associations qui s’obstinent à vouloir maintenir les immigrés à Calais profite aux mafieux et, selon Jean-François Copé, le porte-parole du gouvernement, «offre indirectement une rente pour les filières d’immigration clandestine».
Le maire de la ville a, quant à lui, salué les efforts de l’Etat sur le plan humanitaire et annoncé qu’il laissait aux réfugiés jusqu’à lundi, à 15h00, pour quitter les lieux «avant de demander leur expulsion». Malgré cet ultimatum, ces derniers ont refusé de partir et ont remis une pétition pour demander à être hébergés dans le centre de Sangatte en attendant de passer en Angleterre. Quelques-uns auraient même entamé une grève de la faim. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues à l’heure prévue et les négociations se poursuivaient mardi pour essayer de trouver un compromis en vue d'amener les réfugiés à sortir volontairement de l’Eglise. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs affirmé que la police n’interviendrait pour évacuer les lieux que si les autorités ecclésiastiques en faisaient la demande. Un cordon de CRS a, tout de même, été placé autour du bâtiment pour empêcher de nouvelles arrivées. Les conditions de subsistance des migrants à l’intérieur deviennent, par contre, de plus en plus précaires. Et les associations estiment qu’il va être difficile pour eux «de tenir très longtemps». A la suite de la rencontre des élus régionaux avec le ministre de l’Intérieur, mardi matin, Jacky Hénin a annoncé que, compte-tenu des conditions sanitaires, les occupants de Saint-Pierre-Saint-Paul avaient «24 heures» pour quitter les lieux. Passé ce délai, l’Etat s’est engagé à «assumer ses responsabilités».
Ecouter également :
Stevens Bones, représentant du comité de soutien aux réfugiés du Pas-de-Calais au micro de Pierre Ganz (12/11/2002, 8'15")
par Valérie Gas
Article publié le 11/11/2002